Attentats de janvier 2015 : des peines allant de quatre ans de prison à la perpétuité

- Avec AFP

Attentats de janvier 2015 : des peines allant de quatre ans de prison à la perpétuité© Marie WILLIAMS Source: AFP
La cour d'assises spéciale de Paris livre son verdict le 16 décembre, dans le procès de 14 soutiens présumés des auteurs des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher (image d'illustration).
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La cour d'assises spéciale de Paris a livré son verdict dans le procès de 14 soutiens présumés des auteurs des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher. Le principal accusé a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle.

Près de six ans après l'onde de choc des attentats de janvier 2015, la cour d'assises spéciale de Paris a prononcé ce 16 décembre des peines de quatre ans de prison à la perpétuité contre quatorze personnes reconnues coupables d'avoir assisté les auteurs des attaques contre Charlie Hebdo, une policière de Montrouge et l'Hyper Cacher.

Mohamed Belhoucine, présumé mort en Syrie et qui était jugé par défaut, a été condamné à la plus lourde peine, soit la perpétuité. Le principal accusé présent, Ali Riza Polat, a lui été déclaré coupable de «complicité» des crimes terroristes commis par les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amédy Coulibaly. Il a écopé d'une peine de 30 ans de réclusion criminelle mais va faire appel de sa condamnation, selon son avocate citée par l'AFP. Les cinq magistrats professionnels, qui ont assorti cette peine d'une période de sûreté des deux tiers, n'ont pas suivi les réquisitions du parquet national antiterroriste, qui avait réclamé la perpétuité à l'encontre d'Ali Riza Polat.

La compagne en fuite d'Amédy Coulibaly, Hayat Boumeddiene, jugée par défaut lors du procès, a également été condamnée à 30 ans de réclusion criminelle. Cette peine est conforme aux réquisitions du parquet national antiterroriste, qui avait souligné le «rôle important» dans la préparation des attentats de la jeune femme, partie en Syrie quelques jours avant les attaques.

Ce verdict, rendu au terme de cinquante-quatre jours d'audience aussi intenses que chaotiques, a été accueilli en silence par les nombreuses parties civiles qui s'étaient pressées dans la salle, proches et familles des 17 personnes tuées par les frères Kouachi et Amédy Coulibaly.

Les condamnés, encadrés de nombreux policiers dans leurs box vitrés, ont eux écouté le verdict sans manifester de réaction. Dès le début de la longue lecture du délibéré, le président Régis de Jorna avait écarté la qualification de crime terroriste pour six des onze accusés présents, ainsi que l'avait demandé leur défense en dénonçant un dossier vide de preuves.

Moins que les réquisitions

La plupart des peines prononcés par la cour sont inférieures à celles requises par l'accusation, qui avait présenté les accusés comme «la cheville ouvrière» des auteurs des attaques et demandé des condamnations «à la hauteur de l'extrême gravité des faits».

Dans leurs plaidoiries, les avocats des accusés avaient eux exhorté la cour à ne pas chercher «coûte que coûte» des coupables pour pallier l'absence des frères Saïd et Chérif Kouachi et d'Amédy Coulibaly, abattus par les forces de sécurité le 9 janvier 2015 après avoir semé la terreur en France.

De nombreuses parties civiles ont garni les bancs de la salle d'audience pour la lecture de ce verdict historique. Parmi elles, des proches des victimes des attaques, l'ex-otage de l'Hyper Cacher Lassana Bathily, des survivants du massacre à Charlie Hebdo, son directeur de la rédaction Riss, Sigolène Vinson et Simon Fieschi.

Justice «exemplaire, pas sanguinaire»

Dans leurs derniers mots le 14 décembre, avant que la cour ne se retire pour délibérer après 54 jours de débats, ces hommes âgés de 29 à 68 ans, tous déjà condamnés pour des délits mais jamais pour des faits liés au terrorisme, ont à nouveau affirmé n'avoir «rien à voir» avec les attentats.

Un message appuyé par leurs avocats durant leurs plaidoiries. Face à l'onde de choc et au traumamatisme des attaques des 7, 8 et 9 janvier 2015, la réponse doit être celle d'une «justice exemplaire, pas sanguinaire», avait prôné Maître Zoé Royaux.

Durant les trois mois d'audience, marqués par les témoignages puissants des survivants et des proches des victimes, la cour a tenté de reconstituer le puzzle de l'enquête ayant conduit les accusés devant les assises, essentiellement sur la base de relevés téléphoniques et de quelques traces ADN.

Mais les débats n'ont pas permis de lever toutes les zones d'ombre, du circuit des armes aux commanditaires. 

Les enquêteurs ont identifié deux «filières» d'approvisionnement pour les armes retrouvées en possession d'Amédy Coulibaly: l'une lilloise et l'autre belgo-ardennaise. Mais rien n'a été établi concernant les armes de guerre utilisées par les frères Kouachi. Et la façon dont l'arsenal a transité puis atterri entre les mains des terroristes reste peu claire. 

Quelque 200 personnes se sont constituées parties civiles au procès, premier en matière de terrorisme à être intégralement filmé. Initialement prévu pour s'achever le 10 novembre, il a été suspendu plus d'un mois après que le principal accusé, Ali Riza Polat, a été testé positif au Covid-19 puis victime de complications médicales.

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