«Nos enfants traités comme des terroristes» : la colère du père d’une ado interpellée au lycée Arago

«Nos enfants traités comme des terroristes» : la colère du père d’une ado interpellée au lycée Arago© Kenzo Tribouillard Source: AFP
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Othman M. est le père de Lola, 17 ans, mise en garde à vue après l’occupation du lycée Arago. Adolescents «traités comme des terroristes, parqués dans des bus», parents laissés sans nouvelles de leurs enfants : il livre son témoignage à RT France.

Othman M. n'est pas prêt d'oublier les deux jours mouvementés ayant suivi l’interpellation de sa fille Lola, qui avait pénétré dans l'enceinte du lycée Arago le 22 mai avec une centaine de jeunes. «On est très en colère à cause du traitement des enfants», dit-il en son nom et en celui d'autres parents, donc certains sont restés sans aucune nouvelle de leur enfant pendant près de 24 heures. «Ils ont été traités comme des terroristes, parqués dans un bus, juste parce qu'ils se sont introduits dans un lycée», enrage-t-il.

C'est une faute politique qui doit être sanctionnée

«On n’arrive pas à attraper les gangs à Marseille, des délinquants violents, des types qui fraudent le fisc, mais on provoque un déchaînement des forces policières sur des ados, qui sont enfermés pendant deux jours : c’est absurde !», dénonce-t-il. L'opération policière sévère sur ces adolescents ? «C'est une faute politique, qu’on soit pour ou contre ce gouvernement, qui doit être sanctionnée», s'énerve-t-il. «En jetant l'opprobre sur ces enfants, on discrédite les jeunes dans leur engagement politique. En gros, si on n’est pas d’accord avec la Macronie, voilà ce qui les attend», se désole-t-il. «Pour moi, toute cette histoire est une décision politique pour casser le mouvement de contestation lycéen en cours. Or ils ont le droit de contester», appuie-t-il.

Une opération jugée disproportionnée par les parents

Le 22 mai, l’intervention des forces de police à la demande du proviseur de ce lycée du XIIe arrondissement de Paris a conduit à l'interpellation de 102 jeunes, dont une large proportion de mineurs. 

Toutes les rumeurs concernant le vandalisme sont entièrement fausses

«On ne sait pas trop comment ils sont entrés», raconte le père de Lola, scolarisée dans un autre lycée. «Mais la grande majorité d'entre eux ne voulait pas commettre de dégâts, juste faire une assemblée générale. Toutes les rumeurs dénonçant le vandalisme sont entièrement fausses. Certes, des chaises et des bureaux ont été empilés, mais aucun dégât n'a été constaté. On nous parle de 22 tablettes volées... Mais quel établissement laisserait traîner des tablettes à la portée de tous à 18h30 le soir ? D'ailleurs, il y a eu des fouilles sur les jeunes, et ils n'ont pas trouvé de tablettes», dénonce Othman M.

Pas de dégradations, alors pourquoi faire une razzia sur ces jeunes ? «En 2010, sous le mandat de Nicolas Sarkozy, a été promulguée une loi pour protéger les enfants des descentes des jeunes délinquants dans les établissements scolaires. Les forces de l’ordre s'en sont servies pour intervenir au sein du lycée», explique le père de Lola. «Je reconnais donc qu'il y a une infraction. Faire respecter la loi, nous sommes d’accord, je suis un légaliste», revendique Othman. «Mais je refuse qu'on traite les enfants comme des malfrats», s'agace-t-il. Car à partir de l'arrestation, un véritable parcours du combattant a commencé tant pour eux que pour leurs parents, qui ignoraient le lieu où se trouvaient leurs enfants.

Des parents laissés sans nouvelles

Othman M. apprend ainsi que sa fille, enfermée dans le bus pendant une heure avant qu'il ne démarre, a été conduite dans un commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris. Il s'y rend avec quelques parents, et demande des nouvelles. «Et là, on ne veut pas nous dire ce qu’il se passe. Les policiers ont été agacés par nos questions et on s'est fait mettre dehors. J'étais toujours en contact avec ma fille, ça faisait deux heures que les jeunes étaient dans le bus, dans un centre de rétention. On s'est dit qu'ils allaient la libérer», raconte le père de Lola. Mais que nenni. 

«On était un peu inquiets, et à 1h38 du matin, je reçois un coup de fil du commissariat du IVe pour me dire que ma fille va y être transférée. Je m’y rends, j’attends. Je suis reçu par un officier de police qui me dit que ma fille n’est pas là, que ce n’est pas la peine de rester là et que je ne dois pas revenir avant 10h le lendemain. Ma femme a donc pris le relais le matin du 23, et elle a été la seule mère à avoir le droit de voir son enfant ! Elle a appris que Lola s'était vu signifier sa garde a vue, avait été interrogée, avait été assistée par un avocat commis d’office», témoigne Othman M. Le père de Lola est rassuré par l'avocat qui estime qu'elle sera libérée quelques heures plus tard.

On ne vous a pas prévenu ? Elle est partie au tribunal !

«Mais le soir au commissariat, on me dit : "On ne vous a pas prévenu ? Elle est partie au tribunal ! ça sert à rien de rester là, elle est au dépôt. On vous appellera, au revoir monsieur !"», explique Othman M, désabusé, qui a été plus tard contacté par le tribunal.

Le lendemain, les déconvenues continuent à s'accumuler, Lola étant mise en examen. «La juge était sévère, elle a dit que Lola s'était introduite dans un établissement scolaire en vue de commettre un délit, d'empêcher des cours le lendemain... A l'entendre, c'est comme si l'établissement avait été envahi par une horde de Huns !». Mais le motif de dégradation n'a pas été retenu. 

Des adolescents dans l'engrenage d'une opération brouillonne 

Aujourd'hui, Othman M. est amer, et évoque les absurdités d'une opération disproportionnée au regard de l'infraction : «Nous allons essayer de faire annuler la procédure entière, la mise en examen, qui est entachée d'irrégularités. Par exemple, ma fille a été enfermée dans une cellule avec une majeure, et c'est interdit. Une autre mineure a été enfermée dans une cellule avec des personnes qui déféquaient à même le sol. Des parents sont aussi restés sans nouvelle de leur enfant de 19h50 à 18h le lendemain. C'est inadmissible.»

D'autres élèves se sont plaints d'être restés plusieurs heures dans un bus à l'air saturé, sans boire ni manger, ni possibilité d'aller aux toilettes. Un membre de la Fédération des Conseils de parents d'élèves, Jean-Jacques Renard, contacté par RT France, estime que la police, débordée par le trop grand nombre des gardés à vue n'a pas été en mesure d'assurer le suivi des jeunes. «C’est de l'abus de pouvoir de répartir les jeunes sans prendre leur nom. Les familles n'avaient aucun moyen de les localiser, certains enfants étaient introuvables», raconte-t-il.

«Lors de l'interrogatoire, ma fille n'a pas été malmenée par les policiers, mais ils ont essayé de l'intimider. Ils l'ont prise pour une black bloc parce qu'elle a jean noir... Ma fille n'est pas une casseuse, c'est une intello, une fille politiquement éveillée», explique le père de Lola.  

Un grand nombre de parents se sont constitués en collectif. Quant aux jeunes, ils sont ressortis déterminés de l'expérience. «Les forces de l'ordre pensaient les casser et leur faire peur. Mais ils sont remontés comme des coucous», témoigne le père de Lola. «C'est bien en Macronie d’avoir des gens qui commencent à réfléchir et qui ne partagent pas la culture techno-marketing du président», conclut-il.

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