Détention du Russe Vinnik en France : ses avocats dénoncent «torture» et «traitement inhumain»
Pour Zoé Konstantopoulou ancienne présidente du Parlement grec et avocate spécialisée des droits de l’Homme, l’affaire qui vise le Russe Alexandre Vinnik désormais détenu en France n’est «pas une affaire criminelle [mais] une persécution politique».
«Une des affaires les plus importantes depuis des décennies», déclare Zoé Konstantopoulou, avocate spécialiste des droits de l’homme enregistrée en Grèce et aux Etats-Unis, le mardi 28 janvier à Paris.
Dès l’ouverture de la conférence de presse consacrée à l’affaire Alexandre Vinnik, détenu en France depuis le 23 janvier, cette spécialiste du droit pénal international, issue du parti politique de gauche grec Syriza affirme aussi que l’affaire qui vise l’informaticien russe Alexandre Vinnik n’a rien de commun avec une procédure criminelle.
Elle parle en revanche de «persécution d’une personne qui n’a absolument aucune activité criminelle, mais qui a quand même commis le crime d’avoir une connaissance […] très rare dans la technologie blockchain qui permet la création de monnaie électronique […] qui l’a transformé en personne très, très voulue aux Etats-Unis et en France».
A propos des accusations de la France, l’avocate internationale a aussi affirmé : «Ce qui est reproché à Alexandre est tellement vague, tellement imprécis et tellement distancé que personne ne peut lier Alexandre à des accusations concrètes.»
Elle a également souligné qu’une partie importante des délits commis via internet reprochés à son client l’avaient été, selon le dossier français, alors que l’informaticien russe était depuis des mois derrière les barreaux en Grèce, où aucune charge ne pèse contre lui.
Signalement urgent à l'ONU
Zoé Konstantopoulou défend le citoyen russe Alexandre Vinnik depuis septembre 2018, dans les différentes procédures d’extradition qui le visent de la part de la France, des Etats-Unis et de son pays. Elle n’a pas manqué de rappeler que son client, qui a entamé il y a plus d’un mois une grève de la faim, avait déjà été détenu deux ans et demi en Grèce, à seule fin d’étudier ces demandes. Elle a d’ailleurs remis un signalement urgent au groupe de travail de l’Organisation des Nations unies contre la détention arbitraire.
En France, où Vinnik n’est personnellement visé par aucune plainte, il a fait l’objet d’une inscription au répertoire des Détenus particulièrement signalés (DPS) que l’Observatoire international des prisons définit comme soumis à «surveillance permanente et contrainte maximale».
Il n’y a pas une personne au monde qui se présente comme victime d’Alexandre Vinnik
Cette décision laisse estomaquée Zoé Konstantopoulou ; ne fût-ce que parce qu’elle a été prise par l’exécutif avait même l’audience devant le juge des libertés ; mais aussi parce qu’elle vise une personne malade et en grève de la faim, à laquelle aucune action violente n’est reprochée. Zoé Konstantopoulou martèle en outre : «Il n’y a pas une personne au monde qui se présente comme victime d’Alexandre Vinnik.»
A propos des conditions de sa détention en France qui excluent tout contact avec sa famille, Zoé Konstantopoulou estime qu’elles sont «constitutives de torture et de traitement inhumain».
L’AFP a rapporté que le soir de l’audience, le tribunal avait demandé de porter un masque et de ne pas toucher le prévenu, évoquant «un risque sanitaire», ce qui a provoqué l'émoi de ses trois avocats. «Cette mesure crée une ambiance de malaise et de terreur chez M. Vinnik», a alors protesté Zoé Konstantopoulou, son avocate grecque citée par l’AFP.
Puis, la défense du Russe, qui observe une grève de la faim et est apparu le visage émacié à l'audience, a réclamé que les débats soient publics. «Toute la procédure s'est déroulée sans témoin», a souligné son avocate en France, Me Ariane Zimra. Le tribunal a finalement décidé que l'audience se poursuivrait à huis clos et prononcé le placement en détention provisoire d'Alexandre Vinnik.
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