«Matricule 33939 ? Présent !» : fichés pour leurs tweets sur Benalla, les internautes réagissent
Après avoir saisi la CNIL pour dénoncer ce qu'ils estiment être un fichage illégal de la part de l'ONG UE Disinfo Lab pour leurs tweets sur l'affaire Benalla, des internautes et personnalités politiques ont choisi de riposter par l'humour.
La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) a confirmé avoir reçu de très nombreuses plaintes d'internautes. Ils s'inquiétent d'avoir été fichés selon leurs opinions politiques par l'ONG UE DisinfoLab dans le cadre de son étude sur l'affaire Benalla. Sur Twitter de nombreuses personnes ont réagi. Parmi elles, plusieurs personnalités politiques qui ont vu leur nom intégré à la fameuse liste, tel Jean-Luc Mélenchon (le vrai, pas le robot russe).
Eh stupide barbouze ! Je ne suis pas un bot russe. C'est juste moi, Mélenchon, qui tweete contre toi ! Si t'as besoin de me ficher pour t'en rappeler, c'est que tu es encore plus bête que tu en as l'air. Signé matricule 14452.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 9 août 2018
Marine Le Pen n'a pas non plus tardé à s'exprimer sur le sujet évoquant son matricule numéro 14 802 et les «barbouzeries».
Numéro de matricule 14802...
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 10 août 2018
Fichage, censure, manipulation de l’info, barbouzeries... Sympa le nouveau monde ! MLP #FichagePolitiquepic.twitter.com/S3Q7ROA8IP
Martine Billard, ex-député de Paris et maintenant oratrice pour La France insoumise, estime que le fichage réalisé par l'ONG est «totalement illégal».
La constitution d'un fichier non déclaré à la @CNIL est totalement illégal De plus avec un pointage d'opinion politique contraire à l'article 4 de la Constitution
— Martine Billard 🔺φ (@MartineBillard) 8 août 2018
Merci à la @CNIL de faire le nécessaire contre @DisinfoEU_FR et son fichage illégal notamment à mon encontre https://t.co/4m0ZtmjSJm
Nombreux sont les internautes à avoir tourné en dérision le fichage opéré par l'ONG en se présentant de manière humoristique par leur «matricule», correspondant à leur rang dans la liste.
- Matricule 33939
— Claude El Khal (@claudeelkhal) 9 août 2018
- Présent
(scène de la vie quotidienne dans l’Océania macroniste)#Orwell1984
Des hashtags ont fait surface, invitant les utilisateurs du réseau social a donner leur numéro de fichage.
Je Suis 934ème sur la liste des #BotRusse
— Dominique matricule 934 classe3 🐝 (@BergmannDomini2) 8 août 2018
Retweete et donne ton classement si toi aussi tu es "un grand influenceur"!#JeSuisUnInfluenceur
Véritable «fake news» ayant aussitôt conduit le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux à réclamer que «toute la transparence soit faite» sur les tweets de la prétendue «sphère russophile» ayant artificiellement gonflé l'affaire Benalla, l'enquête d'EU Disinfo Lab suscite aussi l'incompréhension de certains internautes se voyant pointés du doigt alors qu'ils se sont contentés de tweeter...
Tu te lèves, tout te semble normal après l'orage. Le café a un goût normal, ton bureau n'a pas changé de place. Quand soudain, tu apprends que tu es en fait un #BotRussepic.twitter.com/k1m1MpDFCO
— Johny Kreuz (Bot Russe n° 21705) (@Ros_Jo21) 9 août 2018
Bernard Carayon, conseiller régional et ex-député des Républicains se désole de ne figurer qu'en 11 030e places sur les 55 000 personnes fichées.
Très déçu . Une mauvaise journée s' engage . Je ne suis classé qu' à la 11330e place et ne figure pas parmi les dangereux activistes russophiles-fachos- gauchos de l' officine #LREM . Dites, @DisinfoEU_FR , comment puis-je remonter?#DisinfoEUGate#FichagePolitique#Benallagate
— Bernard Carayon (@BernardCarayon) 10 août 2018
Si certains internautes ont pris le parti d'en rire, l'affaire demeure problématique du point de vue juridique, notamment quant au respect l'article 8 de la Loi Informatique et libertés de 1978. Devant le nombre conséquent de plaintes, la CNIL suggère aux internautes de s'adresser directement à l'ONG en la contactant sur son site. Une proposition qui a vivement fait réagir des internautes qui, de manière assez compréhensible, sont peu enclins à fournir leur nom et adresse mail à EU DisinfoLab...
Lire aussi :Qui est EU DisinfoLab, à l'origine de l'étude sur le gonflage «russophile» de l'affaire Benalla ?