«Technopolice» : un collectif dénonce le recours aux technologies de surveillance en milieu urbain
Des associations critiques de l'évolution technologique des moyens de surveillance dans les villes se sont constituées en collectif : Technopolice dénonce les incursions des acteurs privés dans la vie de la cité et lutte contre les «safe cities».
Un collectif d’associations et de syndicats a lancé le 16 septembre une campagne de sensibilisation contre ce qu'il nomme les «safe cities». Ce terme désigne les technologies de surveillance en milieu urbain, il s'agirait selon le collectif d'une «déclinaison sécuritaire de la smart city», dont le but serait de «transformer nos villes en gigantesque tube où les formes les plus avancées du contrôle social pourront être mises au point».
La «Technopolice» ainsi que la nomme le collectif travaillera sur Internet mais également sur le terrain juridique en opposant des recours contre les projets urbains de vidéosurveillance dite «intelligente» impliquant notamment des logiciels de reconnaissance faciale et des drones.
Parmi les villes visées par le site internet du collectif regroupant La Quadrature du Net (LQN), la Ligue des droits de l'homme (LDH) et la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE), figurent notamment Paris, Marseille, Toulouse et surtout Nice, ville «emblème» de la surveillance électronique.
Nice, emblème de la #Technopolicehttps://t.co/ngbYSM5KVvpic.twitter.com/BpJdO7JeZ9
— Marne (@Marne_) September 16, 2019
C'est d'ailleurs le lieu qu'a choisi le collectif pour présenter sa campagne de lutte et son appel à soutiens. Félix Tréguer, de La Quadrature du Net, a ainsi expliqué à Mediapart : «Nous lançons un appel à participation. C’est une campagne qui a vocation à être décentralisée. Cela implique un travail colossal de collecte d’informations et de mobilisations.» Martin Drago, également membre de LQN a ajouté, dans ses propos à Mediapart : «Depuis presque deux ans, la Quadrature du Net et d’autres associations se sont intéressées au développement des soi-disant "villes intelligentes", les "smart cities" comme on les appelle, et surtout à leurs aspects sécuritaires. Avec les dernières avancées, en intelligence artificielle, en big data, on a constaté le développement d’outils de surveillance, de divers projets un peu partout en France.»
Et de dénoncer une potentielle incursion abusive du domaine privé dans l'espace public : «Ceux-ci sont en plus développés en partenariat avec des sociétés privées qui promettent à des élus locaux, à des collectivités le fantasme d’une ville totalement sûre, idéale selon leur propre définition de la sécurité. Ce développement se fait sans contrôle, sans débat public, sans réflexion même sur la légalité ou nos droits fondamentaux. [...] D'une manière générale, il y a beaucoup d’outils que nous appelons des "couteaux suisses sécuritaires" qui englobent plusieurs technologies : reconnaissance faciale, big data, police prédictive, etc. C’est ce que l’on peut voir à l’œuvre au sein de l’Observatoire de la tranquillité publique à Marseille et les projets de "safe cities" de Thalès à Nice et à la Défense.»