Pénurie de médecins, climat d'anxiété... Où en est la grève des urgentistes ?
Entamé il y a près de quatre mois, le mouvement de grève des urgentistes se poursuit dans de nombreux hôpitaux français. La profession dénonce une situation critique alors que les solutions continuent de se faire attendre...
Témoignant d'un profond malaise dans les services d'urgences hospitalières français, un mouvement de contestation d'une ampleur inédite a débuté dans la capitale au mois de mars 2019, faisant progressivement tache d'huile dans l'Hexagone. Massivement plébiscitée par les citoyens français, la grève des urgentistes suit ainsi son cours en cette période estivale. En région parisienne, le mouvement poussait le 27 juin la direction de l'AP-HP à proposer la création de 230 emplois.
Mais la situation demeure critique, et les solutions se font attendre à l'échelle du territoire français. A l'image des dysfonctionnements dénoncés par la profession, le service mobile d’urgence et de réanimation (Smur) de l’hôpital de Lens (Pas-de-Calais) ne pourra par exemple pas ouvrir tous les jours cet été, faute de médecins disponibles. Comme le rapporte l'AFP ce 9 juillet, 11 des 18 médecins urgentistes du centre hospitalier ont présenté leur démission depuis l’hiver dernier et seront partis d’ici la fin du mois d'août. Le chef du pôle urgences au sein du groupement hospitalier de l’Artois, Alain-Eric Dubart, explique en effet que «l’équipe de jour du Smur a cessé son activité temporairement à partir du 1er juillet». La deuxième équipe, qui fonctionne normalement 24 heures sur 24, est toujours opérationnelle mais verra «quelques plages non pourvues durant l’été», précise le responsable.
Dans la Nièvre, la grève des urgentistes du centre hospitalier de l'agglomération de Nevers suit son cours dans un climat d'anxiété. Comme le rapporte Le Journal du centre ce 9 juillet, les personnels de l'établissement dénoncent ce qu'ils estiment être des carences «à la limite du supportable». Les représentants des personnels, syndiqués ou non, se montreraient particulièrement préoccupés. «Combien de temps pourra-t-on encore tenir comme ça ?» se demande ainsi un urgentiste cité par le quotidien régional.
De son côté, alors qu'elle se déclare depuis plusieurs semaines «solidaire des urgentistes en grève au niveau national», l'intersyndicale des urgences de l'hôpital de Narbonne (Aude) envisagerait désormais de rejoindre le mouvement, explique Le Midi Libre. «Certains à Narbonne s’interrogeaient ce 8 juillet [...] La liste est longue mais les principales revendications reposent sur un manque de personnel, un manque de lits dans l’hôpital, des services saturés, ce qui débouche sur de l’agressivité de certains patients obligés d’attendre en moyenne trois heures dans des locaux exigus», commente en effet le quotidien occitan.
Dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, c'est le service d’urgences de nuit de Sisteron qui s'apprête à fermer ses portes à partir du 15 juillet. «Les urgences de l'hôpital n'accueillent plus les patients de 20h30 à 8h30», précise ainsi un article du Dauphiné Libéré.
A l'hôpital de Toul (Meurthe-et-Moselle), le service des urgences est lui aussi en grève pour exprimer son ras-le-bol face au manque de moyens humains et financiers. Ici, le mouvement perdure «depuis le 16 juin» rapporte L'Est Républicain.