Fichage politique ? EU DisinfoLab sous le coup de plaintes auprès de la CNIL
La CNIL a confirmé avoir reçu plusieurs plaintes d'internautes qui dénoncent le fichage, notamment pour leurs idées politiques, pratiqué par l'ONG EU DisinfoLab dans le cadre de son étude sur l'affaire Benalla.
La colère des internautes ne retombe pas suite à la diffusion de l'étude de l'ONG EU DisinfoLab sur l'affaire Benalla. A l'instar d'Olivier Berruyer, animateur du site Les Crises qui a consacré plusieurs articles sur le sujet, plusieurs internautes ont déposé plainte auprès de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL).
🔴Message important | La @CNIL a bien été saisie de plaintes concernant l’étude menée par @DisinfoEU. Pour une gestion optimale de l’instruction du dossier, il n’est donc plus nécessaire de saisir individuellement la CNIL à ce sujet. Merci de votre compréhension.
— CNIL (@CNIL) 9 août 2018
Ils reprochent à l'ONG de les avoir «fichés», non seulement pour leurs opinions politiques (proches de La France insoumise, de l'extrême droite ou des souverainistes), mais aussi pour leur proximité supposée avec les médias RT ou Sputnik ou encore pour leur propension à diffuser de la «désinformation russe» et des «rumeurs» via leur compte.
Prétendant lutter contre la désinformation, EU DisinfoLab a analysé dans le cadre de son étude le comportement des comptes Twitter les plus actifs pendant l'affaire Benalla. Pour arriver à ses fins, l'ONG a utilisé Visibrain, un logiciel d'analyse de Twitter, qui donne accès à tous les messages émis sur le réseau social. Elle en a tiré un nombre considérable de données, qu'elle a classé selon des critères définis par ses soins.
EU DisinfoLab a ensuite diffusé sur internet les fichiers ainsi obtenus. Nicolas Vanderbiest, co-fondateur de l'ONG, est même allé jusqu'à rendre publique une liste plus précise des comptes qui auraient selon lui diffusé des rumeurs sur l'affaire Benalla. Un message qu'il supprimera plus tard, mais pas avant qu'il ne soit archivé par Olivier Berruyer.
Bonjour. Le 1er fichier concerne les 55 000 auteurs les plus actifs sur l'affaire Benalla. Le second fichier permettait d'analyser la récurrence de la propagation de désinformations à plusieurs occasions parmi des acteurs hyper-actifs.
— EU DisinfoLab🇪🇺 (@DisinfoEU) 9 août 2018
Se défendant de tout fichage, l'ONG assure de son côté avoir rendu ses listes publiques dans un souci de transparence et s'est dit «profondément désolée» que son travail ait pu être interprété comme tel.
Nous avons mis en ligne 2 fichiers pour être transparents. Le fait de figurer dans un fichier signifie que vous avez été très actifs pendant l’affaire Benalla. Rien d’autre. Par ailleurs, le fichier dropbox qui circule n’est pas l’officiel. L’officiel : https://t.co/t4ms1gKmv3pic.twitter.com/Pjuxu27EQb
— EU DisinfoLab🇪🇺 (@DisinfoEU) 8 août 2018
Nous ne réalisons pas de fichage mais nous comprenons que cela puisse être interprété comme tel, et en sommes profondément désolés.
— EU DisinfoLab🇪🇺 (@DisinfoEU) 9 août 2018
Un message loin d'avoir satisfait les internautes qui dénoncent une infraction à l'article 8 de la Loi Informatique et libertés de 1978. Devant le nombre conséquent de plaintes, la CNIL a suggéré de s'opposer directement à l'ONG en la contactant sur son site. Une proposition qui a vivement fait réagir des internautes, peu enclins à fournir leur nom et adresse e-mail à EU DisinfoLab...