«Dans cette maison, on s'habille librement» : Ferrand exclut de modifier les règles de l'Assemblée
- Avec AFP
Le président de l'Assemblée nationale n'a pas l'intention de modifier les règles du Palais Bourbon en raison de la polémique suscitée par l'audition de la syndicaliste étudiante Maryam Pougetoux, qui s'était présentée vêtue d'un hijab.
«Dans cette maison, on s'habille librement, on s'indigne librement» hors hémicycle : le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) a écarté ce 22 septembre toute évolution des règles du Palais Bourbon, malgré l'incident récent autour d'une étudiante voilée en commission, a appris l'AFP de sources parlementaires.
Lors de la conférence des présidents de l'Assemblée, le patron du groupe LR Damien Abad est revenu sur le départ de députés de droite et d'une élue LREM, le 17 septembre, d'une commission d'enquête où était auditionnée Maryam Pougetoux, la vice-présidente de l'Unef, qui s'était présentée avec un hijab. Damien Abad a demandé si des initiatives étaient prévues pour assurer une cohérence des règles de l'institution.
Richard Ferrand lui a rappelé l'interdiction du port de tout signe religieux ostensible dans l'hémicycle, mais pour les seuls députés. Et pour le reste, «dans cette maison, on s'habille librement, on s'indigne librement», a-t-il lancé, selon des propos rapportés.
Le titulaire du perchoir, au nom du principe de laïcité, a ajouté que le statu quo permettait de respecter à la fois la loi et le débat politique.
Le départ des députés pour protester contre la présence de l'étudiante voilée, perçue par eux comme «une provocation» communautariste, avait brièvement allumé une énième querelle sur la place des signes religieux dans la vie publique.
En tant que députée et féministe, attachée aux valeurs républicaine,à la #laicite et aux #droitsdesfemmes, je ne peux accepter qu’une personne vienne participer à nos travaux à l’#AN en hijab, qui reste pour moi une marque de soumission.
— Anne-Christine Lang (@AChristine_Lang) September 17, 2020
J’ai donc quitté cette audition #DirectANpic.twitter.com/6L5PRF2YvX
En conférence de presse, Damien Abad a précisé vouloir des «règles claires» au Palais Bourbon, sans «anathème» ou «stigmatisation» mais aussi sans «faux-semblants». Il a déploré «une réponse du "en même temps" de Richard Ferrand», et une majorité n'ayant «pas de cap sur la laïcité».
Dans une vidéo diffusée sur Twitter, le député de l'Ain a tenu a rappeler sa position sur la laïcité et réclame que soit «respect[é] clairement ce principe républicain à l'Assemblée nationale».
«Comment se fait-il aujourd'hui qu'en France, un député par exemple n'a pas le droit d'être voilé dans l'hémicycle mais que par contre il peut venir voilé dans les commissions ou les commissions d'enquête ?», a-t-il interrogé.
«De la même manière je considère que quand on n'est pas une autorité religieuse [...] qu'une personne extérieure, une syndicaliste en l'occurrence, vienne clairement avec un signe ostentatoire religieux dans l'Assemblée nationale lors de travaux parlementaires officiels, pour moi c'est une atteinte pure et simple au respect de la laïcité», a-t-il par ailleurs estimé.
"Laïcité : respectons clairement ce principe républicain à l'Assemblée nationale".
— Damien Abad (@damienabad) September 22, 2020
Retrouvez ma réaction en images 📺#laïcité#LR#Assembléenationale#DirectANpic.twitter.com/mk8p9nKbwR
Le chef de file LR réclame les mêmes règles pour les députés dans l'hémicycle comme en commission, et l'interdiction des signes ostensibles pour les personnes auditionnées également. «Il faut appliquer la laïcité» dans le «temple de la loi républicaine», fait-il valoir.