Covid-19 : étendu à de nombreuses communes, le couvre-feu cible également la délinquance
Plusieurs maires et préfets en France, jugeant les mesures de confinement trop souples, ont décidé d'imposer un couvre-feu obligatoire la nuit dans leurs communes. Pour certains, c'est également un moyen de lutter contre la délinquance.
Trop souples, les mesures de confinement ? C'est ce qu'estiment un certain nombre de maires et de préfets de France qui, dénonçant de nombreuses incivilités, ont décidé d'aller plus loin en instaurant un couvre-feu dans leurs communes.
C'est le cas de Nice, où Christian Estrosi a été le premier à instaurer la mesure, suivi rapidement de Montpellier, Perpignan ou Béziers. Dans les Alpes-Maritimes, la préfecture a même décidé de mettre en place un couvre-feu de 22h à 5h dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants, et toutes les communes du littoral. Et la liste s'allonge de jour en jour. Deux préfets, en Guyane et à Mayotte, ont déjà pris des arrêtés de couvre-feu. En Ile-de-France, Colombes, Asnières-sur-Seine, Puteaux, toutes trois dans les Hauts-de-Seine, ont instauré le couvre-feu, tandis que dans le le Val-de-Marne, les villes de Valenton et d'Arcueil souhaitaient faire de même, mais le préfet a retoqué les arrêtés municipaux, signalant que c'était l'une de ses prérogatives, rappelait le JDD le 25 mars dans un article où il listait les 112 villes concernées par le couvre-feu.
Profiter du couvre-feu pour lutter contre la délinquance ?
Le dernier à avoir mis en place le couvre-feu est le maire de Lisieux, dans le Calvados, ce 27 mars. «Je constate qu’un certain nombre de nos concitoyens circulent encore dans les rues de Lisieux, la nuit, ne respectant ni les recommandations du gouvernement ni les gestes barrières nécessaires pour garantir la santé de tous», a déclaré Bernard Aubril à Ouest-France. Le respect du confinement n'est en outre pas la seule préoccupation de l'édile. Bernard Aubril entend aussi se lancer dans une lutte contre la délinquance et les incivilités. Il explique que dans le quartier d’Hauteville, les pompiers ont dû intervenir à de nombreuses reprises pour éteindre des feux de poubelles et que le stade Bielman avait fait l’objet d’intrusions et de dégradations dans la nuit. Et le maire de prévenir : si la situation n’évolue pas, ce couvre-feu pourrait être reconduit.
Le couvre-feu, qu'est-ce que c'est ?
Concrètement, si votre ville est concernée par la mesure de couvre-feu, vous n'avez pas le droit de circuler d'une quelconque façon la nuit, généralement entre 22h et 5h du matin. Seules les professions prioritaires de sécurité, de santé, de collecte et de propreté, ainsi que tout personnel dépositaire de l'autorité publique ou chargé d'une mission de service public, sont libres de se déplacer dans la commune. Le personnel médical ou social, pour ceux qui font des visites à domicile chez des personnes fragiles pour le portage de repas, peuvent généralement circuler également. Pour tout autre déplacement, même pour une raison impérieuse de santé ou d'assistance à un proche, vous devrez être muni d'une dérogation explicite. Même chose pour les déplacements professionnels : une attestation devra en justifier la nécessité.
Nous n’hésiterons pas, là où la situation sanitaire l’impose, à ce qu’un couvre-feu soit installé
Ces mesures ne sont pas envisagées pour le moment au niveau national. Le Premier ministre Edouard Philippe l'a assuré le 23 mars au soir. Tout en indiquant ne pas souhaiter de couvre-feu national, il a dit qu'il ne s'opposerait pas aux maires et préfets qui envisageraient de prendre de telles mesures. «Nous avons donné instruction aux préfets de se rapprocher des maires qui estiment qu’il y a nécessité», a expliqué le Premier ministre. «Nous n’hésiterons pas, là où la situation sanitaire l’impose, à ce qu’un couvre-feu soit installé», a ajouté le chef du gouvernement. Le 25 mars, il en a rajouté une couche. Face aux nombreuses incivilités constatées la nuit, il a déclaré que «les préfets seront peut-être, et sans doute, amenés à prendre des mesures strictes, notamment des mesures de couvre-feu, voire des mesures de confinement plus sévères encore que celles qui prévalent sur le territoire métropolitain», a ajouté Edouard Philippe.