«Cannibales», «sauvages», «dégénérés» : les insultes de Brigitte Bardot aux Réunionnais indignent
Prenant la défense des animaux qu'elle estime maltraités dans l’île de La Réunion, l'ancienne actrice Brigitte Bardot a abreuvé les habitants d'insultes dans une lettre au préfet. Les Réunionnais auraient selon elle «gardé leurs gênes de sauvages».
«Autochtones» qui auraient gardé «leurs gênes de sauvages», coupables de «barbarie»... Brigitte Bardot s'est lâchée sur les Réunionnais qu'elle a copieusement insultés dans une lettre datée du 18 mars, adressée au préfet de l'île de La Réunion. Ses propos ont été condamnés par différentes personnalités d'Outre-mer ou de France métropolitaine.
Faisant état de mauvais traitements infligés aux animaux dans ce qu'elle qualifié «d'île démoniaque», l'ancien mythe du cinéma devenue activiste de la cause animale a inondé les habitants de substantifs peu flatteurs.«Cette île qu’ils appellent "l’île du diable" est la seule parmi tous les départements et territoires d’Outre-mer français qui continue à se conduire aussi sauvagement avec les animaux», écrit la militante dont la fondation d'assistance aux animaux porte le nom.
L’ancienne actrice dépeint tout d’abord le triste sort des chats et chiens, selon elle en majorité euthanasiés sur l'île. Décrivant par exemple des fêtes tamoules au cours desquelles des chèvres et des boucs seraient décapitées, elle estime que ces célébrations ont «des réminiscences de cannibalisme des siècles passés» et devraient être interdites. Elle jette l'opprobre sur une «population dégénérée encore imprégnée des coutumes ancestrales, des traditions barbares qui sont leurs souches».
Elle appelle en conclusion le préfet à interdire les pratiques cruelles pour les animaux, à «faire preuve de courage» et à «rendre à cette île démoniaque un peu de l’humanité qu’elle a perdue». L'authenticité du courrier a été confirmé par la fondation Brigitte Bardot, contactée par le réseau télévisé La 1re.
Réactions outrées de la classe politique et plaintes en cours
Les propos de l'icône de 84 ans ont indigné de nombreuses personnalités politiques. Annick Girardin, la ministre des Outre-mer, a annoncé qu'elle s'associerait à la plainte qui ne manquera pas d'être déposée par le préfet.
Brigitte Bardot a transmis aujourd'hui à l'État une lettre ouverte dans laquelle elle qualifie, entre autres insultes, les Réunionnais "d'autochtones" ayant gardé leurs "gênes de sauvages".
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) 19 mars 2019
Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, a retweeté le message de sa collègue et adressé sa «solidarité aux habitant/es de La Réunion insultés».
Aucune forme de racisme n’est acceptable, au nom d’aucune cause !
— 🇫🇷 MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) 19 mars 2019
Je soutiens la démarche du Préfet de #LaRéunion et @AnnickGirardin et adresse ma solidarité aux habitant/es de La Réunion insultés. https://t.co/eHgtcM8O5h
Nassimah Dindar, sénatrice centriste de La Réunion, a tancé la militante. «La maltraitance animale est inadmissible, l’outrance et l’injure tout autant ! Qui d’entre les Réunionnais et vous est le plus "sauvage" ?», a-t-elle demandé.
« Les autochtones ont gardé leurs gènes de sauvages » ! Mme @brigitte_bardot la maltraitance animale est inadmissible, l’outrance et l’injure tout autant! Qui d’entre les Réunionnais et vous est le plus « sauvage »? #LaReunion@zinfoslivehttps://t.co/0A6kpHRceT
— Nassimah Dindar (@NassimahDindar) 19 mars 2019
L'association SOS Racisme a annoncé qu'elle allait porter plainte.
"Population dégénérée", "traditions barbares", "île démoniaque" : les propos racistes de @brigitte_bardot à l'encontre des habitants de l'île de La Réunion sont intolérables, raison pour laquelle @SOS_Racisme va déposer plainte. https://t.co/T0pf14xlHS
— SOS Racisme (@SOS_Racisme) 19 mars 2019
Il est à noter que si Brigitte Bardot s'en prend aux «autochtones» réunionnais, l'île fut pourtant inhabitée jusqu'à une époque relativement récente. Au début du XVIIIe, elle ne compte que 2 000 habitants, pour moitié composés d'esclaves d'Afrique et de Madagascar. Plus tard, des Indiens, du Sud notamment, et des Chinois rejoignent l'île.
La militante de la cause animale a déjà été condamnée à cinq reprises pour incitation à la haine raciale, notamment pour des propos tenus contre les musulmans. Elle avait déclaré que cette communauté «nous détrui[sait], détrui[sait] notre pays en imposant ses actes».