«Viol moral» : Tariq Ramadan de nouveau mis en examen, son avocat dénonce une affaire «grotesque»
Tariq Ramadan a été de nouveau mis en examen dans deux affaires où il est accusé de viol. Et plus précisément de «viol moral» si l'on en croit le témoignage de l'une des accusatrices. L'avocat de l'islamologue dénonce une affaire «grotesque».
Après avoir été entendu le 13 février par les juges d'instruction parisiens plus d'un an après son dernier interrogatoire sur le fond du dossier, Tariq Ramadan a été de nouveau mis en examen pour le viol présumé de deux autres femmes, ce qui porte à quatre le nombre de ces procédures pénales.
L'islamologue suisse âgé de 57 ans est arrivé peu avant 9h30 au tribunal de Paris, en compagnie de sa femme et de son avocat. La veille, le 12 février, dans une publication sur Twitter, Tariq Ramadan semblait s'attendre à ces nouvelles mises en examen alors que, déplorait-il, les juges d'instruction n'avait pas entendu les deux nouvelles plaignantes. Ces deux femmes, interrogées en qualité de témoins par les policiers en février 2019, ont été identifiées sur des photos retrouvées dans l'ordinateur de l'islamologue qui conteste toutes les accusations. Il était déjà mis en examen pour deux viols présumés depuis le 2 février 2018.
Cette affaire est très inquiétante par sa dérive et le dévoiement des règles de droit
«Il y a une volonté de poursuivre Tariq Ramadan coûte que coûte et ce contre les évidences», a réagi auprès de l'AFP son avocat, Emmanuel Marsigny. «Alors que les mensonges des premières accusatrices sont désormais clairement établis, il vient d’être de nouveau mis en examen alors que la première femme visée a elle-même déclaré que les relations avaient été "consenties" et que l’autre femme ne s’est jamais plainte de leurs deux rencontres», a-t-il ajouté. «Cette affaire devient grotesque, elle est surtout très inquiétante par sa dérive et le dévoiement des règles de droit», a conclu l'avocat de Tariq Ramadan.
«Cette relation a été consentie, oui»
Aux enquêteurs, les deux femmes ont raconté, en février 2019, comment l'islamologue les aurait manipulées en les entraînant chacune dans une relation «dominant-dominé» virtuelle avant de les rencontrer. «C'est d'un autre ordre qu'un viol physique, [...] il y a un viol moral», a expliqué une des deux femmes au sujet de deux rencontres en mars 2016 à Paris. «Mais cette relation a été consentie, oui. Il faudrait une autre infraction pour ce genre de personnes», a-t-elle ajouté. Malgré cette affirmation quant à son propre consentement, cette femme, âgée de 37 ans, a fini par se porter partie civile récemment, devenant la 5e femme en France à porter plainte contre l'islamologue.
Une expertise psychiatrique est en cours pour déterminer si les liens instaurés par Tariq Ramadan avec ces femmes «relèvent d'une relation d'emprise».
«Ces femmes ne sont pas sous emprise, c'est vous qui êtes sous emprise. Une emprise politique. Cette instruction est une instruction sous emprise. Ces femmes ont des dépositions changeantes, similaires, concordantes dans leurs mensonges», a pour sa part lancé aux juges d'instruction l'islamologue, selon un procès-verbal qu'a consulté Europe 1. Il y emploie à plusieurs reprises le terme le terme de «mascarade».
Jointe par l'AFP, l'avocate de la plaignante de 37 ans a constaté que «les juges n’ont pas eu la même appréciation des faits dénoncés par ma cliente que [Tariq] Ramadan», ajoutant que sa cliente «réserve ses déclarations pour les juges d’instruction».
Tariq Ramadan est mis en examen depuis 2018 pour «viol» et «viol sur personne vulnérable», pour des faits dénoncés par Henda Ayari et «Christelle», respectivement en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon. Les messages crus, jugés «ambivalents» et «fluctuants» par les enquêteurs, que ces deux femmes ont envoyés à Tariq Ramadan après les faits incriminés ont mis à mal leur version. Or il est toujours poursuivi dans ces deux affaires. Une troisième femme, Mounia Rabbouj, ex-escort girl, l'a ensuite accusé de neuf viols sur la période 2013-2014. Pour ces faits, Tariq Ramadan n'est pas poursuivi. Une 4e plainte a été déposée l'été dernier par une femme surnommée «Elvira», mais son récit n'est pas corroboré par les vérifications de la brigade criminelle et elle ne s'est pas rendue aux convocations de la justice.
Libéré le 16 novembre 2018, après presque 10 mois de détention, Tariq Ramadan a remis ses passeports suisse et britannique et il lui est interdit de quitter la France.