Devant les maires de France, Emmanuel Macron prend position sur le communautarisme
Dans un discours lors du Congrès des maires de France, Emmanuel Macron a promis de nouvelles mesures contre le communautarisme «dans les prochaines semaines»... mais s'est montré sceptique sur l'interdiction des listes communautaires aux municipales.
Lors de son discours au Congrès des maires le 19 novembre, Emmanuel Macron a abordé le thème sensible du «communautarisme» – un thème évoqué par la presse et la classe politique, récemment, à l'occasion des polémiques sur le voile islamique.
Des actions nouvelles concrètes dans les prochaines semaines
Visant «l'islam politique» et ceux qui ont «un projet de séparation d'avec la République», le chef de l'Etat a affirmé que le gouvernement porterait «des actions nouvelles concrètes dans les prochaines semaines». Mais, face aux listes électorales communautaires, «il ne s'agit pas de proclamer l'interdiction pour régler le problème», a-t-il déclaré, soulignant la difficulté de les identifier. «Un sujet est venu : celui des listes communautaires [...] comment définirait-on les listes communautaires ? Qui en serait le juge ? Selon quels critères ?», a-t-il fait valoir. «Qui peut penser d'ailleurs que de telles listes se présenteront à visage découvert, avec spontanéité et clarté ?», s'est-il interrogé.
Si les mesures que le gouvernement prévoit de prendre contre le communautarisme ne sont pas encore connues, le président de la République a désigné, dans son discours, une menace bien spécifique : «Je ne peux rester silencieux sur le communautarisme, sur l'islamisme politique», a-t-il introduit le sujet. Le chef d'Etat a d'ailleurs déclaré que dans «certaines communes et quartiers progress[ai]t depuis quelques années un projet de séparation d'avec la République», en évoquant notamment des lieux où «la mixité n'[était] plus possible». Il s'est alarmé du fait que «des services communautaires» visaient parfois à «se substituer» à des services de la République.
Il a enfin appelé à mener un combat à partir des lois de la République pour «débusquer» ceux qui enfreignent, notamment, les principes de «sa devise» («Liberté, égalité, fraternité»).
Listes communautaires : un positionnement qui ne fait pas consensus
A droite, le patron des sénateurs des Républicains Bruno Retailleau a défendu récemment l'idée d'interdire les listes communautaires. Le sénateur a déposé ce mois-ci une proposition de loi en ce sens, proposant que «l’article 2 de la Constitution soit modifié pour donner au principe de laïcité une portée plus effective». Pour Bruno Retailleau, «il faut que le législateur ait le courage de tracer des frontières» en matière «d'interdiction du financement» et «de candidatures de listes communautaristes», alors que les préfets ont aujourd'hui «très peu de moyens».
Une telle loi d'interdiction des listes communautaires est «indispensable», a abondé le président (ex-LR) de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui a réfuté le caractère «anecdotique» de ces listes communautaristes.
Du côté du Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella avait ce mois-ci, de même, prôné l'étude de «toutes les pistes juridiques qui doivent permettre l’interdiction [des] listes communautaires».
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