Orléans : en opération de «non-contrôles d'identités», les policiers invitent Macron sur le terrain
Policiers en colère ! Les déclarations d'Emmanuel Macron à propos des policiers nationaux ne passent définitivement pas et les actions se multiplient sur tout le territoire de la part des fonctionnaires. Les Orléanais l'invitent sur le terrain.
Selon les informations de France Bleu, le 14 décembre 2020, les policiers nationaux d'Orléans ont organisé leur deuxième opération de «non-contrôles d'identités» en seulement quelques jours. Les fonctionnaires zélés entendent ainsi dénoncer les propos d'Emmanuel Macron sur le média Brut au sujet des supposés contrôles au faciès.
Installés sur le rond-point très fréquenté de la zone d'activité Pôle 45 à Ormes, les policiers ont alors provoqué un blocage routier conséquent que n'auraient peut-être pas renié les Gilets jaunes de la première heure deux années plus tôt.
Le message des policiers était cependant tout autre, selon France Bleu : «Bonjour, Monsieur, ceci est un non-contrôle d'identité, pour vous montrer que la police n'est ni violente, ni raciste.»
Il était ensuite remis un prospectus à la personne contrôlée pour expliquer l'action, avec un récépissé fantaisiste de «non-contrôle d'identité, ni violent, ni raciste».
Le récépissé de contrôle était une mesure voulue par les socialistes à l'époque de la présidence de François Hollande. Elle avait été enterrée en 2016 et après d'âpres négociations, elle avait finalement débouché sur le port du numéro RIO... qui fait lui-même régulièrement débat.
Les syndicats de police très remontés contre Macron : «Il nous crache dessus. C'est intolérable.»
Pour cette action symbolique, les policiers étaient accompagnés de représentants syndicaux des deux grandes familles du moment : Unité-SGP-FO et Alliance. Cité par le média public, Fabien Arvaron, délégué départemental Alliance, a déploré : «On est le dernier rempart de la démocratie et lui, il nous crache dessus. C'est intolérable.»
Le délégué Force Ouvrière du Loiret, Patrick Lavainne, a pour sa part proposé : «Moi, je l'invite à venir patrouiller avec nous sur le terrain et il comprendra aussi nos difficultés au quotidien.»
Ce même jour, des actions similaires étaient organisées à Besançon (Doubs). A cette occasion, le syndicat France Police a fait savoir dans un communiqué : «Emmanuel Macron explique qu'une personne d'origine immigrée est "beaucoup plus contrôlée et identifiée comme étant facteur de risque", avant d'ajouter que c'est "insoutenable". Ce qui est insoutenable pour nous, c'est bien le fait d'être stigmatisés comme violents, racistes et contrôlant au faciès. Non, la police [...] ne choisit pas sa délinquance.»
Rassemblement à #Besancon (25) en signe de protestation aux propos stigmatisants d’Emmanuel Macron. pic.twitter.com/gbKQMBEvZU
— Antoine Villedieu (@villedieu_a) December 14, 2020
Le même jour à Paris, mais plus tard dans la soirée et sans allusion claire au syndicalisme, cette fois, des policiers se sont réunis place de l'Etoile pour entonner La Marseillaise et accorder quelques interviews anonymes, le reporter de RT France, Charles Baudry était sur place :
🔴Nouvelle mobilisation à #Paris (sur les Champs-Elysées / Arc de Triomphe) des #policiers en colère, suite aux propos d’Emmanuel Macron lors de son interview sur BRUT.#Police#PoliciersEnColère#FDOpic.twitter.com/GFa1MnxL8i
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) December 14, 2020
Par ailleurs, les syndicats de police Alliance et l'Unsa-Police ont fait savoir par communiqué ce 15 décembre qu'ils n'entendaient pas participer au «Beauvau de la sécurité» voulu par Emmanuel Macron tout en préférant renvoyer le président aux discussions du 15 octobre 2020 à l'Elysée. Le secrétaire général d'Alliance, Fabien Vanhemelryck a fait savoir à cet égard : «Un énième séminaire sans mesure concrète au préalable serait jugé indécent.»
Du côté de l'Unsa-Police, une organisation syndicale traditionnellement plus modérée, le tract tempête : «Non M. le président ! [...] Le 15 octobre vous nous receviez en apportant votre soutien aux forces de l'ordre. Nous vous avons sollicité concernant [...] le floutage des visages des forces de l'ordre, la gratuité des transports [...]. Nous constatons qu'aucun de ces dossiers n'a avancé.»
A Grenoble (Isère), la colère policière a pris une nouvelle tournure le 13 décembre avec l'annonce de 130 demandes de ruptures conventionnelles de policiers dans la même ville et même 180 pour tout le département.
Après les difficultés qu'a rencontrées Beauvau quand Christophe Castaner occupait encore le fauteuil de Georges Clemenceau, Emmanuel Macron a-t-il déclenché une colère policière encore plus conséquente en ajoutant la vexation autour de l'affaire Zecler au manque d'écoute que déploraient déjà les syndicats du secteur au mois de juin ? Le chef de l'Etat participera-t-il à une patrouille avec les policiers orléanais ? A suivre...
Antoine Boitel