La fille de Tariq Ramadan témoigne : «Mon père vit une injustice flagrante» (EXCLUSIF)

La fille de Tariq Ramadan témoigne : «Mon père vit une injustice flagrante» (EXCLUSIF)© RT France
Maryam Ramadan, la fille de l'intellectuel suisse Tariq Ramadan, lors d'une interview avec RT France, en région parisienne, le 12 juillet 2018.
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Tariq Ramadan, accusé de viols, est en détention provisoire depuis début février. Sa fille Maryam a accepté de répondre aux questions de RT France. Elle souhaite attirer l’attention sur les conditions de détention de son père qu'elle juge injustes.

Maryam Ramadan nous a donné rendez-vous dans un parc de la banlieue sud de Paris. Avec sa mère, elles vivent habituellement à Doha, au Qatar. Depuis que Tariq Ramadan, accusé de viols, est emprisonné en région parisienne, elles ont mis entre parenthèses leur vie là-bas pour pouvoir être proches de lui.

En détention provisoire depuis le début du mois de février, l’intellectuel suisse d'origine égyptienne est actuellement incarcéré à la prison de Fresnes. Atteint d'une sclérose en plaques depuis douze ans, diagnostiquée il y a quatre ans, selon un rapport médical, il a passé plusieurs séjours à l’unité surveillée de l’hôpital de la Salpêtrière. Maryam, sa fille aînée, âgée de 31 ans, a accepté de répondre à RT France et dresse un constat alarmant des conditions d’incarcération de son père.

RT France : Vous rendez visite régulièrement à votre père, dans quel état se trouve-t-il actuellement ?

Maryam Ramadan : Il est très affaibli. C’est très dur pour lui. Il vient de sortir de la Salpêtrière où il a passé trois semaines, dans une chambre, sans vue sur l'extérieur, d’où il n’a pu sortir que quelques minutes. Sa maladie, la sclérose en plaques, exige pourtant qu’il marche, qu’il fasse des activités physiques mais il n’a pas été autorisé à circuler. Il a des douleurs insupportables aux jambes et aux bras, des crampes extrêmement violentes et des migraines permanentes. Il ne dort plus que deux heures par nuit car il est réveillé par les douleurs. Il a un traitement très lourd et tout cela a des conséquences terribles. Il a perdu 11 kilos. Il nous a dit qu’il ne pouvait pas se concentrer plus de 20 minutes d’affilée. Nous constatons aussi des pertes de mémoire. A la prison de Fresnes, il a droit à une promenade de 30 minutes par jour dans une toute petite cour vide. Il ne peut plus marcher normalement, il ne circule qu'avec un déambulateur. Ces nouveaux symptômes, apparus en prison, sont, selon les médecins, sans doute irréversibles.

Quand il est entré en prison, il marchait et il pouvait écrire. Aujourd’hui, il ne peut plus marcher sans déambulateur et ne peut plus écrire. Son état a empiré durant la détention. 

 

RT France : Avez-vous tenté des recours ?

Maryam Ramadan : Beaucoup. Malgré plusieurs rapports médicaux alarmants, les juges estiment que son état de santé est compatible avec la détention. Pourtant, il faut savoir que sa maladie a été diagnostiquée il y a quatre ans et qu’elle était contenue grâce à un suivi médical régulier et rigoureux. Il avait quelques douleurs mais cela ne l’empêchait pas de vivre. Quand il est entré en prison, il marchait et il pouvait écrire. Aujourd’hui, il ne peut plus marcher sans déambulateur et ne peut plus écrire. Nous avons demandé une nouvelle expertise médicale qui a été refusée. Son état a empiré durant la détention, ce qui a d'ailleurs été confirmé par le dernier rapport de la neurologue de la Salpêtrière. Nous nous posons beaucoup de questions sur le traitement qui lui est réservé. Ce cauchemar est encore plus difficile à vivre pour nous quand on voit son état de santé se dégrader de jour en jour.

 

RT France : Quels sont les arguments des juges pour le maintenir en détention provisoire ?

Maryam Ramadan : Ils disent craindre d’un côté une pression sur les victimes présumées et de l’autre que mon père fuie vers un autre pays. Aucun argument ne tient la route. Entre le dépôt de plainte au mois d’octobre et sa mise en détention en février, il n’a exercé aucune pression sur ces femmes. Pourquoi le ferait-il maintenant ? Il n’est pas stupide.

Ces femmes disent qu’elles reçoivent des menaces de la part des soutiens de Tariq Ramadan et si c’est vrai, nous les condamnons, mais pour le moment, elles n’ont apporté aucune preuve de ce qu’elles avancent. Quant au fait de fuir vers un autre pays, c’est ridicule. Où irait-il ? Mon père est une personnalité publique et ce serait un aveu de culpabilité de sa part que de fuir. Nous avons proposé toutes les garanties qu’il resterait sur le territoire français : donner son passeport, porter un bracelet électronique, payer une caution, mais les juges refusent tout. C’est incompréhensible.

 

RT France : Où en est la procédure ?

