Marlène Schiappa a-t-elle exagéré les menaces dont elle a fait l'objet ?
Le 27 mai, Marlène Schiappa a affirmé sur Facebook avoir fait l’objet de menaces de mort devant son domicile par un groupe de Gilets jaunes, ce que contestent ces derniers et ne figure pas dans le rapport de la police.
Au lendemain des élections européennes, le 27 mai, la secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes a affirmé dans une publication Facebook avoir fait l’objet d’insultes et de menaces de mort par des Gilets jaunes rassemblés devant son domicile dans la nuit du 24 au 25 mai. «Schiappa, on est venu te crever !», aurait, selon elle, été proféré.
Quelques heures après avoir publié son récit sur la toile, la secrétaire d’Etat est revenu sur l’incident au micro de RMC : «Nous avons été réveillés peu avant une heure du matin par une quarantaine de Gilets jaunes en furie sous nos fenêtres [qui étaient] en train de jeter des pétards sur la maison, de crier des insultes, des menaces de morts [et] de taper sur les portes et fenêtres. Ils [ont] également dégradé la porte et collé des affiches de façon extrêmement violente…». Elle a alors en outre affirmé, sans grande certitude, que l’incident avait duré un «peu plus» d’une quinzaine de minutes. Le même jour, sur CNEWS, elle a décrit en des termes similaires ces présumés violences.
Remontés par les accusations de Marlène Schiappa, certains Gilets Jaunes, affirmant avoir été témoins de l'incident, ont tenu à exprimer leur version des faits.
«L’intervention des gilets jaunes à votre domicile a duré 3min30. Durant ce temps, en effet, des pétards ont été lancés, des coups de sifflet et de corne ont retenti et des chants [de] Gilets jaunes ont été chantés. Une affiche A4 a été collée sur votre porte avec de l’eau […]. Grâce à la vidéo que nous avons vu et qui tourne dans les médias maintenant, on peut constater que l'on est loin [de vos] accusations. On vous cite : "En hurlant des slogans agressifs, des menaces de mort" ou encore "aux bruits de frappe sur les portes et fenêtres" et "Schiappa, on est venu te crever et assimilés adressés à leur mère."», écrivent-ils dans une lettre ouverte destinée à la secrétaire d'Etat.
Avant de poursuivre : «Nous nous permettons de noter que des insultes ont été lancées : enfoiré, collabo, salope [insultes que les gilets jaunes rencontrés ne cautionnent pas]. Cependant nous cherchons encore les menaces de mort envers votre personne.»
Une insulte, des lancers de pétards mais aucune menace de mort selon un rapport de police
Au-delà de ces deux versions des faits, il en existe une troisième : celle de la police. Selon un rapport auquel Le Point affirme avoir eu accès, une insulte a bien été proférée à l’encontre de Marlène Schiappa aux alentours de minuit et demi : «Salope, sors de là !».
«La secrétaire d'État qui a affirmé vouloir déposer une plainte pour, entre autres, menaces devra convaincre un tribunal que l'injure peut également être comprise comme une menace», écrit l’hebdomadaire.
Le rapport de police rapporte en outre que la scène a duré 9 minutes et que les dégradations se sont limitées à un tag «GJ» face au domicile de Marlène Schiappa et à une inscription à la peinture blanche sur la chaussée «Gilets jaunes 72».
Dans une vidéo qui dure environ cinq minutes, on peut en effet voir certains individus jeter des pétards contre la façade de la maison où réside Marlène Schiappa ainsi qu'un homme coller une affiche sur la porte. Une scène qui précède l'intervention de l’époux de Marlène Schiappa qui tente sans grand succès de calmer le groupe. Si les chants et une insulte sont bien audibles, la vidéo ne confirme pas en revanche les dégradations et menaces de morts évoqués par Marlène Schiappa.
Ce n'est pas la première fois que la résidence d'un membre de la majorité présidentielle est visée par des perturbations ou des dégradations. Au mois de février 2019, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nunez évoquait pas moins de 80 cas de permanences ou de domiciles de parlementaires visés depuis le début des Gilets jaunes.