Jean Lassalle annule sa venue à Sciences Po Bordeaux qui l'accuse d'inconduite sexuelle
Invité par un cercle d'étudiants à intervenir à Sciences Po Bordeaux le 29 novembre, le député Jean Lassalle a décommandé, outré par les accusations d’inconduite sexuelle portées par des étudiants et le président de l’université.
Ulcéré par des accusations de harcèlement sexuel émanant du président de Sciences Po Bordeaux, Jean Lassalle, le député des Pyrénées-Atlantiques, a annulé la conférence qu'il devait y tenir le 29 novembre prochain, à l'invitation d'une association étudiante de droite, le Cercle Mauriac.
🔴 Annulation de la conférence de Jean Lassalle à Sciences Po Bordeaux.
— Le Cercle Mauriac (@lecerclemauriac) 29 novembre 2018
Ci-dessous, la lettre publique de Jean Lassalle ⤵️
Le Cercle Mauriac tient à réaffirmer le plaisir qu’il aurait eu à organiser un échange démocratique autour de notre invité. #ConfMauriacpic.twitter.com/cXsz3jtWnC
Dans une lettre cinglante adressée à Yves Déloye, président de Sciences Po Bordeaux, le député se dit «abasourdi» par ces accusations qu'il juge infondées. «Aucune plainte n'a jamais été portée contre moi, et a fortiori, aucune accusation n'a été enregistrée par la justice. Cette dernière n'a donc jamais prononcé le moindre acte d'accusation me concernant», écrit Jean Lassalle.
«Soyez rassuré, je n'ai nullement l'intention de hanter de ma présence vos murs ce jeudi [29 novembre]», a poursuivi le géant béarnais. «J'étais loin d'imaginer qu'une personnalité de votre rang et de votre responsabilité puisse me juger aussi définitivement», tacle-t-il. Le candidat à la présidentielle de 2017 a souligné que ses rapport avec ses stagiaires, dont la moitié environ sont des femmes, se sont toujours bien passés.
Une véritable tache morale et éthique
Il répondait à un communiqué particulièrement hostile d'Yves Déloye, qui désavouait sa venue au sein de son établissement, sans toutefois l'interdire.
«Nous considérons qu'il n'y a aucune valeur partagée entre notre institution et celles prônées par l'invité du Cercle Mauriac. [...] Nous n'apprécions pas non plus le pseudo humour de ce parlementaire ; ni ses différents comportements, anciens et récents, dans l'enceinte de la représentation nationale. Plus gravement encore, les accusations de harcèlement sexuel nombreuses et répétées qui le concernent représentent pour la communauté de Sciences Po Bordeaux une véritable tache morale et éthique qu'une absence de poursuites judiciaires ne saurait effacer», avait dénoncé Yves Déloye.
La fronde des associations et syndicats blâmant un «agresseur sexuel»
Ces propos venaient en appui d'une lettre du syndicat Solidaires étudiant.e.s qui écrivait : «Jean Lassalle a été accusé d'agressions sexuelles à plusieurs reprises et a reconnu certains faits [...] Solidaires étudiant.e.s refuse formellement la prise de parole publique d'un agresseur dans un cadre universitaire, comme dans l'ensemble de la sphère publique». D'autres collectifs comme Tcépa ? ou La France insoumise Sciences Po Bordeaux se sont dressés contre la venue du député béarnais. L'association bordelaise Sexprimons-nous avait aussi critiqué cette venue et pensait organiser un sit-in le jour de la conférence du député : «Inviter dans notre IEP et mettre ainsi sur le devant de la scène un agresseur sexuel reconnu et médiatique dont le discours sexiste est connu de tous.tes participe à alimenter le sentiment d’impunité des harceleurs et agresseurs.»
Le syndicat Solidaires s'est réjoui de cette annulation dans un tweet.
Jean Lassalle vient d'annuler sa conférence à Bordeaux!!!!
— Solidaires Étudiant·e·s Bordeaux (@sesl_bordeaux) 28 novembre 2018
Pas d'agresseurs dans nos amphis, pas de Lassalle dans nos salles!!#victoirehttps://t.co/diBwTZr8wQ
Précédemment, des conférences de Jean Lassalle prévues à Sciences Po Lyon, Lille et Rennes avaient rencontré la même opposition des syndicats Solidaires locaux qui ont réussi à toutes les faire annuler.
Jean Lassalle avait été mis en cause le 15 octobre par Julia Castanier, une ancienne attachée parlementaire devenue directrice de communication au Parti communiste français (PCF), qui l'avait accusé de lui avoir mis une main aux fesses. D'autres femmes avaient ensuite parlé, l'accusant d'avoir essayé de voler un baiser ou d'avoir fait des remarques et propositions graveleuses.