Nouvelle-Calédonie : vers un report du référendum sur l'indépendance en octobre dû au coronavirus
- Avec AFP
Edouard Philippe a proposé de reporter au 4 octobre 2020 le référendum portant sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, initialement prévu le 6 septembre, en raison des difficultés logistiques nées de la crise du coronavirus.
Le Premier ministre français, Edouard Philippe, souhaite le report au 4 octobre du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, initialement prévu le 6 septembre, en raison des difficultés logistiques liées à la pandémie de Covid-19. Le chef du gouvernement a transmis un projet de décret avec cette nouvelle date aux présidents du gouvernement et du congrès de Nouvelle-Calédonie pour avis consultatif sous 15 jours, selon un communiqué de Matignon. Le texte devrait être présenté en Conseil des ministres dans la seconde quinzaine de juin, l'Etat fixant la date du référendum.
«[Si] les opérations de préparation du référendum ont été poursuivies [pendant la crise sanitaire] un risque demeure sur l'encadrement des procédures de vote», explique Matignon. «Notre capacité à réunir 250 candidatures pour les observateurs nationaux et internationaux, et à les acheminer en Nouvelle-Calédonie dans des délais compatibles avec les trois semaines de quarantaine requises à ce jour pour chaque arrivant en Nouvelle-Calédonie n’est pas assurée», ajoute le communiqué.
La Nouvelle-Calédonie, où ont été mises en place une réduction drastique des vols internationaux et une quarantaine très stricte, n'a comptabilisé que 18 cas de Covid-19.
Dans des courriers adressés au président du gouvernement, le loyaliste Thierry Santa (Avenir en confiance, proche des Républicains), et au président du Congrès, l'indépendantiste kanak Rock Wamytan (UC-FLNKS), le Premier ministre souligne que cette difficulté d'arriver dans des délais compatibles avec la quarantaine se pose aussi pour «les missions des organisations internationales et les journalistes» amenés à suivre le référendum. Il s'agit d'«assurer le caractère irréprochable de l'organisation du référendum, afin que son résultat soit incontestable et incontesté», argumente-t-il.
Après le premier référendum, qui s'est tenu le 4 novembre 2018 et a vu la victoire du «non» à l'indépendance (56,7%), la date d'un second référendum avait été fixée par le Premier ministre au 6 septembre 2020, moins de deux ans après le premier, comme prévu par l'accord de Nouméa.
Eviter un chevauchement avec les élections nationales
Sujet hautement sensible, cette date avait été arrêtée après de longues heures de discussions entre leaders indépendantistes et non indépendantistes, en octobre dernier. Déjà à ce moment-là, la difficulté de faire venir les délégués de la commission de contrôle (des magistrats et des fonctionnaires de préfecture, tous volontaires), avait conduit le Premier ministre à choisir le 6 septembre plutôt qu’une date fin août.
A l'époque, les indépendantistes, convaincus que le temps leur permettra de gagner des voix, prônaient une date le plus tard possible, en novembre 2020, alors que l'Avenir en confiance, principale formation non indépendantiste, souhaitait un référendum dès juillet, arguant d'une économie locale «dans l'incertitude» en raison de ces scrutins.
Mais le principal objectif était que le vote ne se télescope pas avec le calendrier des échéances électorales nationales (présidentielle), afin que la question de l'avenir politique de l'archipel n'en devienne pas un des enjeux.
La nouvelle date du 4 octobre «permet de conserver l'ensemble des alternatives possibles visant à éviter la concomitance des échéances électorales nationales du printemps 2022 [et] à envisager une éventuelle troisième consultation en 2021 ou en 2022», garantit Edouard Philippe. «Le gouvernement s'engage à ce que le calendrier global du processus de consultation ne soit pas modifié», promet-il.
Si le «non» à l'indépendance gagne de nouveau en 2020, un troisième référendum pourra ensuite avoir lieu d'ici 2022, en vertu de l'accord de Nouméa.
Ces dernières semaines, les indépendantistes du FLNKS avaient officiellement demandé le report du référendum à fin octobre ou début novembre, afin d'«éviter un chevauchement» avec la campagne du second tour des municipales fin juin. Si Calédonie ensemble, formation loyaliste de centre-droit est favorable à un report, Avenir en confiance y est opposé.