Militaires testés pour le Covid-19 à Creil : sous serment, Parly corrige ses propos de mars
«Je me dois de vous dire que j'ai dit quelque chose d'inexact le 4 mars à France 2» : auditionnée par le Sénat sur la gestion du Covid-19, le ministre des Armées a reconnu avoir affirmé à tort que les militaires de Creil avaient été testés.
Interrogée le 4 mars sur le plateau de Télématin (France 2), le ministre des Armées, Florence Parly, avait affirmé, au détour d'une phrase, que les 18 militaires de la base Creil (Oise) partis à Wuhan (Chine) pour rapatrier des Français au mois de janvier 2020 avaient été testés pour l'infection au coronavirus.
C’était un raccourci
Mais le 22 septembre, après avoir prêté serment devant les parlementaires de la commission d'enquête sénatoriale sur la gestion de l'épidémie de Covid-19, elle a finalement souhaité revenir sur ces propos pour les corriger : «J'ai juré de dire toute la vérité et donc je me dois de vous dire que j'ai dit quelque chose d'inexact le 4 mars à France 2. [...] C’était un raccourci. Ce qui s’est passé, c’est que les équipages ont été soumis à un protocole sanitaire extrêmement strict mais qui en effet ne comprenait pas à l’époque de tests […] N’étant pas médecin, je vous prie d’excuser le caractère un peu raccourci de ma formule.»
Lors de son audition devant la commission d'enquête du Sénat sur le Covid-19, la ministre des Armées, Florence Parly reconnait s'être trompée en affirmant que les militaires revenant d'une mission à Wuhan, avaient été testés pic.twitter.com/MkMvSFO2Lw
— Public Sénat (@publicsenat) September 22, 2020
En réalité, les militaires de la base Creil auraient bien fait l'objet d'un suivi médical après leur retour le 31 janvier, mais n'auraient pas bénéficié de tests, car la doctrine à l'époque n'orientait pas vers le test pour les personnes ne présentant pas de symptômes, selon la déclaration de Maryline Gygax, directrice de service de santé des armées, qui accompagnait le ministre pour cette audition.
Les militaires étaient-ils à l'origine de cette partie de l'épidémie en France ? Selon Public Sénat, brandissant une enquête épidémiologique de la santé publique et du service de santé des armées, Florence Parly a déclaré que l'hypothèse «était très peu probable» : « Non, définitivement non, la base militaire de Creil n'est pas à l'origine d'un cluster dans l'Oise […] Je comprends la curiosité des habitants de l’Oise compte tenu de l’importance de la diffusion du virus dans les premières semaines de l’épidémie […] je crois pouvoir vous dire que le patient zéro ne se trouvait probablement pas dans la base de Creil.»
Les habitants de l'Oise veulent la vérité
La litote du ministre concernant la «curiosité» des habitants de l'Oise n'a pas été du goût d'un sénateur de l'Oise, Olivier Paccaud, rattaché au groupe Les Républicains. Ce dernier a tout d'abord souligné que le rapport évoqué par Florence Parly était «préliminaire» et a ajouté qu'il s'interrogeait toujours sur le lien possible entre les 21 cas positifs recensés dans un lycée de Crépy-en-Valois et la visite de huit matelots au début du mois de février, précisant que cette venue ne figurait pas dans le rapport : «Je suis navré de vous dire que ce rapport ne mentionne pas la présence de ces matelots […] à partir de là, on peut, malheureusement suspecter beaucoup de choses […] On ne peut pas balayer comme ça d’un revers de main la "curiosité"… Et ce mot me choque. Les habitants de l’Oise ne sont pas victimes d’une maladie de curiosité. Ils veulent la vérité.»