Un conseiller de Matignon démissionne après des révélations sur un contrat avec Malte
- Avec AFP
L'Italien proche d'Emmanuel Macron qui attendait sa nomination au Parlement européen sur la liste Renaissance en cas de Brexit se voit contraint de démissionner de son poste de «conseiller» à Matignon en raison de contrats qui le lient à Malte.
L'ancien secrétaire d'Etat italien devenu conseiller d'Edouard Philippe, Sandro Gozi, a annoncé sa démission le 23 octobre dans un courrier transmis à l'AFP, après avoir été soupçonné d'avoir travaillé avec le gouvernement maltais tout en étant à Matignon.
Dénonçant de «viles attaques», l'Italien a décidé «à contre-cœur» de démissionner pour «retrouver la pleine liberté de parole» afin de se défendre et «éviter toute instrumentalisation politique qui pourrait porter préjudice au chef du gouvernement [français]» français.
Le contrat maltais mentionné dans la presse régit légalement une mission de conseil effectuée en tant que consultant externe auprès des autorités maltaises
Matignon a indiqué à l'AFP «prendre acte de sa décision qui lui permettra d'apporter sereinement toutes les explications nécessaires» et a dit «remercier» Sandro Gozi «pour le travail accompli depuis août». Le 21 octobre, Le Monde et le quotidien maltais Times of Malta avaient affirmé que Sandro Gozi avait signé un contrat de conseil avec Malte en juin 2018. Le gouvernement maltais comme Sandro Gozi avaient dans un premier temps déclaré au Monde que ce contrat était encore valable, avant de changer de version.
«Le contrat maltais mentionné dans la presse régit légalement une mission de conseil effectuée en tant que consultant externe auprès des autorités maltaises», s'est-il défendu dans le courrier. Cette collaboration «a cessé à [sa] demande après le résultat des élections européennes en France» le 26 mai, poursuit-il, assurant avoir remis des preuves de ses affirmations.
Gozi attendait sa place au Parlement européen
Elu en 22e position sur la liste de La République en marche, Sandro Gozi n'a cependant pas encore siégé comme eurodéputé, en raison des reports successifs du Brexit qui retardent le départ du contingent britannique. En attendant, il a donc été embauché au cabinet du Premier ministre français le 1er août, se voyant au passage taxé de «trahison» par une partie de la classe politique italienne. A cette occasion, l'Italien avait réalisé ses «obligations déclaratives en tant que conseiller ministériel auprès de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique» (HATVP), assure-t-il dans sa lettre.
Il ajoute qu'il a ensuite effectué «un complément déclaratif après avoir réalisé que la législation française exigeait la déclaration non seulement des activités publiques mais également des activités professionnelles privées». Promettant que «ses activités professionnelles n'ont jamais été dissimulées», Sandro Gozi assure «que la HATVP n'a pas encore rendu de résultat conclusif de l'examen de sa déclaration».
Pour qui travaille réellement votre conseiller ?
Le 22 octobre, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le député LR Pierre-Henri Dumont avait sommé le Premier ministre de répondre à cette question : «Pour qui travaille réellement votre conseiller ?» Le chef du gouvernement, Edouard Philippe, a répondu qu'il exigeait de ceux qui travaillent au gouvernement «une parfaite probité et le respect de toutes les règles qui s'imposent à tous ceux qui ont l'honneur de servir la France.»
Sandro Gozi aurait pourtant confirmé lors de son embauche, à en croire Matignon, «que son emploi de cabinet à Matignon était exclusif de toute autre activité professionnelle, a fortiori pour un autre gouvernement.» A la fin du mois de juillet, réagissant à la nouvelle de l'embauche de Sandro Gozi à Matignon, Luigi Di Maio, vice-président du Conseil et leader du Mouvement cinq étoiles, avait proposé de le déchoir de la nationalité italienne : « On doit évaluer s’il faut lui retirer la nationalité italienne : il devient une personnalité d’un autre gouvernement après avoir travaillé pour le gouvernement italien. Il trahit l’Italie. C’est inquiétant .»
L'intéressé, Sandro Gozi, avait lui aussi réagi auprès du journal français L'Opinion en opposant : «Je ne rentre pas au gouvernement, mais je deviens un simple conseiller. Leur requête est politiquement et moralement inacceptable, c’est l’expression d’un nationalisme trivial .» A en croire L'Opinion, depuis la fin de son mandat italien en 2018, Sandro Gozi «est devenu un proche d’Emmanuel Macron» et aurait servi comme «agent de liaison entre Matteo Renzi» et le président français.