«Euramérique» ou «indépendance» : la France doit réapprendre à jouer mondial, selon Chevènement
Dans une tribune où il explore de récents événements géopolitiques ayant marqué la scène internationale, Jean-Pierre Chevènement explique comment selon lui, la France peut recouvrer «une politique indépendante pour défendre ses intérêts légitimes».
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, fondateur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) et président de la Fondation Res Publica, a publié ce 6 novembre sur son blog une tribune intitulée «Les Européens se sont accommodés de la vassalité». Celui qui, avec un programme de gauche souverainiste, avait recueilli 5,3 % des suffrages à l'élection présidentielle de 2002, s'applique aujourd'hui à analyser la place de la France dans le contexte géopolitique et européen actuel.
La «vassalisation» de l'Europe, selon Jean-Pierre Chevènement
«L'"Euramérique" n'est pas tombée du ciel», affirme d'emblée l'ancien ministre et sénateur, avant d'épingler les impacts de l'extraterritorialité du droit américain affectant la marge d'action laissée aux Etats européens pour défendre leurs «intérêts légitimes». L'ancien maire de Belfort évoque aussi pour étayer son point de vue le cas des sanctions américaines dans le cadre du dossier nucléaire iranien qui affectent directement les entreprises européennes.
Le marché européen n'est un atout que sur le papier.
Jean-Pierre Chevènement fait également valoir la difficulté actuelle, pour les Etats européens, de défendre d'une même voix une diversité d'«intérêts [nationaux] légitimes» sur la scène internationale. «Le marché européen n'est un atout que sur le papier. Atout entièrement virtuel, impotence conjuguée bien réelle !», affirme-t-il, estimant que «la bonne posture» à adopter par les pays européens, afin de défendre leurs intérêts, serait «l'indépendance».
Pour illustrer ce point de vue, le président de la Fondation Res Publica relève la faiblesse des réactions européennes combinées à l'annonce des mesures protectionnistes de Washington sur l'acier et l'aluminium américains. «L'Union européenne n'a exercé qu'une timide riposte en taxant le beurre de cacahuètes», résume-t-il.
«L'euro [...] n'a pas été créé pour concurrencer le dollar.»
Entre autres thématiques rappelant selon lui l'influence américaine sur la construction de l'Union européenne, Jean-Pierre Chevènement aborde son volet monétaire. «L'euro, malgré les rodomontades qui ont précédé l'adoption du traité de Maastricht, n'a pas été créé pour concurrencer le dollar : il n'est que son petit frère qui doit lui tenir la main», estime-t-il.
«La zone euro est un échec», constate un économiste de la banque Natixis
— RT France (@RTenfrancais) 6 septembre 2018
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Et le souverainiste de gauche – dont les héritiers de premier plan dans la classe politique française tardent à se manifester – de s'impatienter, globalement, de voir son pays «réapprendre à "jouer mondial"» : «Rien ne doit empêcher la France de se doter des moyens d'une politique indépendante pour défendre ses intérêts légitimes», conclut-il en fin de tribune.