La désobéissance civile des restaurateurs prend-elle forme ?
Depuis début janvier, un restaurateur du Doubs appelle les autres propriétaires d'établissement à rouvrir le 1er février malgré l'obligation de fermeture. Certains sont séduits par l'idée, en dépit du risque pénal.
Stéphane Turillon peste toujours. Depuis début janvier, ce restaurateur du Doubs conteste les fermetures des restaurants et bars, au nom des restrictions sanitaires liées au Covid-19. Il a lancé un appel pour convaincre les professionnels du secteur à rouvrir dans un mouvement de masse, le 1er février. «Si vous nous laissez pas travailler, c'est la mort assurée», affirmait-il ainsi dans une vidéo devenue virale sur Facebook. Si d'après le site L'hôtellerie restauration, il a été depuis convoqué par la préfecture du Doubs, il maintient sa volonté de se rebeller le 1er février contre les décisions gouvernementales.
Fermés depuis le 29 octobre 2020, les bars et restaurants n'ont en effet aucune vision quant à leur réouverture. Selon les informations du Point du 20 janvier, les établissements devraient d'ailleurs rester fermés jusqu'à avril.
Reste que les prises de parole de Stéphane Turillon, nombreuses dans les médias, font des émules au sein de la profession. D'après Le Parisien, plusieurs prévoient de servir leurs clients le lundi 1er février, à l'instar du gérant du Pescador dans le Vaucluse. Celui-ci indique d'ailleurs qu'il sera complet ce jour-là, avec une jauge réduite à 75 couverts.
Et il n'est pas esseulé : sur BFM Lyon, Philippe Vieira, gérant de l'Espace Zola 229 à Villeurbanne (Rhône), a également fait savoir qu'il s'engageait à ouvrir un service pour le midi, le 1er février.
A Béziers (Hérault), un restaurateur veut faire de même et l'a annoncé publiquement sur Facebook le 27 janvier. Selon Midi Libre, depuis cette date, le patron du restaurant La Corde à Linges a reçu de nombreux messages de soutiens mais aussi des menaces. La police lui a également rendu visite, le prévenant des risques s'il venait à déroger aux règles, «une fermeture administrative et une garde à vue». Il a confié ne plus savoir si le jeu en valait la chandelle tout en s'inquiétant pour le paiement de son loyer si son activité ne reprenait pas.
Les restaurateurs prendront-ils le risque ? Le 27 janvier, le patron du Poppies, un Niçois de 50 ans, a été placé en garde à vue au commissariat après avoir ouvert exceptionnellement pour une centaine de couverts malgré l'interdiction liée au Covid. Sur le plan judiciaire, aucune charge ne devait être retenue contre lui mais «une instruction administrative visant à une fermeture du restaurant est [...] en cours», selon la préfecture le 28 janvier.
En tout état de cause, un groupe public sur Facebook, intitulé «Mon restaurant ouvre le 1er février», regroupe près de 23 000 membres. En réalité, il s'agit majoritairement de futurs clients, visiblement pressés de retrouver du plaisir à table et ce en dépit d'éventuelles poursuites pénales.
Côté gouvernemental, le Premier ministre Jean Castex a averti dans un point presse le 29 janvier que les forces de l'ordre seraient mobilisées «pour contrôler le non-respect du couvre-feu, fêtes clandestines et les ouvertures illégales de restaurateurs», avec un renforcement de ces contrôles.