De mouvement à parti : le Printemps républicain entend peser sur la présidentielle de 2022

De mouvement à parti : le Printemps républicain entend peser sur la présidentielle de 2022© RT France
Amine El Khatmi à gauche de la photo, Valérie Pécresse à droite, lors de l'événement du Printemps républicain le 30 novembre.
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Le président du Printemps républicain, Amine El Khatmi, a annoncé que le mouvement allait devenir un parti politique, avec pour ambition «de peser sur la présidentielle de 2022». De gauche à droite, de nombreux visages ont apporté leur soutien.

Près de 500 personnes ont assisté à Paris ce 30 novembre à la transformation de l'association de défense de la laïcité le Printemps républicain (PR) en parti politique. En amont de l'événement, le PR avait annoncé son objectif : rassembler «des millions de Français orphelins sur le plan politique», et entamer «la reconstruction d'une force politique républicaine et progressiste».

Pour ce faire et entrer dans «l'arène politique», le nouveau parti a placé la journée sous le thème de «la République en première ligne», avec pour credo la défense des services publics et la liberté d'expression. Le préfet Gilles Clavreul, l'un des co-fondateurs du Printemps républicain, en 2016, a ainsi discouru sur «la reconstruction d'une puissance publique [pour] résorber les fractures territoriales», «sociales» et «culturelles». Il s'est inquiété de l'«explosion» du vote Front national dans la fonction publique alors que les «fonctionnaires [avant] ne votaient pas pour l'extrême droite». Au demeurant, il note que si la fonction publique, «le cœur sociologique de la République», est séduite par «le populisme» et les «idées radicales, [...] alors tout le reste risque de tomber». Pour lui, il faut donc livrer «la grande bataille des idées» auprès de ceux qui «concourent à l'intérêt général». En souhaitant renforcer les services publics, Gilles Clavreul semble assumer d'aller à contre-courant des politiques menées depuis les années 80. Il prône en somme «une troisième voie» entre l'«orléanisme libéral et la surenchère populiste, qu'elle soit de droite ou de gauche».

Gauche et droite rassemblées pour l'événement

Assises discrètement, de nombreuses personnalités médiatiques ou politiques se sont retrouvées côte à côte dans le public : Serge Moati, Pierre Liscia (élu de Paris, membre de Libres !, parti fondé par Valérie Pécresse), l'ancien député PS Jérôme Guedj, l'écologiste Isabelle Saporta... Des militants qui ont quitté le PS et des chevènementistes étaient également là, curieux de la nouvelle machine politique créée.

Cet esprit éclectique s'est aussi retrouvé parmi les intervenants politiques et intellectuels de la journée, en tribune ou en vidéo : les présidents de région Valérie Pécresse (Libres !) et Xavier Bertrand (tous deux ex-Les Républicains), les anciens ministres Jean-Pierre Chevènement et Bernard Cazeneuve (Parti socialiste), les philosophes Henri Peña-Ruiz et Raphaël Enthoven, le journaliste Philippe Val... Interviewé par nos soins, le président du PR et conseiller municipal d'Avignon, ex-socialiste, Amine El Khatmi assume ces invitations : «Le clivage droite/gauche est aujourd’hui dépassé. Le clivage qui vient, oppose les identitaires et les républicains. Dans ce cadre-là, dans le camp républicain, on peut se retrouver avec Valérie Pécresse, François Baroin, Xavier Bertrand, des gens que l’on combattait il y a cinq ou 10 ans lorsqu’ils étaient au gouvernement et nous dans l’opposition de gauche. Mais aujourd’hui l’état de notre pays, la situation fait que nous devons nous parler entre républicains pour défendre l’essentiel.»

