Gilets jaunes : le message de l'ONU à la France divise la classe politique (VIDEOS)
Ce 6 mars, l’ONU a réclamé à Paris l'organisation d’une enquête sur les «usages excessifs de la force» contre les Gilets jaunes. Un appel sous forme de critique diversement apprécié au sein de la classe politique française.
Les Nations unies ont fait part de leur inquiétude ce 6 mars d'un «usage excessif de la force» lors de manifestation des Gilets jaunes. Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l'homme à Genève, le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU Michelle Bachelet a déclaré : «Nous encourageons le gouvernement [français] à poursuivre le dialogue et demandons urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d'usage excessif de la force.»
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a peu après réagi à la déclaration de l'ONU lors du compte-rendu du conseil des ministres : «Il faut, je le dis, s'étonner tout de même de se retrouver, cité dans une liste entre le Venezuela et Haïti, où il y a eu des morts», affirmant néanmoins : «Lorsque l'ONU s'exprime [...] la moindre des choses c'est de l'écouter.»
Interrogé par RT France, le député La République en marche (LREM) Jean-François Cesarini, estime qu'il demeure particulièrement difficile pour les forces des ordres de gérer des manifestations qui ne «sont pas classiques».
«Les violences les plus fortes [éclatent lors] de manifestations qui ne sont pas déclarées. On voit quand même que les violences ont plutôt tendance à baisser de samedi en samedi parce que les Gilets jaunes eux-mêmes sont en train de s’organiser autrement avec des services d’ordre mieux encadrés […], il y a quelques choses qui est en train de bouger», constate-t-il tout en soulignant que les violences pointées par l’ONU concernent celles survenues lors des premières manifestations des Gilets jaunes. Néanmoins, pour lui, comme pour Benjamin Griveaux, «ce que dit l’ONU doit être entendu» par la France.
Pour Danièle Obono, «la France doit rendre des comptes à l'ONU»
Invitée ce 6 mars sur le plateau de RT France, la députée de la France insoumise Danièle Obono estime que cet appel de l’instance onusienne est le signe que la situation est «extrêmement grave» : «Ce n’est pas la première alerte que fait l’ONU sur la situation en France. Le 14 février dernier, un groupe d’experts de l’ONU spécialistes des questions de défense des libertés de manifester avait alerté sur le fait qu’il se passait un nombre de choses extrêmement graves dans notre pays.»
Dénonçant «une dérive autoritaire» du pouvoir à l’égard des manifestants, des organes de presse ou encore d’opposants politiques, Danièle Obono accuse le pouvoir, Emmanuel Macron en tête, d’«instrumentaliser» la justice et la police «pour faire taire une opposition» alors que sa politique économique est critiquée. «Je ne crois pas que la France […] dans une si courte période, avec un pouvoir qui est là depuis 20 mois, ait reçu autant de condamnations. Il y a [déjà eu] des condamnations sur la question des violences policières ce n’est pas nouveau.»
Réagissant à la réponse du Premier ministre Edouard Philippe qui avait affirmé plus tôt sur BFMTV que la France n’avait «pas attendu le Haut-commissaire de l’ONU pour faire la lumière sur les faits», la député insoumise juge normal que «la France doi[ve] rendre des comptes à l’ONU».