«Terroristes déguisés» : en France, l'islamophobie décomplexée de quelques maires

«Terroristes déguisés» : en France, l'islamophobie décomplexée de quelques maires© Wikipedia
La place Saint-Etienne à Roanne (Rhône-Alpes)
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Sur fond de crise migratoire, plusieurs communes de France ont annoncé qu'elles n'accueilleraient que des réfugiés chrétiens, affirmant sans complexe aucun, que les musulmans sont des «terroristes déguisés» qui «décapitent leur patron».

Charvieu-Chavagneux, dans l'Isère. Petite bourgade paisible de 8200 habitants. Sa chapelle, son centre équestre, son parcours de santé. Et son conseil municipal, pour le moins catégorique en matière de politique migratoire. 

Non pas que les élus et la population soient totalement hostiles à l'idée d'accueillir des réfugiés dans leur commune... Mais des musulmans ? Ah non monsieur ! Ils seront chrétiens, point barre.

En effet, le conseil municipal et la Mairie (Divers Droite) vient d'approuver à l'unanimité un texte qui affirme vouloir «pallier la politique étrangère irresponsable de l'Etat en accueillant une famille de réfugiés, à la condition expresse que ce soit une famille chrétienne». 

Tous dans le même sac

De fait, pour les Charvieulands, les personnes de confession chrétienne semblent être plus respectables que les Musulmans car les chrétiens «ne mettent pas en danger la sécurité d'autrui», «n'attaquent pas les trains armés de kalachnikov», «n'abattent pas des journalistes réunis au sein de leur rédaction» et «ne procèdent pas à la décapitation de leur patron comme [nous l'avons vu à quelques kilomètres de notre commune]».

La Mairie explique son choix en affirmant que Charvieu-Chavagneux est située à une quinzaine de kilomètres de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), où Yassin Salhi a tenté de faire exploser une usine après avoir décapité son employeur, le 26 juin.

Dans sa délibération, la commune cite l'appel du Pape François à accueillir des réfugiés mais aussi une promesse de Saint-Louis, en 1250, de protéger les chrétiens d'Orient: «Cette promesse a traversé les siècles, faisant de la France une fidèle protectrice des chrétiens d'Orient», estime la commune.

Le texte se livre à une longue analyse géopolitique faisant de la politique étrangère française une «cause directe de la montée de l'impérialisme guerrier de Daesh». La délibération évoque une «guerre de civilisation» et l'«arrivée massive d'infiltrés djihadistes sur le territoire» en raison d'une «immigration irraisonnée».

Le maire de la commune, Gérard Dézempte, réélu en mars 2014 sous l'étiquette divers droite (après RPR et UMP), est en place depuis 1983. En 1989, il avait fait raser au bulldozer une mosquée qui venait d'être construite dans sa commune. Il avait alors plaidé «l'erreur» en assurant s'être trompé d'endroit.

Dans les années 2000, il avait été poursuivi pour discrimination envers un couple de Français d'origine maghrébine qui voulait acheter un pavillon sur sa commune, avant que la mairie ne tente de préempter le bien. L'élu avait été condamné en première instance et en appel, avant que la cour de cassation n'annule ces décisions.

A Roanne, Romans, Belfort, même son de cloches

A Roanne (Rhône-Alpes), très belle ville de 36 000 habitants qui peut être fière de ses trois fleurs au classement des villes et villages fleuris, c'est le même scénario. Ici, Yves Nicolin (Les Républicains) avait dit souhaiter pouvoir être absolument certain que les réfugiés ne sont pas «des terroristes déguisés» et considère que le fait qu'ils soient chrétiens en représente «une garantie suffisante».

Cette déclaration a été condamnée par le gouvernement, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve la jugeant mardi dernier de «funeste».

A Romans-sur-Isère (Drôme), la maire Marie-Hélène Thoraval (Divers droite) a indiqué mardi qu'elle ne souhaitait pas accueillir de réfugiés, notamment musulmans, de peur de «détériorer l'équilibre social de la ville».

A Belfort (Territoire de Belfort), le maire (Les Républicains), Damien Meslot, avait lui aussi déclaré qu'il accueillerait «en priorité» des Chrétiens de Syrie et d'Irak, affirmant que ces derniers étaient «les plus persecutés dans ces deux pays». Il a néanmoins nié toute amalgame, assurant qu'à aucun moment, il n'a dit qu'il n'accueillerait pas de réfugiés d'autres confessions. 

Après l'étoile jaune, le croissant vert ?

Le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone s'est, lui, indigné ce mercredi des propos des élus cités plus haut : «après l'étoile jaune, on aurait le croissant vert ?» s'est-il offusqué sur les ondes de France bleu, faisant allusion au signe distinctif qu'étaient obligés de porter les juifs durant la Seconde Guerre Mondiale.

Il a, par ailleurs tenu à rappeler à ces élus que si ces derniers mettaient leurs propos en pratique, ils relèveraient de la loi car «la discrimination est condamnée dans le cadre d'un Etat laïc».  

Claude Bartolone a également fait un appel solennel à Jacques Barrot, ex-sénateur centriste décédé et démocrate-chrétien aux positions humanistes affichées : «Je pense que là il faut que les consciences se réveillent. Barrot réveille-toi, ils sont en train de devenir fous!» a lancé le président de l'Assemblée.

Mardi soir, le Premier ministre Manuel Valls a, lui aussi répliqué sèchement aux élus cités plus haut : «On ne trie pas en fonction de la religion. Le droit d'asile, c'est un droit universel».

La France s'est déclarée prête à accueillir 24 000 réfugiés dans les deux années à venir, tandis que 53 premiers réfugiés sont arrivés mercredi matin en région parisienne, en provenance d'Allemagne.

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