Maryam Ramadan : On ne sait pas quand tout cela prendra fin. Pour le moment, on ne sait même pas s’il va y avoir un procès un jour ou non. Je rappelle qu’il s’est présenté de lui-même à la justice le 31 janvier, lui faisant totalement confiance. Il a refusé d’en parler publiquement par respect pour la procédure, contrairement aux plaignantes qu’on a vues sur tous les plateaux télé et qui sont très actives sur les réseaux sociaux.

 

RT France : Qu’avez-vous à dire sur leurs déclarations ?

Maryam Ramadan : On a de plus en plus de preuves que ces femmes mentent et les journalistes, comme les juges, ne prennent pas du tout en compte les très nombreux éléments à décharge. Elles ont avancé de nombreuses informations contradictoires, des récits qui ne tenaient pas debout. Henda Ayari a changé la date et le lieu du viol présumé en cours de route. Elle a envoyé à mon père plus de 300 messages après la date où elle dit avoir été violée, alors qu’elle avait affirmé être trop traumatisée pour communiquer avec lui...

L’autre plaignante, Christelle, a avoué avoir créé des faux comptes Facebook au nom de Tariq Ramadan. Elle a également assuré que le président de la République Nicolas Sarkozy lui avait promis de lui payer les meilleurs avocats pour porter plainte contre Tariq Ramadan. Et cela n’interpelle pas les journalistes et ne les pousse pas à leur poser des questions. Ce n’est pas normal !

Quant à la troisième plainte, le 5 juin, les juges ont décidé de ne pas le mettre en examen pour cette affaire, tellement les accusations de viol étaient invraisemblables. En outre, ces femmes ont assuré ne pas se connaître, or il est avéré maintenant qu’elles se connaissaient depuis 2009 et qu’elles étaient en lien avec des personnalités publiques hostiles à mon père, comme Caroline Fourest ou le paparazi Jean-Claude Elfassi.

 

RT France : Qui peut lui rendre visite à part vous ?

Maryam Ramadan : Ma mère, mes trois frères et sœur, deux de mes oncles, Aymen et Bilal, et ses avocats. Nous pouvons lui rendre visite trois fois par semaine, mais pas plus de trois personnes à la fois. Par ailleurs, il est à l’isolement total, n’a aucun contact avec les autres détenus et ce n’est pas son choix, contrairement à ce qui a été affirmé. Maintenant, il a la télévision française dans sa cellule, c’est sa seule fenêtre sur l’extérieur. Même les innombrables lettres qui lui sont envoyées, il n’en reçoit qu’une toute petite partie. Elles passent toutes par les juges qui les lisent et les transfèrent à la prison. D'ailleurs, le directeur de la prison a dû reconnaître qu’ils en avaient perdu beaucoup.

 

RT France : Le comité de soutien organise le 17 juillet des rassemblements devant les ambassades de France à travers le monde. Quel est l’objectif de cette action ?

Maryam Ramadan : Nous espérons sensibiliser les autorités françaises sur la situation de mon père. Par ailleurs, le 18 et le 19 juillet, des confrontations doivent avoir lieu avec une ou des plaignantes. On ne sait pas exactement avec qui mais nous avons beaucoup d’espoir sur ces dates car la réalisation de ces confrontations était un acte qu’on nous opposait pour la remise en liberté. Nous sommes impatients car après cela, les juges n’auront plus d’autre excuse pour la remise en liberté. Il faut absolument qu’il sorte pour se soigner, pour avoir accès à son dossier et préparer sa défense dans des conditions décentes.

 

RT France : Après qu’il a été entendu par les juges le 5 juin dernier, les médias ont relaté que Tariq Ramadan avait fait des aveux sur des relations extraconjugales consenties. Cela a créé un certain nombre de défections dans les rangs de ses soutiens musulmans...

Maryam Ramadan : D’abord, mon père nous a dit que ce qui a été relaté dans les médias n’était pas exactement ce qu’il avait dit devant les juges. Ensuite, contrairement à ce qui a été dit dans les médias, il n’a pas changé sa ligne de défense. C’était la première fois qu’il était entendu, donc c’est la première fois qu’il pouvait s’exprimer devant les juges. Maintenant, je comprends qu’il puisse y avoir de la déception, mais j’encourage les gens à faire preuve de discernement et à ne pas confondre l'aspect moral et l'aspect judiciaire. Il y a des choses qui sont de l’ordre de la vie privée et qui ne le concernent que lui et son créateur, son épouse et sa famille. Puis, il y a l’accusation très grave de crimes qu’il n’a pas commis.

 

RT France : A-t-il encore beaucoup de soutiens ?

Maryam Ramadan : Il en a de plus en plus, musulmans ou non, et partout dans le monde. Chaque jour nous avons de nouvelles personnes qui nous rejoignent dont beaucoup nous disent qu’elles n’apprécient pas spécialement Tariq Ramadan, qu’elles ne partagent pas forcément toutes ses idées mais qui sont scandalisées par le traitement qu’il subit de la part de la justice française qui ne lui accorde pas la présomption d’innocence.

Lire aussi : Rejet de la première demande de mise en liberté de Tariq Ramadan

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