Virage subit ? Le chef du PS Olivier Faure évoque «une colonisation à l'envers» en France
Régulièrement accusé de laxisme sur la question migratoire lorsqu'il était au pouvoir, le PS semble avoir débuté une nouvelle réflexion. «Nous avons souvent évité la question pour ne pas avoir à y répondre», confesse ainsi son Premier secrétaire.
Le Parti socialiste est-il en train de battre sa coulpe ? Interrogé le 25 octobre sur France inter sur le problème migratoire et le racisme anti-blanc, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS) Olivier Faure est semble-t-il sorti du sentier battu traditionnel de son parti.
Depuis les années Mitterrand, le PS est en effet régulièrement accusé, par les partis de droite ou souverainistes, d'avoir été permissif sur l'immigration. Les recommandations de son club de réflexion Terra Nova pour l'élection présidentielle de 2012 ont contribué à cette image. Terra Nova avait notamment conseillé au PS de se tourner vers l'électorat issu de l'immigration.
Avec cette interview sur la radio publique, Olivier Faure a quant à lui jeté un pavé dans la mare socialiste. «La crise identitaire est profonde», a-t-il avoué. Tel un mea culpa sur l'attitude du PS à propos de la question migratoire, Olivier Faure a ensuite reconnu : «Nous avons souvent évité la question pour ne pas avoir à y répondre.»
Le député de Seine-et-Marne confesse par ailleurs qu'«il existe aujourd'hui des endroits où le fait de ne pas être issu de l'immigration peut poser problème à des gens qui vivent dans ces quartiers et qui peuvent se sentir exclus». Et Olivier Faure de lâcher une argumentation, généralement peu partagée à gauche, en évoquant «la colonisation à l'envers». «Il y a des endroits où il y a des regroupements qui se sont faits génération après génération et qui donnent le sentiment que l'on est dans une forme de colonisation à l'envers, c'est ce que m'a dit un jour une de mes concitoyennes», explique-t-il.
Il a ajouté que cette «concitoyenne» lui aurait en outre confié ne plus voter à gauche «parce qu'elle avait le sentiment d'être colonisée».
Des propos étonnants qui ont également surpris des internautes et politiques. La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, connue sous le compte privé «Anne Lalanne» sur Twitter, s'est par exemple satisfaite des déclarations en ajoutant une bouteille de champagne à son message : «Je n’aurais jamais cru vivre assez longtemps pour entendre un premier secrétaire du PS parler de colonisation à l’envers.»
Je n’aurais jamais cru vivre assez longtemps pour entendre un premier secrétaire du PS parler de colonisation à l’envers 🍾 https://t.co/uC3Y2jWBOn
— anne lalanne (@enimar68) 25 octobre 2018
Mais d'autres sont déçus de l'allusion d'Olivier Faure, comme l'ancien député socialiste Pouria Amirshahi qui estime que «dire qu'"on peut avoir le sentiment d’une colonisation l’envers" est une concession grave».
Alors j’ai ré récouté. Je connais @faureolivier et sa droiture sur ces questions. Certes, il dit que le problème ce sont les ghettos. Mais dire qu”on peut avoir le sentiment d’une colonisation l’envers” est une concession grave. Les mots… Avant on disait «non à la ségrégation»
— Pouria Amirshahi (@PouriaAmirshahi) 25 octobre 2018