Mayotte : les expulsions d'immigrés par les habitants eux-mêmes se multiplient

- Avec AFP

Mayotte : les expulsions d'immigrés par les habitants eux-mêmes se multiplient© Charles Platiau Source: Reuters
La ville de Dzaoudzi à Mayotte (image d'illustration)
Suivez RT en français surTelegram

Sur fond d'insécurité dans l'île qui a mené à d'importantes manifestations début mars, les habitants de Mayotte s'organisent pour effectuer des «décasages» : ils expulsent les étrangers de façon parfois violente, et détruisent leurs habitations.

Depuis plusieurs semaines, en marge du mouvement de lutte contre l'insécurité et alors que le nouveau préfet a pris ses fonctions le 30 mars, certains habitants de Mayotte traquent eux-mêmes les immigrés.

Ils les «incitent» à se rendre à la gendarmerie, effectuent des rondes «préventives» dans les villages, organisent des manifestations anti-étrangers, les interceptent sur les plages où ils débarquent ou encore détruisent leurs habitations. Les premiers faits identifiés remontent à mi-mars, un des membres du collectif des habitants du nord de l'île ayant affirmé à l'AFP effectuer des «rondes» afin «de démanteler les groupes d'étrangers, Comoriens et Africains» présumés en situation irrégulière sur le territoire. Ce collectif demanderait à ces immigrés de préparer leurs bagages puis les amènerait sans violence, selon lui, à la gendarmerie la plus proche «en fourgonnette».

Le 24 mars, les exactions qui se sont produites au nord et au sud de l'île ont été qualifiées pour la première fois par le parquet de Mamoudzou de «décasages», des expulsions illégales d'étrangers, plus ou moins violentes, souvent suivies de la destruction de leurs habitations. La gendarmerie a confirmé que des manifestations anti-étrangers avaient eu lieu ce même week-end et le procureur de la République, Camille Miansoni, a déclaré que des habitations avaient été brûlées et détruites en marge de ces marches.

Des familles «dans la nature»

Des opérations qui se multiplient ces derniers jours : des décasages «proches du banditisme et de la délinquance», avec des vols crapuleux sous la menace d'armes commis par une dizaine de personnes au visage masqué, ont eu lieu à Kani-Kéli, dans le sud de l'île le 28 et 29 mars, a expliqué Camille Miansoni.

Les familles ont été expulsées et leurs habitations en partie détruites. Neuf de ces «décasés» ont formulé une demande de reconduite à la frontière volontaire et les autres personnes sont «dans la nature, peut-être au sens littéral du terme […], ce qui est problématique quand on sait qu'il y a des enfants», a déploré le procureur. 

La gendarmerie a signalé une autre opération dans une commune du sud l'île le 28 mars, où une quarantaine de villageois ont retenu des clandestins alors qu'ils débarquaient sur une plage par bateau. «Ce genre de pratique, ça n'existe pas dans un département», avait pourtant réagi mi-mars la ministre des Outre-Mer Annick Girardin dans une déclaration à l'AFP. «J'ai pris des engagements en matière de sécurité […] J'invite les habitants à laisser les forces de l'ordre faire leur travail», avait-elle insisté.

Des actions similaires s'étaient tenues en 2016 lorsque, de janvier à juin, des collectifs d'habitants de diverses communes de Mayotte avaient chassé des Comoriens, en situation irrégulière ou non, de leur domicile. Excédés par l'insécurité qui règne sur l'île, sujette à une forte pression migratoire en provenance des Comores voisines, les habitants de Mayotte ont lancé au mois de mars un vaste mouvement de mobilisation.

Lire aussi : Mayotte : la mobilisation contre l'insécurité ne faiblit pas, Girardin va se rendre sur place

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix