«Nous ne croyons qu'à la République» : Michel Onfray présente sa revue Front populaire
Interrogé sur RT France sur sa nouvelle revue, le philosophe Michel Onfray a d'abord présenté sa ligne politique «républicaine», «souverainiste» et «populiste», avant de livrer son analyse des maux qui traversent la société française.
Le philosophe et essayiste Michel Onfray s'est entretenu avec RT France le 25 juin, deux jours après la sortie du premier numéro de sa revue Front populaire, qui se décrit comme un «Parlement perpétuel des idées où le peuple pourra constamment faire des propositions pour rebâtir notre monde», faisant écho à de nombreuses revendications populaires, notamment des Gilets jaunes.
Michel Onfray souligne d'entrée de jeu que sa revue, contrairement à ce qui a été très largement relevé par les médias, «n'est pas nationaliste ou national-souverainiste», avant d'ajouter que ce sont plutôt ses ennemis qui disent cela. «Si Libération, Le Monde, Charlie Hebdo, France inter, France culture... Si tous ces gens disent la même chose, d'ailleurs ils disent toujours la même chose, le premier qui a menti donne le ton pour tous les autres, qui vont ensuite mentir. Voilà des gens, qui depuis plus d'un mois sont en train de parler d'une revue qui est en kiosque depuis 48h», lance-t-il sur un ton agacé dès le début de l'interview.
«Non nous ne sommes pas anti-système, nous ne croyons qu'à la République»
«Non nous ne sommes pas anti-système, nous ne croyons qu'à la République», explique ensuite le philosophe interrogé sur l'orientation politique de sa revue qui regroupe «des souverainistes de droite, de gauche, de quelque part et de nulle part». Et de poursuivre : «Le pouvoir n'existe plus par le peuple et pour le peuple, il existe pour servir les intérêts du libéralisme. [...] Nous sommes des républicains qui voulons reprendre la déclaration des Droits de l'Homme.»
A deux ans des prochaines élections présidentielles françaises, Michel Onfray insiste sur la nécessite de renouer le lien entre le peuple et les gouvernants. «Dans notre aventure, nous sommes auto-gestionnaires. C'est-à-dire qu'on pense qu'il y a un génie du peuple. S'il faut régler les problèmes de la médecine, il faut mieux demander à des médecins, des infirmiers. Pareil pour la pêcherie française, la paysannerie française, pour l'université, l'éducation, la recherche... Il vaut mieux demander aux gens qui sont compétents et qui ont la pratique et la connaissance de leur discipline, plutôt qu'à des énarques, des gens qui ont fait Sciences Po ou qui font de la politique un métier», fait-il valoir. Et d'ajouter : «C'est ce qui s'appelle du populisme [...] car l'alternative c'est populicide. Il y a ceux qui tuent les peuples symboliquement, métaphoriquement et puis ceux qui estiment que le peuple doit être l'épicentre de la politique.»
Questionné sur les nombreuses mobilisations internationales contre le racisme et les «violences policières», Michel Onfray évoque un climat de «guerre civile». «Chacun voit bien qu'il y a une centaine d'endroits en France où la République ne fait plus la loi. Et quand le ministre de l'Intérieur [Christophe Castaner] vous dit "que l'émotion est plus importante que la loi", alors c'est fini [...] parce que le chef d'Etat [Emmanuel Macron] n'est pas crédible, parce que l'Etat a perdu toute autorité et parce qu'on crache sur la police qui fait un métier terriblement difficile», estime-t-il en conclusion de cet entretien.