Dénoncée par Hidalgo, une campagne de pub jugée anti-IVG et anti-PMA retirée des gares à Paris
La polémique a vite enflé sur les réseaux sociaux, et même la maire de Paris, Anne Hidalgo s'en est mêlée. Des publicités de l'association Alliance Vita, ouvertement anti-IVG et anti-PMA, affichées dans plusieurs gares parisiennes, ont été retirées.
Une campagne d’affichage de l’organisation anti-IVG et anti-PMA Alliance Vita, lancée dans des gares parisiennes le 2 janvier, a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux, et même la maire de Paris Anne Hidalgo s'en est mêlée.
Sur les quatre visuels, représentant un homme, une femme, une ovule entourée de spermatozoïdes et une personne handicapée, on pouvait lire alternativement : «la société progressera, à condition de respecter»... tantôt «la paternité», «la maternité», «la vie», «la différence». Des messages interprétés par certains comme s'affichant clairement contre l'avortement et la PMA pour toutes qui ouvre la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples lesbiens. La maire de Paris s'est déclarée «profondément choquée et indignée par cette campagne», et a demandé aux deux sociétés qui gèrent ces affichages dans les gares parisiennes «que ces affiches soient retirées immédiatement».
Je suis profondément choquée et indignée par cette campagne anti-IVG et anti-PMA à la Gare du Nord et dans plusieurs autres lieux de la capitale. Je demande à @ExterionMediaFR et #Mediatransports que ces affiches soient retirées immédiatement. pic.twitter.com/7dA6p26Q1B
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) January 2, 2020
Ce qu'a fait la régie publicitaire le jour-même, «avec l'accord de la SNCF Gares & Connexions», a-t-elle précisé dans un communiqué ce 3 janvier. «Deux visuels relatifs à la protection de la maternité et à la protection de la paternité peuvent être entendus comme des messages militants excédant le principe de neutralité qui s'impose dans les transports publics», a expliqué MediaTransports, pour justifier sa décision. L'entreprise précise, par ailleurs, que seulement trois visuels avaient été présentés par l'association en vue de validation, alors qu'un quatrième est apparu dans la presse, mais «non affiché sur les supports de MediaTransports», a-t-elle insisté.
Mathieu Bejot, Directeur de la communication SNCF, contacté par le magazine LGBT Têtu le 2 janvier a précisé qu’il était «bien sûr hors de question d’avoir des messages politiques de quelque manière qui soit sur nos affichages publicitaires». Il a, en outre, demandé au magazine militant «24 heures pour s’entretenir avec la régie publicitaire des gares MediaTransports », et trouver l’origine de cet affichage.
Du côté de la régie publicitaire, Alexandra Lafay, responsable communication, a confirmé le 2 janvier à la rédaction du magazine Têtu qui l'a également contactée que les deux affiches «maternité» et «paternité» seraient retirées des gares dès le lendemain, à savoir ce 3 janvier.Selon elle, la période troublée par les grèves à la SNCF serait à l’origine de cette «négligence» et a tenu à préciser que, ni elle, ni Valérie Decamp, la directrice générale du groupe MediaTransport, «ne partag[aient] les positions d’un autre temps d’Alliance Vita».
Mediatransports retire ce soir les deux visuels relatifs a la protection de la maternité et de la paternité. Les dysfonctionnements liés aux grèves expliquent cette présence non conforme à nos principes de neutralité.@Anne_Hidalgo
— Valerie Decamp (@valeriedecamp) January 2, 2020
Tugdual Derville, le délégué général d'Alliance Vita a dénoncé une «censure» menée «sur injonction de la maire de Paris», et annoncé qu'une double action en référé serait lancée par son association, ce 3 janvier. «Avoir subi tant d’années de pubs consuméristes, agressives, libidineuses, contraires à ce que j’aime et parfois carrément pourries... et s’entendre dire, après-coup, que nos affiches manquent au "devoir de neutralité" ! On hésite entre le rire et les larmes», déplore-t-il.
Avoir subi tant d’années de pubs consuméristes, agressives, libidineuses, contraires à ce que j’aime et parfois carrément pourries... et s’entendre dire, après-coup, que nos affiches manquent au "devoir de neutralité"!
— Tugdual Derville (@TDerville) January 3, 2020
On hésite entre le rire et les larmes.#lasocieteprogresserapic.twitter.com/fsuk0Wdg4M
Cette polémique intervient alors que le projet de loi de bioéthique, trois mois après son adoption par l'Assemblée, sera examiné au Sénat, en commission spéciale la semaine du 7 janvier et en séance à partir du 21, deux jours après une manifestation prévue de la Manif pour tous contre «la PMA sans père».
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