«Un vrai cauchemar» : face au retour des fermetures, la colère gronde chez les restaurateurs
- Avec AFP
Les restaurateurs et les cafetiers craignent que le recours aux fermetures d'établissements imposé par le gouvernement ne signe le coup de grâce pour bon nombre d'entre eux. Ils jugent par ailleurs cette décision «inique» et «inefficace».
Redoutant une généralisation sur le territoire de la fermeture totale imposée aux bars et restaurants de la métropole d’Aix-Marseille et en Guadeloupe, les restaurateurs et bistrotiers évoquent «un vrai cauchemar». Alors que 15% d'entre eux pourraient mettre la clé sous la porte en raison du trou financier causé par trois mois d'inactivité au printemps, les professionnels ont exigé de l’Etat, le 24 septembre, le retrait d'une décision «inique», ou la prise en charge totale de leurs pertes d’exploitation. Une action soutenue par le président Medef Geoffroy Roux de Bézieux, car il s’agit selon lui «d’une urgence», «d’une question de survie».
Les bars et les restaurants ont besoin du soutien de l’Etat qui doit compenser totalement leur perte d’exploitation. C’est urgent car c’est une question de survie.
— Geoffroy Roux de Bézieux (@GeoffroyRDB) September 24, 2020
cc @UMIH_France
«Nous sommes vraiment à bout, c'est une situation de non-retour qui va déboucher sur une casse économique et sociale très importante» a déclaré à l'AFP Roland Héguy, président de l'Umih, principal syndicat du secteur des hôtels, cafés, bars, restaurants et discothèques, au sortir d'une conférence téléphonique avec les représentants du secteur, réunie par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le ministre délégué aux PME Alain Griset. Ce dernier a affirmé que l’Etat assumera les «coûts pour accompagner les entreprises en espérant que cela ne dure pas trop longtemps».
Zone rouge
Onze autres métropoles – Paris, Lille, Toulouse, Saint-Etienne, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier, Bordeaux, Lyon et Nice – ont été placées en «zone d'alerte renforcée», ou «zone rouge», avec fermeture des bars à 22h à partir du lundi 28 septembre, et limitation des ventes d’alcool.
Une situation qui a amené, dans l’après-midi du 24 septembre, des restaurateurs et des patrons de bars à se réunir dans le 11ème arrondissement de Paris pour jeter symboliquement leurs clés au sol, et y déverser une bouteille de vin.
🔴Plusieurs patrons de bars et de #restaurants viennent jeter les clés de leurs établissements, Place Léon-Blum à #Paris, au lendemain des annonces d’Olivier #Véran sur la fermeture anticipée (22h) des bars parisiens à partir de lundi, face à la recrudescence de cas de #COVID19. pic.twitter.com/MpExm6FqMk
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) September 24, 2020
«C'est une décision inique de la part du gouvernement qui ne cherche qu'à tenter de cacher son incapacité à gérer la crise», a estimé Franck Trouet, porte-parole du syndicat patronal GNI, qui représente les indépendants de l'hôtellerie et de la restauration. Pour lui, cette situation résulte de «l'incapacité du ministre de l'Intérieur à faire respecter les règles». «Nos établissements, eux, ont dépensé des millions d'euros pour respecter les protocoles, et on veut nous faire fermer ?», s’est-il indigné.
Une mesure «injustifiée» et «contre-productive»
De l'avis des professionnels, la mesure est «injustifiée car les contaminations surviennent dans le milieu privé et familial», a développé Franck Trouet, mais aussi «contre-productive». «En fermant nos établissements à 22h, on pousse nos clients à faire la fête ailleurs : les plages et bords de fleuves tant qu'il fait beau, et demain les appartements privés», explique-t-il.
Une logique dans laquelle s’inscrit Andrea Ammon, directrice du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), pour qui «conserver la distanciation sociale est le plus sûr ». Le critère, pour envisager une mesure aussi «drastique» que la fermeture des restaurants et des bars, devrait ainsi être de savoir si l'espace est suffisant pour l'assurer.