«Victime d'un nouvel ordre moral» : YouTube ferme la chaîne TV Libertés
Le compte YouTube de TVLibertés a été fermé pour «atteinte aux droits d'auteur». Un «prétexte juridique dérisoire» selon la chaîne, qui dénonce une décision «politique». La droite crie à la censure et s'inquiète pour la liberté d'expression.
La chaîne de télévision marquée à droite TVLibertés a vu son compte YouTube fermé le 14 juin par la plateforme de vidéos, qui a invoqué une supposée atteinte aux droits d'auteurs. «La chaîne a été supprimée après trois avertissements pour atteinte aux droits d'auteur», a laconiquement expliqué à l'AFP un représentant de YouTube.
Sur l'écran de l'ancienne adresse YouTube de TVLibertés, un message confirme que le compte a été clôturé en raison «des réclamations de tiers pour atteinte aux droits d'auteur concernant le contenu publié par cet utilisateur».
Un argument qui ne tient pas selon Martial Bild, directeur de la rédaction de la chaîne, qui soutient dans une interview accordée au site Boulevard Voltaire qu'il s'agit d'une décision «arbitraire» et «politique», prise sous un «prétexte juridique dérisoire».
En effet, de nombreux Youtubeurs ont recours à l'utilisation d'extraits d'œuvres qui ne leur appartiennent pas et qu'ils utilisent à des fins d'analyse ou de commentaire, sans pour autant être inquiétés. Le fait que sa chaîne soit attaquée à ce motif ne peut donc s'expliquer, selon lui, que par une volonté politique. «En réalité, nous avions utilisé le droit à l’emploi de courtes citations, prévu dans le droit français et donc inattaquable», note d'ailleurs Martial Bild.
Il précise dans cet entretien que l'ensemble des 5 000 vidéos de la chaîne ont été supprimées par la plateforme alors qu'elle n'avaient jamais posé problème, ce qui constitue selon lui une spoliation de ses 100 000 abonnés.
Recul massif de la liberté d’expression
Cette décision a suscité l'indignation de nombreuses personnalités politiques de droite, qui s'en sont émues sur le réseau social Twitter. Pour Marine Le Pen, la suppression de la chaîne TV Libertés s'inscrit dans un mouvement plus large visant à réduire les libertés d'opinion et d'expression. «Comptes Twitter ou Facebook suspendus ou fermés sans aucune justification, loi sur les "Fake news", fermeture de la chaîne YouTube de @tvlofficiel... : le mandat d'[Emmanuel] Macron marque un recul massif de nos libertés d’opinion et d’expression. Ça commence vraiment à faire peur !», a tweeté la présidente du Rassemblement national (RN).
Comptes Twitter ou Facebook suspendus ou fermés sans aucune justification, loi sur les « Fake news », fermeture de la chaîne YouTube de @tvlofficiel... : le mandat de #Macron marque un recul massif de nos libertés d’opinion et d’expression. Ça commence vraiment à faire peur ! MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 15 juin 2018
L'ancien ministre Les Républicain (LR) Thierry Mariani a de son côté apporté son soutien à la chaîne, «victime d'un nouvel ordre moral qui interdit de remettre en cause le kit du "prêt à penser" de notre société».
Soutien total à @tvlofficiel, victime du nouvel ordre moral qui interdit de remettre en cause le kit du ‘’prêt à penser’’ de notre société et pour qui toute voix dissonante se doit d’être étouffée.
— Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) 15 juin 2018
Nous sommes nombreux à vous soutenir @MartialBild@BlaiseElise !! Continuez .... https://t.co/8zOHaU98QK
«Censure scandaleuse», s'est insurgé le président de Debout la France (DLF), Nicolas Dupont-Aignan, apportant lui aussi son soutien à la chaîne.
Tout mon soutien à @tvlofficiel. Censure scandaleuse de @YouTube ! Qui sera le prochain ? #TVLibertes#LibertéDExpression
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 15 juin 2018
Le président du Parti chrétien-démocrate (PCD), Jean-Frédéric Poisson, a dans la même veine dénoncé «les prémices de la censure», qui préfigurent selon lui la future loi sur les fake news voulue par le gouvernement Macron.
Soutien total à @tvlofficiel qui subit les prémices de la censure, préfigurant la loi sur les #FakeNews voulue par Macron et la domination toujours plus forte de la pensée unique en France @MartialBild@BlaiseElise
— JeanFrédéric Poisson (@jfpoisson78) 15 juin 2018
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