«Artifice politicien», «humiliation» : la réponse du gouvernement aux Gilets jaunes ne convainc pas
Après l'annonce par le Premier ministre d'un moratoire de six mois sur la hausse de la fiscalité sur le carburant, les réactions politiques ont afflué. Une vague d'indignation a unanimement submergé l'opposition.
Sous pression de la mobilisation des Gilets jaunes, Edouard Philippe a annoncé ce 4 décembre un moratoire de six mois sur la hausse de la fiscalité sur le carburant. Au lendemain de sa rencontre avec les responsables des formations politiques et les présidents des groupes parlementaires, ceux-ci ont rapidement commenté la décision du Premier ministre. Entre pessimisme et indignation, l'opposition n'a pas été convaincue par l'annonce gouvernementale.
«Artifices politiciens», «sursis», «ça n’est pas possible» : vague d'indignation de gauche à droite
Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que le président de la République et son Premier ministre n'avaient pas pris «la mesure du moment». «On n'apaise pas une révolution citoyenne avec ce genre d'artifices politiciens» a, entre autres, déclaré le député des Bouches-du-Rhône, notant par ailleurs que le moratoire annoncé par Edouard Philippe correspondait à «des reports de taxe jusqu'à après les élections européennes».
#Macron et #Philippe n'ont pas pris la mesure du moment.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 4 décembre 2018
Ils annoncent des reports de taxe jusqu'à après les élections européennes.
On n'apaise pas une révolution citoyenne avec ce genre d'artifices politiciens.#GiletsJaunes
«Un bricolage reportant les décisions à après les élections», a également noté son camarade de Lille, Adrien Quatennens. Si le député du Nord a noté que «le pouvoir change[ait] de ton», il a toutefois rappelé la revendication principale, selon lui, du mouvement citoyen : «Les Gilets jaunes portent un message clair : qu’il cède ou qu’il parte.»
Grâce à la mobilisation, le pouvoir change de ton et présente un bricolage reportant les décisions à après les élections. Il dit comprendre que les Français veulent qu’il accélère alors que les #GiletsJaunes portent un message clair : qu’il cède ou qu’il parte. #Macron#moratoire
— Adrien Quatennens (@AQuatennens) 4 décembre 2018
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a quant à lui déploré que le débat se cantonne à des oppositions entre écologie et pouvoir d'achat ou encore entre services publics et impôts, oppositions qu'il a qualifiées de «fausse[s] alternative[s]». En outre, le député de Seine-et-Marne a souligné l'importance à ses yeux de défendre «la justice fiscale, la lutte contre les inégalités sociales et territoriales [ou encore] une discussion salariale».
Le Gvt veut enfermer le débat dans une fausse alternative : écologie ou pv d’achat, services publics ou impôts. Ce que nous demandons, c’est la justice fiscale, la lutte contre les inégalités sociales et territoriales, une discussion salariale #ChangementDeCap#GILETSJAUNES
— Olivier Faure (@faureolivier) 4 décembre 2018
Après avoir critiqué le temps mis par le gouvernement à réagir à l'exaspération des Gilets jaunes, le chef des Républicains, Laurent Wauquiez, a de son côté estimé qu'il fallait «un geste d'apaisement». Pour le président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes, «un moratoire, ce n'est pas suffisant. S'il s'agit juste de retarder les augmentations [...] Il faut l'annulation des hausses de taxes».
Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, s'est montré tout aussi catégorique : «Un moratoire c’est du sursis, les Français réclament une annulation !» Le sénateur a ainsi estimé qu'une telle annonce du Premier ministre devant des députés LREM trahissait un «entre-soi».
Un moratoire c’est du sursis, les Français réclament une annulation ! En choisissant d’annoncer le moratoire sur les taxes devant les députés LREM, Edouard Philippe choisit l’entre-soi.
— Bruno Retailleau ن (@BrunoRetailleau) 4 décembre 2018
Le Président doit s’adresser à la Nation, et vite!
