«Pas de protection : pas de contrôle, pas de verbalisation», Unsa-Police sort le grand jeu
Excédé par le manque de protections médicales individuelles pour les membres des forces de l'ordre, le syndicat Unsa-Police appelle les fonctionnaire à ne plus contrôler, ni verbaliser dans le contexte du confinement dû à l'épidémie de Covid-19.
Dans le contexte du manque de protections individuelles pointé par les organisations syndicales à plusieurs reprises au cours des dernières semaines concernant les contrôles effectués par les policiers de terrain, une réunion s'est tenue par visioconférence avec les partenaires sociaux au ministère de l'Intérieur le 23 mars en présence du secrétaire d'Etat Laurent Nunez, du directeur général de la Santé Jérôme Salomon et du nouveau directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux.
Quel autre pays que la France compte 10% de ses effectifs policiers en arrêt maladie ?
Mais il semble que l'issue de cette réunion n'ait pas été favorable, car dès le lendemain, le 24 mars, le syndicat Unsa-Police faisait parvenir à RT France le tract ci-dessous. Dans cette communication le syndicat, notamment connu pour être proche des CRS, rappelle sa position : «Pas de protection : pas de contrôle, pas de verbalisation, pas d'accueil dans les services !»
Interrogé par RT France concernant une éventuelle distribution prochaine de matériel de protection médicale pour les policiers, le syndicat a opposé : «Nous n'avons aucune information sur d'éventuelles livraisons, c'est inquiétant. Il faut taper du poing sur la table maintenant ! Dans beaucoup d'espaces qui accueillent du public à présent, on voit du plexiglas qui sépare les clients du personnel, comme les caissiers par exemple en grande distribution. Et chez nous ? Nada !»
Opération zéro PV : frappé au portefeuille, le ministère de l'Intérieur plie en moins de 24h
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Dans son tract sans ambiguïté, Unsa-Police invite donc ses adhérents et tous les policiers à ne plus réaliser de contrôles et de verbalisations en cette période de confinement dû à la pandémie de Covid-19. Le tract conclut : «En cette fin de journée du 24 mars 2020, l'urgence est omniprésente et les décisions doivent être prises clairement et rapidement. Face à cette lenteur et l’absence de réponses et de décisions, l'Unsa-Police réitère sa position.»
Les policiers en colère dénoncent le «blabla technocratique»
Le Collectif autonome des policiers d'Ile-de-France a pour sa part déploré sur son compte Facebook : «Il s'agissait pour M. Nunez de rassurer les troupes policières fatiguées et inquiètes [...] les secrétaires généraux des principaux syndicats de policiers, tous grades confondus, ont été conviés à une réunion en visioconférence pour constater que leur connexion avait pour seul dessein d'écouter les leçons du directeur général de la santé [...] L'endormissement par les blablas technocratiques a eu lieu, comme nous l'avions prévu la veille, [et] l'adjoint de la place Beauvau a annoncé aux représentants du personnel [...] que les effectifs de Police ne seraient pas dotés des moyens de protection tels que les masques, gants et lunettes prévus à cet effet sanitaire.»
Nos collègues, fatigués, ne veulent pas mourir, et encore moins donner la mort
Et de dénoncer que les partenaires sociaux «ont pris acte, groggy et KO technique. Circulez ! Rien à voir ! [...] A cet instant où nos sœurs et frères d'arme tombent comme des mouches, touchés par le Covid-19, de nombreux collègues ont pour obligation de rester à la maison, sans pour autant être malades, puisque les pouvoirs publics refusent les tests préventifs et de vérification. Quel autre pays que la France compte 10 % de ses effectifs policiers en arrêt maladie ? [...] Nos collègues, fatigués, ne veulent pas mourir, et encore moins donner la mort. Qui sera alors tenu pour responsable de ces décès ? Oui, maintenant, ça suffit !»
Dans les commissariats, les fonctionnaires s'organisent entre eux
Contacté par RT France le 24 mars concernant le manque d'équipement de protection individuelle, un policier de banlieue parisienne a déclaré : «Dans mon commissariat, des masques FFP2 et des gants en latex sont mis à notre disposition à chaque prise de service. Les masques datent de la grippe aviaire, mais on fait avec.»
Le fonctionnaire interrogé souligne également une rupture parfois constatée dans les commissariats : «Ce qui est flagrant, c'est le manque et le temps que mettent les consignes à venir de la hiérarchie, qui reste dans ses bureaux et palpe de grosse sommes d'argent en fin de mois. Finalement, dans chaque brigade c'est le chef de brigade et les collègues qui doivent se débrouiller sur le tas. [...] On est arrivé à un point où l'on constate clairement le fossé entre le corps de commandement et de direction contre celui d'encadrement et d'application.»
Antoine Boitel