Nationalismes, Russie, défense européenne, Syrie : les contorsions de Macron devant les ambassadeurs

Nationalismes, Russie, défense européenne, Syrie : les contorsions de Macron devant les ambassadeurs
Des membres du gouvernement assistent au discours d'Emmanuel Macron au Quai d'Orsay le 27 août 2018, photo ©Philippe Wojazer/Reuters
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Crise en Syrie, crise migratoire, défense, attitude à l'égard de la Russie... A l'occasion de son discours de politique étrangère devant les ambassadeurs réunis à Paris, le chef de l'Etat a tenté de clarifier les enjeux de la diplomatie française.

Devant les ambassadeurs réunis à Paris pour le traditionnel discours de rentrée, Emmanuel Macron s'est efforcé de donner une cohérence à des positions parfois difficilement lisibles. «Nous devons tirer toutes les conséquences de la fin de la guerre froide», a-t-il ainsi déclaré ce 27 août, ajoutant : «Je souhaite une réflexion exhaustive sur [les] sujets avec tous les partenaires de l'Europe et donc avec la Russie.» Mais en même temps, le président de la République a repris à son compte les accusations occidentales à l'encontre de Damas, allié de la Russie.

La Russie, quel partenaire pour Emmanuel Macron ?

Dans un énième revirement de la diplomatie française, Emmanuel Macron a ainsi qualifié le maintien de Bachar al-Assad au pouvoir en Syrie d'«erreur funeste». «Qui a provoqué ces milions de réfugiés ? Qui a massacré son propre peuple ?», a-t-il lancé, semblant mettre de côté l'action du quasi-Etat terroriste Daesh et des rebelles islamistes.

Le 24 mai dernier, aux côtés de Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, Emmanuel Macron avait pourtant exprimé une position plus conciliante. «Même si nous avons pris des décisions très claires vis-à-vis de Bachar el-Assad et de sa politique, la politique française n'est pas de procéder depuis l'extérieur à quelque changement de régime que ce soit ou à quelque transition», avait-il alors affirmé, prenant d'ailleurs le contre-pied de son prédécesseur François Hollande.

Ce 27 août, concernant la Russie, le président français paraît toutefois avoir soufflé un peu plus de chaud que de froid. Tout en condamnant le «régime» syrien, Emmanuel Macron a aussi, concomitamment, mis la Russie au cœur des grands dossiers. Pour «revisiter l'architecture européenne de défense et de sécurité», il a ainsi affirmé vouloir lancer «un dialogue rénové sur la cybersécurité, les armes chimiques, les armements classiques, les conflits territoriaux, la sécurité spatiale ou la protection des zones polaires, tout particulièrement avec la Russie».

Mais ce même jour, Emmanuel Macron a aussi renoué avec une rhétorique plus agressive. «Quand le régime syrien a bombardé sa population avec des armes chimiques, nous avons frappé plusieurs de ses installations dans la nuit du 13 au 14 avril dernier avec nos alliés britannique et américain», a-t-il fait valoir. Alors que l'utilisation d'armes chimiques dans l'enclave rebelle de la Ghouta en avril dernier n'a pas été démontrée, Emmanuel Macron faisait ainsi référence aux nouvelles accusations occidentales contre Damas dans la région d'Idleb.

Lire aussi : Syrie : la France souhaite-t-elle le départ d'Assad... ou seulement «l’éradication de Daesh» ?

Le refrain de la souveraineté européenne... et de la montée des populismes

Malgré son alignement sur les positions néoconservatrices du Pentagone et de la diplomatie américaine, Emmanuel Macron a de nouveau déroulé la thématique d'une souveraineté européenne, vue comme devant se réaliser contre les poids lourds de la scène internationale. «Est-ce que la Chine ou les Etats-Unis pensent que l'Europe est une puissance avec une autonomie comparable à la leur ? Ce n'est pas le cas», a-t-il déploré. Aussi le président de la République a-t-il mis en avant les dernières avancées de la constitution d'une défense européenne. «Jamais l’Europe n’avait avancé aussi vite en matière de défense», a-t-il déclaré devant les ambassadeurs.

En juin dernier, à l'initiative de la France, neuf pays ont annoncé la création d'un groupe européen d'intervention (IEI). La structure vient s'ajouter à la PESCO (en français : coopération structurée permanente) créée à l'automne 2017. Mais la multiplication de ces structures à géométrie variable s'inscrit toujours malgré tout dans le giron de l'OTAN, alors que Donald Trump a mis les Européens au pied du mur, les sommant de contribuer davantage aux dépenses de l'alliance militaire qui a pour adversaire géopolitique la Russie. Le 26 juin dernier la ministre des armées Florence Parly ne disait pas autre chose. «L'[initiative de défense européenne, IEI] renforce l'OTAN en assurant par ailleurs un meilleur partage de l'effort de Défense, et l'IEI renforce l'Union européenne par sa complémentarité avec la [PESCO]», expliquait-elle alors.

Partout dans le monde l'identité profonde des peuples est revenue. Et c’est au fond une bonne chose

Sur la thématique de la souveraineté, Emmanuel Macron a également tenté d’affûter sa narration. «L’Europe ne se fait ni à Bruxelles, ni à Paris, ni à Berlin : elle se construit dans la diffusion inlassable de nos idées et de nos projets», a-t-il avancé. Et d'ajouter, sur fond de préparation aux élections européennes en 2019 et alors que le torchon brûle entre l'Union européenne et l'Italie sur la question de l'accueil de migrants : «Ceux qui croyaient à l’avènement d’un peuple mondialisé se sont profondément trompés. Partout dans le monde l'identité profonde des peuples est revenue. Et c’est au fond une bonne chose.»

En vue des élections européennes de 2019, Emmanuel Macron est-il en train de théoriser une sorte de populisme identitaire européen ?

Alexandre Keller

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