40 000 nouvelles grenades à main pour les forces de sécurité intérieure

40 000 nouvelles grenades à main pour les forces de sécurité intérieure© ALEX MARTIN Source: AFP
Policiers d'intervention à Lyon le 9 février 2019 à Lyon (image d'illustration).
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Malgré les polémiques liées au maintien de l'ordre au cours de la crise sociale des Gilets jaunes et aux blessures qu'elles ont occasionnées, Beauvau entérine une commande de 40 000 nouvelles grenades pour les forces de l'ordre.

Le ministère de l'Intérieur étoffe l'équipement de ses effectifs de police et de gendarmerie en attribuant à l'entreprise Alsetex, le 2 mai, l'appel d'offres appelant à livrer pour ses forces intérieures 40 000 nouvelles grenades à main à effet assourdissant (GMD) utilisées en matière de maintien de l'ordre.

Cet appel d'offres pesant 1,84 million d'euros et lancé le 25 août 2018 était antérieur aux polémiques liées à cette arme qui a occasionné de graves blessures au cours des opérations de maintien de l'ordre, lors de la crise sociale des Gilets jaunes. Toutefois, comme le relève le site d'investigation indépendant Bastamag, la commande de cette arme classée «matériel de guerre de catégorie A2» tombe très mal, après des dizaines de cas de blessures graves, voire de mutilations, impliquant l'usage de ces grenades.

Par ailleurs, depuis le début de cette crise sociale, le ministère de l'Intérieur a enregistré 4 952 jets de GMD. En 2016, Beauvau n'en avait comptabilisé que 866 pour toute l'année.

Déjà, au mois de décembre 2018, une polémique avait éclaté lorsque le ministère de l'Intérieur avait passé commande de plus de 1 000 lanceurs de balle de défense (LBD) pour la gendarmerie, et la police nationale alors que l'arme avait été impliquée dans des cas d'éborgnements en marge de manifestations des Gilets jaunes.

Le 20 mai 2019, deux juges d'instruction parisiens avaient décidé de faire comparaître un fonctionnaire de police CRS à un tribunal d'assises, pour avoir éborgné un militant du syndicat SUD, après avoir lancé une grenade de désencerlement en 2016. Le policier sera donc jugé par un jury populaire pour «violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par personne dépositaire de l'autorité publique.»

Joint par RT France, le porte-parole de l'Union des policiers nationaux indépendants, Jean-Pierre Colombies, avait alors déclaré à propos de cette affaire : «Après les manifestations des Gilets jaunes, il y aura des dizaines d'autres cas similaires. Les flics seront comptables de leurs actes et pas [le ministre de l'Intérieur] Christophe Castaner, qui devrait pourtant assumer ses instructions de fermeté. Mais à la limite, les collègues auraient dû y réfléchir avant et faire preuve de discernement lorsqu'ils ont été confrontés à des ordres débiles. Ce ministre a fait sauter toute la préfecture de police de Paris pour se couvrir, vous croyez qu'il va aller défendre des pauvres flicards aux assises ? A titre personnel, je l'ai assez dit sur tous les plateaux où j'ai été invité : l'autorité suprême peut bien donner le feu vert aux policiers d'agir comme certains ont agi, mais l'autorité judiciaire, elle, fait son travail, elle ouvre des procédures et lorsqu'on arrive aux assises, ce sont les jurés qui décideront, là on ne maîtrise plus rien, et le policier risque plus de dix ans de prison ferme.»

Antoine Boitel

Lire aussi : Manifestant éborgné en 2016 : un CRS renvoyé aux assises, les syndicats de police montent au créneau

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