Harcèlement, violence, usurpation d'identité et sionisme: qui est le hacker franco-israélien Ulcan ?
Le procès de Grégory Chelli s'ouvre à Paris, en son absence. Mais qui est ce militant aux modes opérationnels bien rodés, qui nargue la justice française depuis Israël où il est installé depuis le début des années 2010 ?
Plus connu sous le nom d'«Ulcan», le hacker franco-israélien Grégory Chelli, âgé de 39 ans, est jugé ce 4 mars au tribunal correctionnel de Paris pour de multiples délits relevant d'un harcèlement violent aux conséquences potentiellement gravissimes. En attendant, l'accusé nargue la justice française depuis Israël (aucun accord d'extradition n'existant entre les deux pays), où il a élu domicile depuis près d'une décennie.
«Appels malveillants, dénonciation de faits imaginaires, dénonciation calomnieuse, menace de commettre un délit, usurpation d'identité, violences» : citées par Le Parisien, les qualifications juridiques s'accumulent à l'encontre d'un militant aux modes opératoires bien rodés, allant du piratage de serveurs informatiques au détournement malveillant de lignes téléphoniques le tout avec un recours immuable à l'usurpation d'identité.
Un militant sioniste affirmé
Condamné à plusieurs reprises en France pour des faits de violence et pour le saccage d'une librairie, dans le cadre d'actions menées au sein de la Ligue de défense juive (LDJ), Grégory Chelli s'est véritablement forgé une renommée pour sa cyber-activité via laquelle il a continué de servir (à sa manière) la cause sioniste qu'il revendique.
Le fondateur du site de chat en ligne «ViolVocal» est notamment à l'origine d'une campagne de cyber-militantisme et de harcèlement, visant des médias français, organisations et personnes perçues par le hacker comme ennemis d'Israël.
Plusieurs sites internet jugés favorables à la cause palestinienne ont ainsi été ciblés comme ceux de plusieurs sections locales du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), celui de la Confédération générale du travail (CGT)-Paris ou encore le site d'Info Palestine, tous cités dans un article du Monde remontant au mois d'août 2014.
Des méfaits aux lourdes conséquences
Au-delà des attaques informatiques susmentionnées, Gregory Chelli a lancé, à la même époque, une offensive contre le pure player Rue89 et certains de ses journalistes. Il a alors réussi à provoquer l'intervention de forces de l'ordre au domicile de ses victimes, n'hésitant par ailleurs pas à s'en prendre à la famille d'un des journalistes de Rue89 : Benoît Le Corre, auteur de l'article «Ulcan, le hacker sioniste qui fait tomber les sites pro-Palestiniens». Le soir-même de la publication de l'article, le père de Benoît, Thierry, était victime d'un «canular» téléphonique, durant lequel Grégory Chelli lui annonçait la mort de son fils. Le hacker déclenchait par la suite un assaut du GIGN au domicile de Thierry Le Corre après avoir appelé la police en se faisant passer pour lui et affirmant qu'il avait tué sa femme et son fils.
Quelques jours plus tard, le père de Benoît Le Corre, souffrant d'hypertension, faisait un infarctus entraînant un coma dont il ne s'est jamais relevé. «Le stress a été un facteur déclenchant direct et certain, révélant son état antérieur», expliquait L'Obs en 2016, citant un rapport d'expertise médicale sur l'affaire, faisant «le lien entre Ulcan et la mort de Thierry Le Corre».
Je n'ai pas l'impression de défendre un criminel de guerre
Interrogé par Le Parisien sur les multiples griefs de son client, l'avocat Gilles-William Goldnadel relativise pour sa part les méfaits d'Ulcan. «Il s'agit certes de canulars de très, très mauvais goût, mais je n'ai pas l'impression de défendre un criminel de guerre», a déclaré l'homme de loi, assurant que le dossier de Grégory Chelli était «vide».
En février 2019, le parquet de Paris avait demandé un procès aux assises contre le hacker franco-israélien pour, entre autres, «violences volontaires avec préméditation ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Patron de Rue89 au moment des faits et lui aussi victime d'un «canular» d'Ulcan, Pierre Haski sera notamment assis sur le banc des parties civiles.