Poutine a-t-il fait réfléchir Macron sur les méthodes de la police vis-à-vis des Gilets jaunes ?
Emmanuel Macron envisage de «repenser certaines méthodes d'intervention» des forces de l'ordre pour protéger celles-ci ainsi que les citoyens. Une déclaration qui intervient deux jours après que Vladimir Poutine a évoqué la crise des Gilets jaunes.
La réponse de Vladimir Poutine au fort de Brégançon à propos des manifestations en Russie a-t-elle généré une réflexion chez Emmanuel Macron ? Tout porte à le croire à l'aune des mots du président français prononcés le 21 août lors d'une rencontre avec les membres de l'Association de la presse présidentielle (APP). Un échange avec des journalistes au cours duquel le chef de l'exécutif a évoqué les Gilets jaunes et la mort de Steve Maia Caniço survenue le 21 juin à Nantes.
Le chef de l'Etat a ainsi émis l'idée qu’il faudrait probablement revoir les méthodes des forces de l’ordre après le mouvement des Gilets jaunes, qui a donné lieu, selon lui, à des «blessures inacceptables» tant chez les policiers que chez les manifestants.
Il n'y a pas de liberté s'il n'y a pas d'ordre public. Notre police a agi dans ce cadre. Avez-vous vu l'utilisation que les régimes autoritaires font de la situation française ?
Exprimant sa volonté de tirer les bonnes leçons de ces événements dramatiques, Emmanuel Macron s'est déclaré, à la fois «très vigilant» sur l'état de fatigue des forces de l'ordre, tout en envisageant de «repenser certaines méthodes d'intervention».
«Cela doit nous conduire à repenser certaines méthodes d'intervention, à les relégitimer si besoin», a déclaré le président tout en soulignant qu'il voulait que «la justice soit partout et la transparence avec». «J'ai entendu le rapport par le Défenseur des droits et je recevrai les médecins qui m'ont interpelé sur ce point», a-t-il précisé, évoquant aussi l'enquête en cours concernant la mort du jeune Steve Maia Caniço le 21 juin à Nantes, durant une opération policière controversée.
Passe d'armes entre Macron et Poutine sur les Gilets jaunes
«Il n'y a pas de liberté s'il n'y a pas d'ordre public. Notre police a agi dans ce cadre. Avez-vous vu l'utilisation que les régimes autoritaires font de la situation française ?» Quand ils font une opération policière, «ils disent : "Voyez, c'est pareil en France"». Avec ces violences, «on affaiblit l'Etat de droit», a fait valoir Emmanuel Macron deux jours après l'allusion de Vladimir Poutine, sans toutefois préciser de quel «régime autoritaire» il était question. S'il s'avérait faire référence à la Russie, cette expression contrasterait avec le discours élogieux qu'a tenu Emmanuel Macron lors de sa rencontre avec son homologue russe au Fort de Brégançon.
Lors de sa visite en France, le président russe, au grand agacement du chef d'Etat français, avait en effet évoqué la crise des Gilets jaunes en réponse à la question d'une journaliste sur les «vagues d'arrestation d'opposants [qui] ont eu lieu ces dernières semaines en marge de manifestations pacifistes à Moscou».
«Ce n'est pas très commode de le dire, je suis invité ici [...] Vous savez qu'il y a eu les manifestations des Gilets jaunes... d'après nos calculs, il y a, je crois, onze personnes qui ont été tuées et 2 500 blessées, dont 2 000 policiers. Nous ne voudrions pas que de tels événements se déroulent dans la capitale russe», avait alors plaidé le président russe.