Avocat de Pavlensky affublé d'un bonnet d'âne : LCI mise en garde par le CSA pour discrimination

Avocat de Pavlensky affublé d'un bonnet d'âne : LCI mise en garde par le CSA pour discrimination© FRANCOIS GUILLOT Source: AFP
Yassine Bouzrou au tribunal de Paris dans le cadre de l'affaire Griveaux le 18 février 2020.
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La chaîne d'info LCI a été mise en garde par le CSA pour avoir caricaturé le défenseur de Piotr Pavlensky dans l'affaire Griveaux, Yassine Bouzrou, en février, le présentant notamment comme un ancien cancre issu d'un milieu défavorisé.

La séquence avait soulevé une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. La chaîne info LCI vient d'être rappelée à l'ordre par le CSA le 9 juin pour avoir brossé un portrait peu flatteur de l'avocat Yassine Bouzrou, lors de l'émission Le Club Le Chatelier diffusée le 19 février 2020 en pleine affaire Griveaux.

La chaîne était revenue lourdement sur les échecs scolaires passés du défenseur de l'artiste Piotr Pavlensky, aujourd'hui quadragénaire et avocat réputé du barreau de Paris, allant jusqu'à le caricaturer coiffé d'un bonnet d'âne dans une infographie. Les origines «extrêmement modestes» du natif de Bezons (Val-d'Oise) et son parcours «atypique» avaient par ailleurs été soulignées au cours de ce passage. 

Aussitôt mis en ligne, l’extrait de l'émission, jugé méprisant, avait provoqué un vif émoi sur les réseaux sociaux et débouché sur un signalement au CSA. Dans son avis du 9 juin, l'autorité administrative a estimé que cette présentation «à charge et accompagnée d’une infographie caricaturale, était porteuse de discriminations en raison de l’origine de l’avocat et caractérisait un manquement à ses obligations conventionnelles».

«Par conséquent, le CSA a mis en garde les responsables de la chaîne contre le renouvellement d’un tel manquement», a conclu l'organisme dans son avis.

Dès le lendemain de la diffusion du portrait de Yassine Bouzrou, LCI avait reconnu une erreur. «La forme, les illustrations, en étaient maladroites et ont pu sembler peu respectueuses», avait déclaré en direct la présentatrice de la chaîne Valentine Desjeunes. «Si nous avons blessé Me Bouzrou, nous en sommes désolés. Mais il n’y avait pas d'intention de nuire. Il s’agissait au contraire de souligner le parcours hors normes de Me Bouzrou. La chronique souhaitait simplement s’attacher à retracer le parcours singulier d’un avocat sous le feu des projecteurs en ce moment», avait-elle par ailleurs justifié. 

Il est bien évident que ceux qui ont pris position publiquement en lien avec ce sujet ont été stigmatisés montrés du doigt moqués

Contacté par RT France, l'avocat David Koubbi a estimé que le dérapage visant son confrère était emblématique d'une certaine hystérie médiatique ayant suivi l'abandon de la candidature de Benjamin Griveaux à la mairie de Paris suite à la révélation de vidéos à caractère sexuel lui étant attribuées : «Il est bien évident que ceux qui ont pris position publiquement en lien avec ce sujet ont été stigmatisés, montrés du doigt, moqués, c’est une observation que n'importe qui peut faire», a-t-il estimé. Dans la même veine, l'avocat a qualifié le sur-traitement médiatique de cette affaire de «delirium incroyable», ayant «masqué le fond du dossier». Dans un tweet du 20 février, l'avocat avait par ailleurs dénoncé le «racisme ordinaire» reflété selon lui par ce programme. 

Dans le cadre de la même affaire, BFMTV avait elle aussi été épinglée par les internautes et le tout nouveau Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM), pour une interview controversée de l'avocat Juan Branco. Dans l'un des trois premier avis de cette organisation créée fin 2019, le CDJM a estimé que la journaliste Apolline de Malherbe avait, par sa «sélection des faits invoqués», «sa manière de poser des questions» et «le choix des termes» utilisés, contredit à «l’exigence d’impartialité». 

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