«Mensonges et Fiascos» : les Insoumis publient leur rapport sur la gestion du Covid-19 en France
LFI a rédigé un rapport sur la gestion de l'épidémie de coronavirus par les autorités. Le député Eric Coquerel, qui l'a coordonné, détaille à RT France quels contextes et mensonges ont selon lui précipité la France dans une crise sanitaire majeure.
La France insoumise (LFI) a publié ce 19 mai les conclusions de sa commission d'enquête sur la gestion de la crise du coronavirus par le gouvernement : «Mensonges et Fiascos : enquête sur la gestion du Covid-19».
Etabli à partir d'auditions de plus d'une centaine d’experts, scientifiques, syndicalistes, associatifs, chercheurs, citoyens ou encore intellectuels, ce rapport dénonce des fautes et des mensonges, «qui ont coûté des vies, ont semé le doute sur les mesures décidées par le pouvoir».
Il y a eu à la fois des erreurs terribles de commises, des mensonges aussi.
L'enquête a été coordonnée par Manuel Bompard, chef de la délégation LFI au Parlement Européen, Mathilde Panot, vice-présidente du groupe LFI à l’Assemblée, et Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint Denis. Ce dernier, interviewé par RT France, en a présenté les éléments les plus saillants.
«Le bilan qu'on en tire confirme nos impressions, il y a eu à la fois des erreurs terribles de commises, des mensonges aussi. Et puis globalement un système qui est celui du néolibéralisme, qui est en crise, c'est lui qui a transformé une crise épidémique en crise sociale et crise sanitaire», a statué Eric Coquerel.
Le rapport fustige la gestion de l'hôpital depuis la loi Bachelot en 2009, l'apparition des Agences régionales de santé (ARS) en 2010 pour contrôler les dépenses et la suppression consécutive de 69 000 lits d'hôpitaux entre 2003 et 2017. Selon l'enquête, la gestion de l'hôpital comme une entreprise a créé une situation d'austérité impropre à gérer une crise sanitaire.
La France insoumise épingle les «mensonges» du gouvernement
Le rapport revient sur la saga des stocks de masques en France qui a vu ses réserves baisser en dix ans, de 2,2 milliards de masques en 2009 à un peu plus de 100 millions en 2019. Or Emmanuel Macron n'a pas hésité à déclarer qu'il n'y avait pas eu de pénurie de masques en France, le 18 mai sur BFM TV, déclenchant un tollé sur les réseaux sociaux.
«Tout le monde a constaté la pénurie de masques [...] On est arrivé dans ce pays, la sixième puissance économique au monde, sans un seul masque ffp2, les seuls masques qui permettent aux soignants d'être protégés contre le virus», martèle le député insoumis, épinglant les revirements hasardeux de la communication du gouvernement à cet endroit. Le rapport expose la détresse des soignants et du personnel des Ehpad démunis à cause du manque de moyens et de protections.
On est arrivé dans ce pays, la sixième puissance économique au monde, sans un seul masque ffp2
«Il y a aussi le mensonge des tests !», relève encore le député, assurant que l'objectif des 700 000 tests par semaine promis par le gouvernement pour le déconfinement était loin d'être atteint. «On sait qu'on n'en est pas à la moitié. Mensonge encore !», juge Eric Coquerel. Le rapport détaille les raisons du retard pris par la France dans ce domaine, entre les chercheurs mis à l'écart et le fait d'avoir associé tardivement les laboratoires à cette démarche.
Le député insoumis pense également que le gouvernement a menti au sujet des élections municipales. «Les élections ont été organisées alors que le gouvernement avait été averti depuis fin janvier de la dangerosité du virus par madame Buzyn [...] Le principe de précaution n'a pas été appliqué», estime-t-il.
Une bien meilleure gestion ailleurs en Europe
Mais la France, prise de court comme tous les pays du monde, ne serait-elle pas qu'un Etat parmi d'autres, embourbés dans cette crise ? «Il suffit de comparer avec nos voisins allemands», réplique l'élu de gauche, qui rappelle que l'Allemagne a déclenché une «politique du test massif». Et de faire valoir que la France n'avait à disposition au début de l'épidémie que 5 000 lits pour les malades du Covid tandis que les Allemands en offrait 20 000. «C'est faux de dire que tous les gouvernements ont eu les mêmes réactions. Soit parce qu'ils avaient des capacités industrielles plus fortes, soit parce qu'il y a eu une meilleure anticipation, ils s'en sont mieux sortis que le gouvernement français», tance l'Insoumis. En effet, au sein de l'Union Européenne, la France est à la troisième place du classement des pays les plus touchés, avec 28 022 morts au 20 mai, tandis que l'Allemagne n'en totalise que 8 209, le Portugal 1 263, la Grèce 165 ou la Croatie 96.
Le parti mené par Jean-Luc Mélenchon constate en outre dans son enquête que la crise a été l'occasion pour le président de la République et le gouvernement de «concentrer encore plus de pouvoir et de décider seuls». Il note que l’état d’urgence sanitaire a donné «des pouvoirs exorbitants à l’exécutif» qui peut ainsi «contourner le Parlement» mais aussi «piétiner [les] libertés individuelles».