Castaner veut placer des référents LGBT dans les commissariats
Décidé à lutter contre les actes homophobes, le nouveau ministre de l’Intérieur souhaite que les policiers soient formés à l'accueil des victimes. Il a assisté à une réunion avec SOS Homophobie pour «discuter» de «nouveaux outils» à mettre en place.
La lutte contre les agressions homophobes, qui se sont multipliées ces derniers mois en France et notamment à Paris, semble être une des priorités du nouveau ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Sur RTL le 30 octobre, il a évoqué plusieurs mesures, dont la formation de personnels pour recevoir les plaintes des victimes dans les commissariats.
«Nous allons essayer de mettre en place des dispositifs plus ciblés pour garantir la sécurité. La multiplication des actes homophobes est totalement anormale, nous serons ce soir avec Marlène Schiappa et Nicole Belloubet auprès de SOS homophobie pour discuter avec eux des outils qu’il faut construire ensemble», a déclaré le ministre sur les ondes de la radio.
Tweetant son intervention, Christophe Castaner a annoncé la présence de référents LGBT dans les commissariats et groupements de gendarmerie. Il a également évoqué le doublement des effectifs de la cellule «haine-discrimination» de la plateforme en ligne Pharos, sur laquelle sont dénoncés les contenus litigieux postés sur les réseaux sociaux ou sur Internet. Le ministre a par ailleurs rappelé la possibilité de déposer une pré-plainte en ligne, mise en place en juillet 2018.
Face à cette infamie qu'est l'homophobie, le Gouvernement agit :
— Christophe Castaner (@CCastaner) 30 octobre 2018
✅ pré-plainte en ligne mise en place en juillet 2018
✅ doublement des effectifs de la cellule « haine-discrimination » de la plateforme Pharos
✅ référent LGBT dans les commissariats & groupements de @Gendarmeriepic.twitter.com/RAEH7R9Xj8
Castaner, Belloubet et Schiappa chez SOS homophobie
Au cours de la réunion avec SOS homophobie, à laquelle assistaient la ministre de la Justice Nicole Belloubet et la secrétaire d'Etat chargée de la lutte contre les discriminations Marlène Schiappa, les annonces ont été précisées. «Pour ce qui concerne le ministre de l'Intérieur, c'est la question de la formation des femmes, des hommes, des policiers, gendarmes qui, dans l'accueil, doivent être présents et accompagner ceux qui viennent et qui portent plainte», a déclaré Christophe Castaner, cité par Reuters.
Nicole Belloubet a quant à elle évoqué un projet de circulaire à envoyer aux parquets pour sensibiliser les magistrats à la politique pénale de lutte contre les discriminations. Concernant les contenus de haine envers la communauté LGBT, la garde des Sceaux a proposé «de développer le référé civil qui permet de bloquer des sites» et «les ordonnances pénales, qui permettent de réagir beaucoup plus rapidement». Elle a abordé le volet de la formation des magistrats et compte développer les «formations interprofessionnelles magistrats-policiers».
Le gouvernement a promis une feuille de route en fin d'année 2018 qui contiendra des propositions aux associations de défense des personnes LGBT.
«Des mesures probablement insuffisantes», pour SOS homophobie
La venue de trois membres du gouvernement à cette réunion illustre une volonté de réagir aux violences physiques et sexuelles à caractère homophobe ou transphobe, en augmentation de 15% cette année, en comparaison avec le début de l'année 2017, avec 262 faits constatés. Ceci étant, les associatifs redoutent un écran de fumée. Un tweet de SOS homophobie fait part d'une attente de «mesures comme une formation initiale obligatoire des policiers, des magistrats et des enseignants sur les LGBTphobies, une campagne et des moyens pour les associations».
« Le déplacement de trois ministres est le signe d'un engagement fort mais nous attendons des mesures comme une formation initiale obligatoire des policiers, des magistrats et des enseignants sur les LGBTphobies, une campagne et des moyens pour les assos»https://t.co/9xmvcDbF5W
— SOS homophobie (@SOShomophobie) 31 octobre 2018
Tandis que Joël Deumier, le président de SOS homophobie, a commenté la réunion sur France Info le 31 octobre. Il a noté «une volonté claire du gouvernement» mais déploré «des mesures probablement insuffisantes».