Police : après une réunion infructueuse, les travailleurs de nuit manifestent à Paris
Les «nuiteux» de la police nationale se sont de nouveau rassemblés à Paris, place de l'Opéra, afin d'alerter sur leurs conditions de travail. Ils réclament notamment une hausse de la prime de nuit pour rendre leur profession plus attractive.
Après des mois d'alerte et des déclarations aux accents rassembleurs de la part des grands syndicats du secteur policier au printemps à propos de la revalorisation du travailleur de nuit de la police, les «nuiteux» s'estiment pour le moment ignorés par le ministère de l'Intérieur et continuent leurs rassemblements nocturnes. Dans la nuit du 20 septembre, place de l'Opéra à Paris, un groupe de «hiboux» s'est massé sur les marches du palais Garnier, dans le VIIIe arrondissement de Paris, à l'appel du seul syndicat de «nuiteux», Option Nuit, pour alerter, à nouveau, sur les difficiles conditions de travail de ces fonctionnaires noctambules.
🔴Rassemblement des policiers (@optionnuit) ce soir devant l’Opéra Garnier à #Paris. Ils demandent notamment une revalorisation de la prime de nuit. Malgré une réunion le 15 septembre dernier avec les administrations, celle-ci n’a débouché sur rien.#Police#policiers#OptionNuitpic.twitter.com/SBjlwJSASy
— Charles Baudry (@CharlesBaudry) September 20, 2020
En l'espèce, les travailleurs de nuit de la police nationale demandent tout simplement une revalorisation de la prime de nuit, mais il s'agit aussi pour eux de rendre ce métier plus attractif pour leurs collègues de jour et ainsi bénéficier entre autres de renforts nocturnes car les effectifs nyctalopes sont à la peine. Et comme nous le disait William Maury, secrétaire général d'Option Nuit au début du mois de septembre : «Les nuiteux sont les éternels oubliés de la police. La nuit, quand nous sommes confrontés à [des] violences, nous sommes seuls au monde, sans renforts bien souvent, parce que nous manquons d'effectifs tout simplement, c'est la réalité du terrain.»
La réunion avec la direction qui n'a rien changé
Depuis lors, une réunion s'est bien tenue entre les grandes centrales syndicales et la direction des ressources et des compétences de la police nationale (DRCPN), le 15 septembre au sujet du cas des travailleurs de nuit, mais en l'absence de la seule organisation qui s'occupe spécifiquement d'eux ; Option Nuit a été créée trop récemment pour être élue, malgré plus de 13 000 adhésions sur les 23 000 nuiteux en seulement quelques mois d'existence.
Malheureusement pour les fonctionnaires policiers de la nuit, la réunion s'est soldée par un échec, ainsi que l'ont fait savoir Unité-SGP-FO et l'Unsa-Police dans des tracts indignés.
Alors que les nuiteux tiennent enfin le syndicat qui leur est spécialement dédié, le front syndical a été l'objet de multiples nouveautés ces derniers temps. L'Unsa-Police vient de changer de secrétaire général en septembre, avec le départ de l'emblématique Philippe Capon. La grande famille Alliance a pour sa part prestement remplacé l'ancien secrétaire général Jean-Claude Delage en toute discrétion en avril 2019. Le très médiatique patron d'Unité-SGP-FO, Yves Lefebvre, vient lui aussi d'annoncer son départ (ce qui ne constitue pas une surprise en interne) dans un courrier à ses adhérents daté du 18 septembre.
Pourtant, malgré ces évolutions et la participation active des «nuiteux» à la la grogne policière du mois de juin, rien ne semble avancer dans cette lutte syndicale tandis que les rassemblements se poursuivent sur tout le territoire, ainsi que ne manque pas de le faire remarquer Option Nuit sur son compte Twitter, avec force photos.
Antoine Boitel