Facétie policière : une demande de mutation massive pour dénoncer le mal-être des fonctionnaires

Facétie policière : une demande de mutation massive pour dénoncer le mal-être des fonctionnaires© BERTRAND GUAY Source: AFP
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Les policiers ont symboliquement déposé leurs menottes devant la préfecture de police de Paris le 17 juin lors d'un rassemblement de colère policière à l'appel des syndicats Unité-SGP et Alliance (image d'illustration).
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Les policiers manquent de moyens, mais pas d'idées : pour dénoncer le manque de soutien qu'ils ressentent de la part de leur administration, certains ont imaginé une demande de mutation massive afin de ne plus travailler au contact du public.

Tandis que la colère policière fait toujours rage depuis les déclarations réalisées par le ministre de l'Intérieur au début du mois de juin concernant les forces de sécurité intérieure, les initiatives se multiplient, de façon parfois facétieuse, pour dénoncer le mal-être dans les commissariats.

Dernière nouveauté : des policiers du Val-d'Oise proposent à leurs collègues d'effectuer des demandes de changement de service de façon massive pour souligner la difficulté ressentie à effectuer leur mission de service public dans le contexte actuel. Pour ce faire, les fonctionnaires imaginatifs ont mis à disposition un formulaire type dont RT France a eu connaissance.

Extrait de cette demande adressée au supérieur hiérarchique, qui doit veiller au bien-être de ses subordonnés :

«J'ai l'honneur de porter à votre connaissance ma demande de changement de service. Dans le contexte actuel, force est de constater que, suite à l'annonce du ministre de l'Intérieur indiquant que "tout soupçon avéré de racisme" chez un fonctionnaire de police pourrait faire l'objet d’une suspension administrative, certains citoyens ont clairement énoncé leur volonté d'utiliser ce motif, d'en abuser même, afin de nuire à la carrière et la renommée des policiers, le but étant d’utiliser cette "dénonciation" comme un pouvoir de nuisance vis à vis des forces de l'ordre.»

Evoquant les différentes déclarations contradictoires de l'administration sur la prise de «l'étranglement» et la «prise arrière», qui démontrent selon l'auteur un «champ d'application des techniques d'intervention pour le moins flou», le document-type se conclut en enfonçant le clou : «Ces diverses raisons m'amènent à penser que je ne serai plus en mesure d'être certain d'agir dans un cadre légal me permettant de maîtriser ou d'interpeller un individu sans que ma responsabilité pénale ou celle de mes collègues ne soit engagée, de même mon discernement dans l’exercice de mes missions quotidiennes risque d’être fortement altéré. Par conséquent, je vous demande, en tant que votre subordonné, et compte tenu des conditions actuelles particulièrement difficiles, de bien vouloir veiller à ma bonne condition tant physique que psychologique, et de me permettre d'occuper un poste dans tout autre service non voué à être au contact du public.»

Un mode d'emploi appelant à une action massive

Cette démarche est accompagnée d'un mot explicatif pour les policiers, rappelant un mode d'emploi : «Action hors syndicat. Vous pouvez en parler autour de vous dans vos services respectifs. Ce rapport n'aura d'effet sur notre hiérarchie que s'il est transmis en masse. Le mouvement est déjà lancé dans le 95 [Val d'Oise]. Il est valable pour tous les collègues, VP [voie publique] et "bureaux". Son but est de mettre l'administration face à la vérité de notre métier et ainsi essayer de le défendre. [...] Préparez les rapports par brigades entières et centralisez-les par CIAT [commissariats], voire par département si possible. Voilà vous avez les cartes en mains.»

Le 10 juin, quelques jours après les déclarations controversées de Christophe Castaner concernant les «soupçons avérés» de racisme ou de violence de la part des membres des forces de l'ordre, des policiers avaient déjà proposé dans la même veine un rapport type, dont RT France avait eu connaissance : «Pas d'interpellation afin d'éviter toute éventuelle émeute ou accusation future de racisme.»

Plus récemment, les policiers ont également détourné l'iconographie enfantine de personnages imaginaires, tels que les Bisounours, les licornes et les poneys, ornés d'arc-en-ciel, notamment lors de rassemblements, dans des vidéos ou sur des écussons fantaisie.

Un fonctionnaire facétieux faisait pour sa part son rapport à la radio.

Sous les arcs-en-ciel, le gros malaise... et une nouvelle manifestation

Sous l'ironie sucrée pointe cependant un vrai malaise du côté des forces de sécurité intérieure, en faveur desquelles un rassemblement de soutien est organisé à Paris le 27 juin place de la République à Paris [Mise à jour : le lieu de rassemblement a été modifié pour des raisons de sécurité et déplacé devant la préfecture de police, place Louis Lépine], à l'appel des associations Uniformes en danger et Femmes des forces de l'ordre en colère, soutenue par la figure des médias Zohra Bitan.

Parallèlement à ce soutien populaire, les actions syndicales et non-syndicales continuent en police nationale : selon nos informations, l'intersyndicale policière a boudé un comité technique ministériel le 18 juin, refusant tout dialogue sans réelles avancées pour les fonctionnaires et ce 24 juin, lors d'un déplacement du ministre de l'Intérieur au commissariat de Gennevilliers, des policiers présents ont symboliquement tourné le dos au véhicule transportant Christophe Castaner sur son passage. Par ailleurs, les rassemblements parisiens de policiers en colère sont désormais pratiquement quotidiens... La grogne ne semble pas près de s'arrêter.

Antoine Boitel

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