La laïcité ou la lutte contre la «montée des communautarismes» ont été le cœur des principaux discours. Dans cette veine, l'ancien ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement a manifesté son indignation face à la marche parisienne contre l'islamophobie du 10 novembre. «La République est en première ligne» aussi bien pour lutter contre les «communautaristes» que contre les «suprémacistes blancs», a-t-il expliqué. La présidente de Région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a jugé pour sa part que «la République était en danger» : «Quand la République est attaquée, les Républicains des deux rives se retrouvent.» Elle a par ailleurs évoqué une proposition de loi visant à interdire à tout radicalisé islamiste d'être présent sur une liste pour les élections de mars prochain. Sa plus grande crainte ? «L'entrisme» des communautaristes.

Les nombreuses prises de paroles ont souvent attaqué la gauche de «compromission». En vidéo, diffusée en différé, l'ancien maire de gauche de Montreuil et député Jean-Pierre Brard a par exemple été fortement applaudi lorsqu'il a affirmé que la gauche avait «trahi» la laïcité «pour des intérêts électoralistes». Au cours de la journée, la gauche n'a cessé d'être critiquée, dénoncée pour avoir fait des concessions auprès des communautaristes, notamment ceux prônant l'islam politique, ou les indigénistes.

Amine El Khatmi veut relancer le projet d'une gauche républicaine

Dans un discours attendu, Amine El Khatmi a quant à lui dénoncé la gauche qui traite de «fachos» les Français demandant de «l'ordre républicain». Selon lui, cette gauche laisserait le thème de la sécurité à la droite, faisant, finalement, «le jeu de l'extrême droite». «La gauche, avec Benoît Hamon ou Jean-Luc Mélenchon, s'est perdue, le président de la République ne tranche pas», a aussi protesté Amine El Khatmi, qui a déploré le «dévoiement» des idées républicaines.

Autre point clé de son intervention, Amine El Khatmi a expliqué que le Printemps républicain allait désormais mener le «combat» féministe. Il a fustigé ces féministes qui seraient «plus préoccupés à défendre les islamistes se baignant en burkini [que les] victimes d'agressions», comme celles de Cologne en 2015. Amine El Khatmi a accusé le discours de ces féministes qui «demandent à ce que les agresseurs ne soient pas trop montrés du doigt pour ne pas les stigmatiser».

Si le PS avait assumé ses responsabilités et pris à bras le corps ces questions nous n’aurions jamais créé le Printemps républicain

Le Printemps républicain, une énième boutique politique ? Celle-ci n'a pas de vocation élective, d'après Amine El Khatmi. Il confesse que «l'ambition sera de peser sur la présidentelle de 2022». Après une journée marquée par la lutte contre les communautarismes, l'islam politique ou le soutien des services publics, Amine El Khatmi veut que «ces sujets soient abordés, et ne soient pas esquivés comme ils l’ont été en 2017, alors qu’on sortait d’un quinquennat frappé par des attentats terribles». Le PR va également se doter d'un programme qui dépasse le cadre des valeurs morales de la République pour se positionner sur les enjeux tels que l'économie, la fiscalité, l'Europe, l'écologie. «On va s’armer d’un corpus idéologique, programmatique et nous le présenterons aux Français le moment venu», a affirmé Amine El Khatmi.

Une interrogation demeure. Le PR est souvent catalogué comme proche de Manuel Valls : de nombreux membres sont des socialistes ou ex-PS, ayant soutenu ouvertement l'ancien Premier ministre durant la primaire socialiste de 2017. Le Printemps républicain n'agit-il pas ainsi en sous-main pour un ou une machine politique ? «Non ce n’est absolument pas l’objet, ni le sujet», garantit Amine El Khatmi. «Nous sommes totalement indépendants à l’égard du PS», ajoute-t-il. «D’ailleurs si le PS avait assumé ses responsabilités et pris à bras le corps ces questions, nous n’aurions jamais créé le Printemps républicain. Nous l’avons créé sur les ruines d’un débat qui n’a pas été assumé par le PS», argumente-t-il. Dans cette optique, il explique que le Printemps républicain soutiendra «un candidat qui défend [ses] idées».

Bastien Gouly

Lire aussi : Souverainisme : la gauche a-t-elle un problème avec la nation ?

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