Bientôt la fin des hôtesses sur les podiums du Tour de France ?

Bientôt la fin des hôtesses sur les podiums du Tour de France ?© Jeff Pachoud Source: AFP
Le Français Julian Alaphilippe sur le podium du Tour de France après la 18e étape, le 25 juillet 2019, à Valloire, en Savoie (image d'illustration).
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Un groupe d'Allemandes a lancé une pétition pour mettre fin à la présence d’hôtesses sur les podiums du Tour de France. Si la mesure est déjà effective dans d'autres compétitions, l'organisateur refuse pour l'heure de l'appliquer à la Grande Boucle.

Notre époque aura-t-elle raison des hôtesses présentes sur les podiums du plus grand événement (sportif) français ? C’est en tout cas ce que réclament, dans une pétition lancée sur internet, une douzaine d’Allemandes, qui rappellent que «les femmes […] ne sont pas des objets, pas des récompenses». Elle a pour le moment recueilli plus de 30 000 soutiens.

Les raisons de leur colère ? La présence, à la fin de chaque étape du Tour de France, de plusieurs hôtesses dont la mission est de remettre leurs prix aux cyclistes. Une tradition vue par ces femmes comme une «forme subtile de sexisme». «Les hôtesses sur les podiums servent de décoration et sont un prix pour les cyclistes ? […] En tant que mère, coursière à vélo et fondatrice d'un groupe reconnu à Berlin de cyclistes femmes, trans, inter et de genre non-binaire, je pense que c'est un scandale que ce genre de tradition continue à exister», s’insurgent-elles dans le texte, affirmant que le temps était venu de «rompre avec cette tradition sexiste».

ASO fait la sourde oreille

Parmi ce groupe d’Allemandes, deux  étaient présentes à Boulogne-Billancourt, le 23 juillet, devant le siège d’Amaury Sport Organisation (ASO), l’organisateur de la Grande Boucle. Elles étaient accompagnées par Fatima Benomar, militante pour le droit des femmes, cofondatrice de l’association féministe Les effronté-es. «Ce mardi à 11h, nous nous sommes pointées devant l'ASO avec un podium, des sportives et des hommes torses nus, pour souligner le ridicule de la situation par l'inversion des rôles. Les baisers des femmes ne sont ni une décoration, ni un prix, les femmes ne sont pas des récompenses !», s’est-elle emportée sur les réseaux sociaux. ASO a refusé de les recevoir. Sollicitée par l’AFP, l’organisation n’a par ailleurs pas souhaité faire de commentaire.

Ce n’est pas la première que le sujet défraie la chronique. Début 2018, The Times, quotidien britannique détenu par Rupert Murdoch, annonçait dans un article savoir que «le Tour de France se préparait à mettre fin à la tradition des hôtesses de podium pour remettre leurs prix aux vainqueurs». Au mois de mai 2018, la Ville de Paris affirmait de son côté ne plus vouloir de «potiches […] cantonnées à un rôle de faire-valoir». Des affirmations restées lettre morte.

Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, a elle jugé, sur BFMTV ce 26 juillet, la présence de ces jeunes femmes aux arrivées comme «quelque chose d’un peu surannée».

Tradition immuable ?

Si certains cherchent à remettre en cause cette tradition, d’autres n’y voient aucun problème, à l’instar de Christian Prudhomme, directeur du Tour de France. «Nous ne changerons pas notre mode de fonctionnement car, pour nos courses féminines, ce sont des hommes qui remettent les fleurs aux sportives sur le podium. Je ne vois là aucune misogynie», avait-il déclaré à la mi-février 2018 au quotidien régional Ouest-France.

Idem pour l’ancienne ministre des Sports Laura Flessel. Sur le plateau de France Inter, le 16 mai 2018, la double championne olympique affirmait : «Les jeunes filles qui accueillent les coureurs du Tour de France ne sont pas des potiches, elles ne sont pas mal utilisées. Il ne faut pas voir du sexisme partout.»

Chez les cyclistes, l’idée de supprimer les hôtesses ne trouve pas vraiment de relai. «Je trouve ça scandaleux de pouvoir imaginer supprimer les miss […] Cela fait partie de l'histoire du cyclisme, du Tour de France et même de toutes les courses. C'est bien pour elles, pour l'image du cyclisme et des femmes», s’insurgeait en 2018 l’actuel maillot jaune du Tour, le Français Julian Alaphilippe, au micro d’Eurosport.

Christian Prudhomme avait abondé dans ce sens dans un entretien accordé à Ouest-France: «De jeunes femmes, qui étaient hôtesses l’année dernière, m’ont plutôt appelé car elles s’inquiétaient de ne pas être gardées sur l’édition 2018 du Tour.»

Le sport en mouvement

Le cyclisme a largement évolué sur le sujet ces dernières années. En Australie, sur le Tour Down Under, couru en début de saison, ce sont désormais de jeunes cyclistes qui sont chargés de remettre bouquets et trophées aux vainqueurs. Idem pour le tour de Californie, qui a récemment décidé de retirer les hôtesses des podiums. Même tendance sur le tour d’Espagne (organisé par ASO), où les hôtesses sont accompagnées d’hommes et ne font plus la bise aux coureurs.

Avant le cyclisme, c'est la Formule 1 qui avait fait office de précurseur. Depuis la saison 2018, le championnat du monde de Formule 1 a mis fin aux grid girls, ces jeunes femmes chargées de tenir les drapeaux des différents pilotes, le plus souvent dans des tenues très légères. Elles ont été remplacées par des grid kids, de jeunes pratiquants sélectionnés dans les clubs de sport automobile locaux. Certaines hôtesses s'en étaient offusquées, comme Rebecca Cooper, qui avait regretté sur Twitter qu'on l'empêche de faire un travail qu'elle aimait et dont elle était fière.

Alexis Le Meur

Lire aussi : Des hôtesses de Formule 1 accusent les féministes de leur avoir fait perdre leur job

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