Le Parlement européen réclame plus de 500 000 euros au groupe du Rassemblement national
- Avec AFP
Un demi-million d'euros : c'est la somme que demande le Parlement européen au groupe auquel appartiennent les eurodéputés du RN. Des frais injustifiés, dont des dîners luxueux, auraient été comptés comme dépenses inéligibles.
Le Parlement européen a exigé le 2 juillet au groupe des eurodéputés du Rassemblement National (RN, ex-Front national), le groupe ENL (Europe des nations et des libertés), le remboursement de plus de 500 000 euros de frais injustifiés, dont des bouteilles de champagne et des dîners luxueux.
La décision a été prise le 1er juillet en fin d'après-midi avec le soutien unanime du Bureau du Parlement européen, un organe de direction de l'institution chargé notamment de valider les comptes des différents groupes politiques, selon une source parlementaire citée par l'AFP.
Un audit mené sur les dépenses de fonctionnement en 2016 du groupe ENL avait relevé pour 477 780 euros de dépenses considérées comme inéligibles ; soit par manque de justificatifs adéquats, soit parce qu'elles «enfreignaient le principe de bonne gestion financière» ou «les règles relatives aux marchés publics».
Pour l'année 2017, 66 427 euros de dépenses inéligibles ont également été relevées.
Parmi les dépenses listées dans le rapport d'audit pour 2016 que l'AFP a pu consulter, figurent une centaine de cadeaux de Noël à plus de 100 euros et quelque 230 bouteilles de champagne dont six à plus de 81 euros, et un repas de Noël pour 140 personnes pour une facture de plus de 13 500 euros.
S'y trouvent également un repas avec des «industriels» au restaurant gastronomique parisien L'Ambroisie, à 449 euros par personne et un autre organisé pour des raisons de «diplomatie» chez Ledoyen près des Champs-Elysées pour deux personnes, à 401 euros par personne.
Le Canard Enchaîné avait affirmé que ce dernier repas rassemblait le dirigeant italien de la Ligue, désormais ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini, et la présidente du RN Marine Le Pen. Cette dernière, qui a quitté le Parlement européen pour l'Assemblée nationale en 2017, l'a démenti.
Outre des eurodéputés sous l'étiquette RN, qui en compose presque la moitié, le groupe ENL rassemble aussi des membres du FPÖ autrichien, de la Ligue italienne ou du Parti pour la liberté (PVV) néerlandais. La plus large part des frais de bouche non justifiés reprochés au groupe sont le fait d'eurodéputés RN.
Fin mai, le Bureau du Parlement européen, qui est composé notamment de son président, l'Italien Antonio Tajani, et de ses 14 vice-présidents, avait laissé au groupe ENL une dernière chance de se justifier.
En amont, l'administration du Parlement européen avait choisi par précaution de geler plus d'un demi-million d'euros sur le budget 2018 du groupe ENL, qui s'élève à plus de trois millions d'euros. Le groupe ENL n'aura donc pas de versement à effectuer pour le rembourser le Parlement.