Liberté de la presse ? Un journaliste molesté par la police lors de l'évacuation de migrants
Alors qu'il couvrait l'évacuation par les forces de l'ordre d'un campement de migrants place de la République à Paris, le journaliste de Brut Rémy Buisine a été molesté par un policier à trois reprises pendant la soirée.
Le métier de journaliste de terrain deviendrait-il risqué en France ? Habitué à couvrir les manifestations, Rémy Buisine, reporter pour le média Brut, a eu toutes les peines du monde à pouvoir exercer son activité le 23 nombre 2020. Venu couvrir l'évacuation par les forces de l'ordre d'un campement de migrants place de la République à Paris, il a été pris à partie par un policier, à trois reprises, selon lui, pendant la soirée.
Sur des images filmées par des journalistes de RT France et Sputnik, on le voit notamment être molesté alors qu'il est à terre.
🔴Le journaliste @RemyBuisine est violemment pris à parti par les forces de l’ordre. Les autres journalistes sont rapidement repoussés. #Paris#migrants#refugeespic.twitter.com/xDMUW8m81P
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) November 23, 2020
Le journaliste @RemyBuisine violemment pris à parti par la police lors de la manifestation sauvage des #Migrants pour demander un hébergement pic.twitter.com/zvNl0wmXt5
— Xenia__Sputnik (@XseniaSputnik) November 23, 2020
Quelques instants plus tard, alors que les forces de l'ordre l'ont laissé repartir, le journaliste commente : «J'en ai marre, putain. On veut juste bosser correctement. C'est la troisième fois qu'il nous frappe depuis tout à l'heure. Vous nous poussez où, dans les gaz lacrymogènes ? On veut juste travailler, merde !»
«Jamais deux sans trois», glisse un policier en guise de réponse, alors qu'un de ses collègues reproche au reporter de ne pas être identifié. «Et vous, vous êtes identifié ? Il est où le RIO [référentiel des identités et de l'organisation] ?», rétorque Rémy Buisine.
Juste après être frappé à terre sous nos yeux, @RemyBuisine dit au policier «c'est la 3ème fois», le policier lui répond «jamais 2 sans 3». La liberté de la presse en 🇨🇵. Juste après journalistes et @ericcoquerel, élu de la nation, nassés au pied de l'Hôtel de Ville. #Republiquepic.twitter.com/k4Zgg77hMj
— Pierre Joigneaux (@pierr_joigneaux) November 23, 2020
Le média Brut a fait savoir son intention de demander des «explications» au préfet de police ainsi qu'au ministère de l'Intérieur quant au traitement de son journaliste.
Deux enquêtes à Paris visent des policiers pour «violences»
De son côté, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a déclaré avoir demandé à l'IGPN de remettre ses conclusions sous 48h sur les violences intervenues dans la soirée du 23 novembre.
Le rapport du Préfet de police sur l’évacuation du campement illicite place de la République m’a été remis ce matin.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) November 24, 2020
Celui-ci m’a proposé la saisine de l’IGPN sur plusieurs faits inacceptables. J’ai demandé à l’IGPN de remettre ses conclusions sous 48h et les rendrai publiques.
Le parquet de Paris a annoncé ce 24 novembre avoir ouvert deux enquêtes relatives à des faits de «violences» dont sont soupçonnés des policiers sur un migrant et donc sur le journaliste Rémy Buisine. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été chargée d'enquêter sur ces faits.
Des images de violences lors du démantèlement par les forces de l'ordre ont été relayées sur les réseaux sociaux. On y a notamment vu des migrants sortis de leur tente par la force et des coups de matraque infligés.
Cette évacuation controversée intervient alors que les députés s'apprêtent dans l'après-midi à voter le texte Sécurité globale dont une disposition prévoyant des sanctions en cas de diffusion d'images de policiers les mettant en danger est vivement critiquée par la presse et l'opposition de gauche, notamment, mais également au sein même de la majorité présidentielle.