Les enseignants grévistes «n'ont pas été élus au suffrage universel», proclame Sibeth Ndiaye
Une nouvelle pépite pour la porte-parole du gouvernement. Evoquant le boycott des corrections du bac, Sibeth Ndiaye a expliqué que les grévistes non-élus n'étaient pas légitimes pour faire grève. La macronie remet-elle en cause un droit fondamental ?
Habituée des coups de com et de quelques couacs, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a adopté un ton autoritaire face aux professeurs qui se sont mis en grève des corrections du baccalauréat, pour dénoncer la réforme du lycée. Sur Sud radio, le 4 juillet, elle a ainsi déclaré : «Ils n'ont pas été élus par les citoyens au suffrage universel. Donc à un moment donné, il faut aussi qu'on puisse avancer, évidemment dans le dialogue.» Sauf que de nombreux enseignants comme le collectif les Stylos rouges ou encore le principal syndicat du secondaire Snes estiment n'avoir jamais été écoutés par le gouvernement.
Dans cette même interview, Sibeth Ndiaye propose également aux enseignants des mois plus opportuns pour faire grève : «Je respecte le droit de grève, mais la grève on peut la faire au mois de mars, à d'autres moments.»
"Le Ministre #Blanquer a mis en place un dispositif de telle sorte que tous les élèves auront leur note demain. La #grevedubac peut se faire au mois de mars. Il y a une forme d'injustice envers ceux qui ont bûché pour l'examen."@SibethNdiaye#SudRadioMatinhttps://t.co/5ShrxAPrSbpic.twitter.com/XBz67WXo5V
— Sud Radio (@SudRadio) 4 juillet 2019
Preuve d'un nouveau signe de déconnexion, Sibeth Ndiaye oublie que plusieurs appels à la grève ont été lancés par les syndicats de professeurs et le collectif les Stylos rouges depuis plusieurs mois... notamment le 19 mars. Des incidents étaient d'ailleurs survenus au rectorat de Toulouse avec une intervention musclée des forces de l'ordre à l'encontre des enseignants, qui protestaient justement contre la réforme du lycée. Ne voyant aucune évolution dans leur revendication, les Stylos rouges avaient d'ailleurs averti le gouvernement le 8 avril d'une grève et d'un boycott des examens pour la fin de l'année scolaire en cas de statu quo.
Enfin, au cours de l'interview, Sibeth Ndiaye avertit les grévistes du baccalauréat qu'une sanction est d'ores et déjà prévue : «Il y a un truc syndical de base : [faire grève] se traduit par le fait qu'on ne travaille pas et donc par des retenues sur salaire.»
Sibeth Ndiaye semble se montrer peu compréhensive concernant les revendications des professeurs. Son attitude a été largement dénoncée sur les réseaux sociaux. Nombreux professeurs et commentateurs affirment que si les grévistes n'ont pas été élus au suffrage universel, ni le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, ni Sibeth Ndiaye, n'ont été élus par la nation.
Certes, c'est exact : les profs n'ont pas été élus au suffrage universel. Mais Sibeth Ndiaye non plus, pas plus que Jean-Michel #Blanquer d'ailleurs... #Bac2019https://t.co/l4CKWDtFzD
— florenceclavaud (@florenceclavaud) 4 juillet 2019
Il me semble que Sibeth Ndiaye non plus n'a pas été "élue au suffrage universel"...
— Louis Riel (@LouisRielFrance) 4 juillet 2019
D'autre part, "les profs", comme elle dit, n'ont pas tous eu la chance, comme #SibethNDiaye, d'être pistonnés par papa maman hauts magistrats.
Donc un peu de respect SVP.https://t.co/LSI7a3Omqg
D'aucuns voient également dans les propos de la ministre une atteinte au droit de grève, notamment si celui-ci devait être réservé aux élus.
Pas de mandat, pas de droit de grève ?
— Gaëtan Escorbiac (@GaetanEscorbiac) 4 juillet 2019
Bac : pour Sibeth Ndiaye, seuls les élus peuvent faire grève.#baccalaureat2019#BacBlockhttps://t.co/MeEJb9z12b
@SibethNdiaye, porte-parole du gouvernement, estime-t-elle que, désormais, en Macronie, seuls les élus ont le droit de grève ?#LaDictatureNEstPlusEnMarcheElleEstArrivée
— Serge Dutilleul (@SergeDutilleul) 4 juillet 2019
Bac : les grévistes "n'ont pas été élus au suffrage universel" tacle Sibeth Ndiayehttps://t.co/sEVQyDPnpJ
Sibeth Ndiaye a malgré tout joué du refrain macroniste, le fameux «et en même temps», défendant ainsi «une société du dialogue et de la démocratie sociale», estimant qu'«il ne faut pas être dans une position qui consisterait à dire eux contre nous», mais, ajoute-t-elle, «ça ne peut pas non plus vouloir dire l'immobilisme». Pensée complexe ?
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