«Collusion possible au sein de l'Etat» : Montebourg dénonce le rachat de Suez par Veolia

«Collusion possible au sein de l'Etat» : Montebourg dénonce le rachat de Suez par Veolia© Christian Hartmann Source: Reuters
Pour Arnaud Montebourg, le rachat de Suez par Veolia, c'est offrir aux Chinois «des opportunités de prises de guerre en France» (image d'illustration).
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Arnaud Montebourg fustige le projet de rachat de Suez par Veolia dans une lettre adressée à Jean Castex. Pour l'ancien ministre, l'«affaire ressemble à une distribution oligarchique d’avantages dans un cercle restreint d’amis privilégiés du pouvoir».

L'éphémère ministre de l'Economie et du redressement productif (2012-2014) Arnaud Montebourg est vent debout contre le projet de rachat de Suez par Veolia, deux acteurs majeurs de la distribution d’eau potable et du traitement des déchets en France. Si le chef du gouvernement Jean Castex défend l'opération, estimant qu'elle «fait sens», l'ancien député de Saône-et-Loire s'y oppose fermement. Il dénonce l'opération dans une lettre au Premier ministre, qu'il a rendue publique sur les réseaux sociaux, le 2 octobre 2020. 

L'ancien ministre socialiste y qualifie le projet de «fusion forcée». Veolia souhaite acquérir près de 30% des actions de Suez détenues par Engie (dont le principal actionnaire est l'Etat) afin de réaliser une OPA sur le reste de la société. La direction de Suez est pour l'heure opposée à l'action de Veolia, jugée non amicale par son directeur général, Bertrand Camus.

Cette affaire ressemble à une distribution oligarchique d’avantages dans un cercle restreint d’amis privilégiés du pouvoir

Arnaud Montebourg perçoit dans cette manœuvre financière l'expression «d'une collusion possible au sein de l'Etat». Il dénonce ainsi plusieurs proches d'Emmanuel Macron qui auraient intérêt à voir l'opération se réaliser. «Cette affaire ressemble à une distribution oligarchique d’avantages dans un cercle restreint d’amis privilégiés du pouvoir», ajoute-t-il tout en s'inquiétant de l'abandon par l'Etat de «l'intérêt général».

4 000 emplois menacés ?

Arnaud Montebourg poursuit en dénonçant le démantèlement d'une entreprise «dont l'implantation territoriale sur le sol français est pourvoyeuse d'emplois stables et qualifiés». Il assure que les «experts des deux camps évaluent à 4 000 le nombre d'emplois mis en péril» en France. L'ancien responsable socialiste ajoute ne pas être dupe de la promesse de Veolia de préserver 100% des emplois, dans la mesure où l'entreprise prévoit de «revendre la grande majorité des actifs de Suez et annonce aux marchés financiers 500 millions d'euros de réduction de coûts liée aux départs de personnel». 

Une «fusion forcée» qui, selon lui, conduira «à une augmentation des tarifs de l'eau», «gèlera l'innovation» et menacera de nombreux contrats internationaux, ainsi que le commerce extérieur de la France.

Pour cela, le promoteur du Made in France demande à Jean Castex de prendre son «courage à deux mains» et de bloquer cette vente «puisque le gouvernement […] en a le pouvoir en contrôlant Engie qui cède sa participation».

La CFDT et des élus saluent la lettre d'Arnaud Montebourg

Le syndicat CFDT Suez a remercié Arnaud Montebourg pour sa «prise de position lucide et courageuse». Il rappelle que l'intersyndicale, de la CGT à la CFTC, refuse l'opération financière menée par Veolia. «Collusion au sein du pouvoir. Les mots d'Arnaud Montebourg résonnent fort ! Comment peut-on laisser faire le démantèlement d’un fleuron industriel français», écrit le syndicat dans un deuxième message sur Twitter.

Du côté politique, la sénatrice de la Gauche républicaine et socialiste, Marie-Noëlle Lienemann, félicite Arnaud Montebourg : «Nous ne devons pas laisser faire l’absorption de Suez par Veolia, les pertes d’emplois, etc. […] Aux côtés des salariés, la mobilisation continue.»

L'ancien député socialiste (PS) et premier adjoint au maire de Colombes, Alexis Bachelay, note qu'Arnaud Montebourg, «d’une voix forte et claire , rejoint celles et ceux qui s’interrogent sur le dépeçage de Suez dans un contexte de crise sanitaire et économique !»

Le député Les Républicains d'Eure-et-Loir, Olivier Marleix, approuve également et estime que «la distribution oligarchique d’avantages par l’Etat sera même sans doute rendue possible par la mobilisation d’autres acteurs publics appelés au financement».

Emploi , souveraineté... selon Castex, le gouvernement sera attentif

Lors de la conférence de presse de présentation du plan de relance, le 1er octobre, le Premier ministre Jean Castex a apporté son soutien à l'opération de rachat. Celle-ci, a assuré le chef du gouvernement cité par La Tribune, est «regardée de près» par l'Etat. Le gouvernement promet ainsi de veiller à ce que soit respecté un «certain nombre de conditions essentielles».

Premièrement, selon Jean Castex, «assurer la pérennité de l'emploi dans cette opération». Deuxièmement, qu'il y ait une «logique industrielle» qui «fasse sens» – ce qui est bien le cas, pour le Premier ministre. Enfin, «il faut que ça ne soit pas le prélude à une perte de souveraineté dans ces secteurs stratégiques, et il vaut mieux effectivement des investisseurs français que des investisseurs qui témoigneraient […] d'une perte de souveraineté dans ce secteur stratégique», selon le chef du gouvernement.

Un projet «qui va créer de l’élan et de l’enthousiasme», selon le PDG de Velioa

Du côté de Veolia, le PDG Antoine Frérot a tenu à dissiper certaines craintes en assurant notamment que le rachat de Suez ne ferait pas monter le prix de l'eau en France. «Mon partenaire Meridiam [fonds français spécialisé dans les infrastructures qui reprendrait la branche Eau de Suez si le rachat aboutissait] s’engage à garder tous les emplois, mais il s’engage également à ce que les Français ne payent pas leur eau plus cher. Et il s’engage même à créer des innovations pour améliorer encore la qualité du service», a déclaré le PDG sur Europe 1, le 3 septembre.

Plus globalement, Antoine Frérot a défendu le bien-fondé économique et social de l'opération : «Ce projet convoque 100% des talents des deux entreprises. Je crois pouvoir lui dire qu’il y a de la place pour tous et que c’est un projet qui va créer de l’élan et de l’enthousiasme pour 270 000 salariés.»

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