L'Elysée se dit prêt à accréditer RT France et Sputnik
L'Elysée est disposé à accréditer les médias publics russes Sputnik et RT France, d'après un conseiller du président Emmanuel Macron. La décision mettrait fin à des relations houleuses depuis la campagne présidentielle de 2017.
Un conseiller du président de la République a déclaré ce 13 novembre, selon l'agence Reuters, que Sputnik et RT France pourront être accrédités à l'Elysée. «Je suis assez favorable à ce qu'on fasse en effet tomber cet interdit, de fait les deux médias ont été accrédités le 11 novembre pour la première fois», a déclaré ce conseiller, toujours selon Reuters. Contacté par RT France, le service presse de l'Elysée a confirmé l'information.
Bon, je ne suis pas dans le palais mais dans la cour de l’Elysée, cependant c’est une première pour @RTenfrancaispic.twitter.com/UsZ5T0yNmv
— Vera Gaufman (@VeraGaufman) 11 novembre 2018
«A ma connaissance, le fait que RT France comme Sputnik décident de se faire les vecteurs d'une campagne de désinformation visant le candidat Macron, ça, ça n'a jamais été purgé», a-t-il poursuivi. De fait, RT France n'a jamais relayé de fausse information sur Emmanuel Macron. Et le conseiller d'estimer : «Ma foi, je préfère prévenir que guérir, en l'occurrence et donc on verra comment ils se comportent au fur et à mesure que les accréditations [seront accordées].»
Nous avons toujours dit et répété qu’il n’y avait absolument aucun motif valable à cette mise à l’écart de notre média et de nos journalistes
La présidente de RT France, Xenia Fedorova, s'est félicitée de la nouvelle. «Nous sommes heureux de pouvoir enfin couvrir les événements et les conférences de presse de l'Elysée. Nous avons toujours dit et répété qu’il n’y avait absolument aucun motif valable à cette mise à l’écart de notre média et de nos journalistes, et qu’on ne nous a jamais expliqué clairement pourquoi on refusait de nous accréditer», a-t-elle déclaré. «Comme ils l’ont fait jusqu’à maintenant, nos conseillers juridiques continueront de suivre tous les commentaires ou déclarations diffamatoires accusant RT France de relayer de fausses informations», a-t-elle toutefois souligné.
Heureuse d'apprendre que nous allons enfin pouvoir couvrir les événements et les conférences de presse de l'#Elysée . Nous avons toujours dit et répété qu’il n’y avait absolument aucun motif valable à cette mise à l’écart de notre média et de nos journalistes #RTFrancehttps://t.co/hcLmxi3NjC
— Xenia Fedorova (@xfedorova) 13 novembre 2018
En visite à Paris pour la commémoration de l'Armistice, le président russe Vladimir Poutine avait condamné le traitement réservé par l'Elysée à RT France.
Le chef de l'Etat russe avait regretté la «constitution de listes d'autorisations d'accès», qui sépareraient les médias que le pouvoir juge «bons» de ceux qui «seraient mauvais». «A mon avis, cela va à l'encontre et n'a rien à voir avec la démocratie et est inacceptable», s'est insurgé Vladimir Poutine, notant en outre, non sans ironie, que les pays occidentaux avaient «toujours dit que l’un des principes essentiels de la démocratie était la liberté de diffusion de l’information».
Vladimir #Poutine prône la «liberté de diffusion de l'information»#international#France#RTFrance#Elysee#medias
— RT France (@RTenfrancais) 12 novembre 2018
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En outre, Vladimir Poutine a souhaité que la France et les autres pays respectent le principe consistant à octroyer à leurs citoyens la liberté de faire leur choix parmi différentes sources d'information et de se faire leur propre opinion. «Si l'on n’est pas d’accord avec quelque chose, il faut présenter un point de vue opposé, donnant aux spectateurs, aux auditeurs, aux utilisateurs d’internet la possibilité d’y voir clair par eux-mêmes, de décider où est la vérité et où cette vérité est déformée. C’est le chemin à prendre, à mon avis», avait-il fait valoir.
Jérémie Assous, avocat de RT France, a quant à lui tenu à rappeler que «depuis que RT diffuse (...), il n'y a jamais eu une fausse nouvelle diffusée (...) contrairement à ce que ne cessent de dire un certain nombre de personnes et particulièrement monsieur Benjamin Griveaux.»
Une inimitié de longue date du camp Macron vis-à-vis de RT
Le 22 octobre dernier, lors d'une interview, Benjamin Griveaux avait justifié les différents refus d'accréditation à l'Elysée opposés à RT France, accusant le groupe de presse public russe de faire de la «propagande payée par un Etat étranger». Il est néanmoins à noter que ce 11 novembre 2018, pour sa couverture des commémorations du centenaire de la fin de la Grande Guerre, la journaliste de RT France Vera Gaufman a été autorisée à accéder à la cour de l'Elysée (mais non, convient-il de le préciser, au palais présidentiel proprement dit).
L'accréditation de RT France et de Sputnik à l'Elysée constituerait un revirement majeur à l'égard des deux groupes de média étatiques russes. Dès la campagne présidentielle de 2017, les équipes d'En Marche! avaient accusé RT de diffuser des «fake news», sans apporter de preuves à l'appui de ces graves allégations.
La question de RT France avait été évoquée en mai 2017 lors du premier tête-à-tête à Versailles entre Emmanuel Macron et le président russe. Le président de la République avait alors fustigé, devant son homologue russe, l'attitude de Russia Today et de Sputnik, les qualifiant d'«organes d'influence» à l'origine de «contre-vérités infamantes».
Toutefois, en mars dernier, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et du ministre de l'Action publique Mounir Mahjoubi admettait que RT ne relayait pas de «fake news» – contrairement à ce qu'avait affirmé jusqu'alors le camp macronien – mais que son «état d'esprit» dérangeait.
Le 4 septembre dernier, un rapport présenté à la ministre des Armées épinglait les «manipulations de l'information». En 214 pages, les experts évoquaient les dangers que représentent la propagande des groupes djihadistes comme Daesh, ainsi que l'influence grandissante de la Chine. Mais l'écrasante majorité du texte est consacrée, sans grande surprise à la Russie, bête noire des services de renseignement et des gouvernements occidentaux.
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