Gilets jaunes : la famille de Zineb Redouane, tuée après un tir de lacrymogène, porte plainte
Zineb Redouane, 80 ans, avait trouvé la mort après qu'une grenade tirée par les forces de l'ordre a traversé sa fenêtre, lors d'une manifestation des Gilets jaunes en décembre. Sa famille va porter plainte. L'avocat demande le dépaysement du dossier.
La famille de Zineb Redouane a annoncé le 15 avril avoir porté plainte pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner». Cette décision intervient quatre mois après le décès de l'octogénaire, qui a trouvé la mort après un tir de grenade lacrymogène des forces de l'ordre, qui a traversé sa fenêtre lors d'une manifestation des Gilets jaunes le 1er décembre 2018 à Marseille.
En rouge, Milfet Redouane.
— Sihame Assbague (@s_assbague) 10 avril 2019
Sa mère, Zineb, est décédée après avoir reçu une grenade lacrymo en pleine tête. Elles se parlaient au moment du drame. Elle l'a entendue crier "ils m'ont visée", en parlant des policiers. Depuis, famille & soutiens se battent pour obtenir des réponses. pic.twitter.com/ZRVw6IJcag
Accourue à sa fenêtre pour fermer ses volets, Zineb Redouane avait reçu le projectile en plein visage. Malgré une intervention hospitalière en urgence, la vieille dame est décédée quelques heures plus tard. Des capsules actives de grenades lacrymogène MP7 ont été retrouvées au domicile de la victime.
L'avocat de la famille demande le dépaysement du dossier
La version des faits avancée par le procureur de Marseille Xavier Tarabeux, qui avait attribué la cause du décès à un arrêt cardiaque survenu durant l'opération en urgence de la vieille dame, est contestée par la famille. Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille Redouane (par ailleurs également avocat des proches d'Adama Traore) ne parvient pas aux mêmes conclusions à la lecture du rapport d'autopsie, comme il l'a expliqué le 15 avril sur le plateau de RT France. Il réclame ainsi le dépaysement du dossier.
Yassine Bouzrou a conclu que le tir de la grenade avait un lien avec le décès. L’avocat estime que les allégations du procureur sont fausses, et démenties par l'autopsie.
Une information judiciaire avait donc été lancée pour rechercher les causes de la mort, et l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait été saisie.
La fille de la victime, Milfet Redouane, avait écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour demander de bannir ces armes. «La vraie sagesse c’est d’interdire ces armes qui mettent la vie des autres en danger», avait-elle imploré.
Le 2 mars 2019, les proches de la Zineb Redouane avaient organisé une marche blanche pour la défunte à Marseille.
Avec la fille de Zineb Redouane, à Marseille, octogénaire décédée à l'hôpital des suites d'un tir policier (grenade lacrymogène MP7) à la tête pic.twitter.com/flZWLbLbxQ
— Revue Ballast (@RevueBallast) 12 avril 2019
#ActeXXII Tarbes (65)
— Alegría Nohay 2080 (@AlegriaNohay) 15 avril 2019
Les manifestants #Giletsjaunes n'oublient pas #ZinebRedouane#justicepic.twitter.com/LxLrkjNrsY
Des hommes politiques ont aussi salué la mémoire de l'octogénaire, tels Jean-Luc Mélenchon ou Danielle Obono, de La France insoumise. «Zineb Redouane, Marseillaise de 80 ans, est morte d'une grenade de désencerclement, monsieur Macron. Vous niez son existence ?», avait tempêté le leader des Insoumis.
Zineb Redouane, Marseillaise de 80 ans, est morte d'une grenade de désencerclement, monsieur #Macron. Vous niez son existence ? 11 personnes mortes faute de sécurisation des zones d'occupation des ronds-points. C'est de la faute de leur bêtise ? Halte au mépris.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 29 janvier 2019
.@EmmanuelMacron : “Le 2 avril nous serons à 4 mois du décès de #ZinebRedouane, ma mère. Mais moi je suis restée au 2 décembre. Tous mes jours ont la même date. Le temps s’est arrêté pour moi à cette date. Ma mère est morte ce jour-là, et depuis c’est chaque jour que je meurs." https://t.co/nWsLlYk6J9
— Députée Obono (@Deputee_Obono) 1 avril 2019
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