Covid-19 : la CRS 40 refuse d'être cantonnée à Pondorly, les 73 hommes dorment dans les véhicules

Covid-19 : la CRS 40 refuse d'être cantonnée à Pondorly, les 73 hommes dorment dans les véhicules© PASCAL POCHARD-CASABIANCA Source: AFP
Les CRS sécurisent le port d'Ajaccio le 16 janvier 2020 (image d'illustration).
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Une compagnie entière de CRS a opposé un refus de cantonnement au grand centre près de Rungis. En mission de sécurisation de l'Elysée, ils ont exigé une désinfection de leurs chambres à cause de l'épidémie. La hiérarchie locale l'a refusé.

«Nos chambres n'ont pas été désinfectées» ont expliqué les membres de la compagnie républicaine de sécurité 40 (CRS 40) à France 3 le 16 avril. Les fonctionnaires de police, venus en mission en Ile-de-France pour relever une autre compagnie, devaient dormir au plus grand cantonnement de France à Pondorly (Val-de-Marne).

Selon une adhérente de l'association Uniformes en danger, proche de cette compagnie de Plombières-lès-Dijon (Côte-d'Or), les policiers ont pris le service à 7 heures du matin le 15 avril pour arriver sur le site à 12 heures, puis patrouiller jusque dans la soirée avant un retour à Pondorly, après minuit.

Selon les informations de France 3 régions, confirmées par le collectif policier UPNI, la compagnie devait assurer la sécurité du palais de l'Elysée pendant deux semaines, mais l'organisation de policiers en colère n'a pas manqué de rappeler sur sa page Facebook que le «château» présidentiel aurait pour sa part été minutieusement décontaminé, selon les informations du journal Le Canard enchaîné paru le 1er avril. Le journal satirique précisait à ce titre que les sapeurs-pompiers de la 38e compagnie nucléaire, radiologique, biologique, chimique (NRBC) de Paris étaient intervenus sur place, mais «dans le plus grand secret», a souligné Valeurs actuelles.

L'union des policiers nationaux indépendants ajoute par ailleurs que l'hôtel de Beauvau où siège le ministère de l'Intérieur bénéficierait d'un récurage quotidien «dans son intégralité». Et de conclure, sardonique, toujours sur Facebook : «Collègue CRS, tu peux venir garder un palais tout propre et javellisé, après quoi tu repartiras dans ton cantonnement virussé et bactérisé. Ou bien tu dormiras à la belle étoile...»

Dormir «à la belle étoile»

Cette allusion à la «belle étoile» n'est pas innocente : revenus à Pondorly pour y dormir, la CRS 40 a refusé d'entrer dans les bâtiments et a préféré passer la nuit dans les véhicules de service. Selon une source proche de la compagnie, un des CRS a ainsi rassuré ses proches qui s'inquiétaient : «J'ai mon bonnet et un blouson chaud dans le véhicule, ça va aller.» Des photographies illustrant cette scène pittoresque sont disponibles dans l'article de France 3 régions et sur la publication Facebook de l'UPNI.

La cause du refus de cantonnement des fonctionnaires : la situation sanitaire du site de Pondorly est notoirement incertaine. Un étage entier du cantonnement (le fameux «septième étage» dont parlent les CRS qui y sont passés) a été choisi pour confiner les cas suspects et les cas avérés positifs au Sars-cov-2. Plusieurs sources policières ont déjà évoqué ce cas auprès de RT France au cours des dernières semaines. Dès le 17 mars, cette source évoquait déjà une situation «très compliquée» à Pondorly.

Jointe par RT France, une autre source, syndicale celle-ci, avait tenu à modérer le propos en évoquant une situation «sous contrôle».

Ensuite, un délégué syndical VIGI-MI, lui-même CRS «en tenue» qui était passé par le cantonnement de Pondorly en période d'épidémie, avait décrit les conditions sanitaires en détail auprès de RT France fin mars, juste après y avoir séjourné. Le CRS, militant syndical, nous avait expliqué qu'il était justement cantonné au septième étage du bâtiment avant les mesures de confinement et qu'il s'était donc retrouvé avec les cas positifs, du jour au lendemain.

Le fonctionnaire excédé rapportait des scènes étonnantes : «On les croisait dans le couloir à l'occasion, sans protection. Ils n'étaient pas testés, donc pas forcément officiellement positifs, sauf pour ceux qui avaient pu bénéficier d'un diagnostic médical au téléphone. Mais nous avons eu des CRS avec de grosses poussées de fièvre, certains se sont réveillés dans leur chambre n'importe comment, même sous l'armoire !»

Des craintes pour leurs proches

C'est cette situation que la CRS 40 a probablement voulu éviter en exigeant que les locaux soient désinfectés avant d'y loger. Certains des policiers ont même pensé à prendre une douche à l'aire d'autoroute la plus proche, là où les chauffeurs routiers se lavent. Malheureusement, elle était en travaux, ainsi que l'a relaté à RT France l'association Uniformes en danger, via une adhérente, proche de la compagnie en question.

Cette même source a précisé que les policiers s'inquiétaient particulièrement pour leurs familles : «Les gestes barrières sont rendus impossibles dans les véhicules et ensuite ils doivent prendre une douche dans un cantonnement potentiellement contaminé ? Puis quoi... le retour à la maison et aux proches, en fin de mission ? C'est cela que mérite notre police ? Et après ce sera quoi ? Retour au maintien de l'ordre avec les Gilets jaunes ?»

Les 73 CRS ont donc passé deux nuits dans leurs camions, selon l'UPNI, «à trois ou quatre par véhicule, sans douche possible, seules les toilettes étant disponibles au rez-de-chaussée.» 

«La nuit dans le véhicule, bravo M. Castaner !», a renchéri l'association Uniformes en danger.

RT France a appris par la suite de cette même source que la situation avait finalement été résolue, après deux nuitées d'attente : «Ils sont relevés demain en raison de leur refus d'intégrer les chambres qui n'ont pas été décontaminées [...]. Demain départ à 13h pour Dijon [...] Mais ils sont relevés par une compagnie du sud qui est réputée pour être pointilleuse... Il se pourrait que cette compagnie refuse également le cantonnement, à suivre !»

C'est cela que mérite notre police ? Et après... Retour au maintien de l'ordre avec les Gilets jaunes ?

De même que les associations de policiers de terrain, le Snipat, syndicat de police des personnels administratifs, techniques et scientifiques, a alerté la direction générale de la police nationale (DGPN) et la direction centrale de la CRS (DCCRS) à ce sujet le 16 avril : «Le Snipat l'a dénoncé en visioconférence avec le DGPN aujourd'hui en présence du DCCRS qui s'est engagé a suivre les situations et a rappelé aux commandants que les "tenues" et les "civils" devaient être traités à égalité.» 

Antoine Boitel

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