La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a raillé l'annonce du Premier ministre, comparant celui-ci à la comtesse du Barry, guillotinée le 8 décembre 1793 à Paris. «Edouard Philippe en mode Jeanne du Barry : "Encore un moment, Monsieur le bourreau !"» a-t-elle commenté. La femme politique s'était déjà dite incrédule quant à la durée du moratoire, celui-ci reportant la mesure fiscale à l'après-élections européennes. «Sûrement un hasard», avait-elle ironisé.
Edouard Philippe en mode Jeanne du Barry : « Encore un moment, Monsieur le bourreau » ! MLP #moratoire#GiletsJauneshttps://t.co/SkKMIhqox9
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 4 décembre 2018
Le député RN du Gard, Gilbert Collard, s'est alarmé de «conséquences [qui] risquent d’être terribles», estimant que le moratoire annoncé ne faisait qu'«humilier encore un peu plus les Gilets jaunes».
Proposer un minuscule #moratoire, c’est humilier encore un peu plus les #GiletsJaunes. L’exécutif n’a toujours rien compris et les conséquences risquent d’être terribles.
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) 4 décembre 2018
Florian Philippot, fondateur des Patriotes, a pour sa part qualifié les annonces du Premier ministre d'«extrêmement faibles». «Les Patriotes appellent d’ores et déjà à se mobiliser pacifiquement avec les Gilets jaunes» a-t-il ajouté.
Annonces d’Edouard Philippe extrêmement faibles ! SMIC, ISF, UE, démocratie, retraites : rien ! La colère ne va faire que redoubler. Les Patriotes appellent d’ores et déjà à se mobiliser pacifiquement avec les #GiletsJaunes partout en France.
— Florian Philippot (@f_philippot) 4 décembre 2018
Pour François Asselineau, président de l'Union populaire républicaine (UPR), la décision d'Edouard Philippe correspond à «une réponse aux partis politiques mais pas aux Gilets jaunes» rappelant que ces derniers souhaitaient le départ du président de la République. Ainsi, le chef de l'UPR a insisté «pour que les parlementaires lancent la procédure de destitution».
Le #moratoire sur les taxes est une réponse aux partis politiques qu’@EPhilippePM a rencontré hier mais pas une réponse aux #GiletsJaunes qui demandent le départ d’@EmmanuelMacron !
— François Asselineau (@UPR_Asselineau) 4 décembre 2018
J’insiste pour que les parlementaires lancent la procédure de destitution ! #MacronDestitution
«Les écologistes, eux, ne lâcheront rien !»
L'eurodéputé écologiste Yannick Jadot a également fait part de son indignation, celle-ci, contrairement aux réactions précédemment évoquées, portant sur le «renoncement», selon lui, du gouvernement face aux questions écologiques. Acerbe, le parlementaire européen a ainsi souhaité à Emmanuel Macron la «bienvenue au club des présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, qui capitulent sur le climat, la santé ET la justice sociale». Et Yannick Jadot d'affirmer que «les écologistes, eux, ne lâcher[aie]nt rien».
Bienvenue au club @EmmanuelMacron des présidents @fhollande et @NicolasSarkozy qui capitulent sur le climat, la santé ET la justice sociale ! Et font de l’écologie la victime expiatoire de leurs renoncements ! Les écologistes, eux, ne lâcheront rien.
— Yannick Jadot (@yjadot) 4 décembre 2018
L'optimisme de Dupont-Aignan
La réaction de Nicolas Dupont-Aignan s'est démarquée, par son optimisme, de celles de ses rivaux politiques. En effet, le fondateur de Debout La France a estimé que «le pire a[vait] été évité grâce au courage des Gilets jaunes». Et le député de l'Essonne, fervent défenseur du mouvement citoyen, de se féliciter : «Bravo ! Le combat doit continuer pacifiquement pour que la suspension devienne annulation, les taxes baissent, et les retraites soient réindexées.»
🚨 @EPhilippePM annonce un #moratoire sur les hausses de #TaxesCarburants.
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 4 décembre 2018
Le pire a été évité grâce au courage des #GiletsJaunes, bravo !
Le combat doit continuer pacifiquement pour que la suspension devienne annulation, les taxes baissent, et les retraites soient réindexées.
Lire aussi : Attention Macron : les Gilets jaunes, ça réfléchit…