Licencié de Sud Radio pour avoir défendu Sarkozy sur BFMTV, Guaino dénonce une «police de la pensée»
Henri Guaino a annoncé l'arrêt de sa chronique, Libre comme Guaino, diffusée sur Sud Radio depuis septembre. En effet, la station l'a écarté de l'antenne après que l'ancien député a pris position pour l'ex-président, mis en examen, Nicolas Sarkozy.
Etait-il si libre que cela, Henri Guaino ? Dans un communiqué publié le 27 mars sur Facebook, l'ancien député (2012-2017) a officialisé l'arrêt de sa chronique éditoriale sur Sud Radio, Libre comme Guaino, «à la demande du directeur général de cette antenne». S'il assure que cette décision ne lui pose «en elle-même aucun problème de principe», il critique «la raison de ce choix».
J'éprouve une gêne très grande – presque un malaise – devant le spectacle judiciaire auquel nous assistons. Que la justice soit indépendante, certes…
Pour celui qui fut, de 2007 à 2012, conseiller spécial du président Nicolas Sarkozy, ce licenciement est dû à son intervention, le 25 mars 2018, sur le plateau de BFMTV. Henri Guaino avait alors pris la défense de l'ex-chef de l'Etat, actuellement mis en examen dans l'affaire Kadhafi : «J'éprouve une gêne très grande – presque un malaise – devant le spectacle judiciaire auquel nous assistons. Que la justice soit indépendante, certes… Elle doit l’être avec discernement. Etait-il absolument nécessaire de le [Nicolas Sarkozy] mettre en garde à vue pendant si longtemps ? Etait-il nécessaire de le mettre en examen ?»
Une «police de la pensée» sur Sud Radio ?
Sur Facebook, Henri Guaino s'interroge sur son renvoi : «Y a-t-il dans certains médias une police de la pensée qui me priverait du droit, de critiquer la manière dont on traite un ancien président de la République ? [...] Que dire d'une radio qui considère qu'un éditorialiste, présenté par ailleurs comme totalement libre, au point d’intituler (ironie de l’histoire) sa chronique matinale Libre comme Guaino, n'a pas le droit de prendre la défense de Nicolas Sarkozy, même sur un autre média ? Pourquoi ?»
«Henri Guaino s'était engagé à ne plus faire de politique partisane», réplique Sud Radio
Retraité politique, après sa défaite lors des élections législatives de 2017, il atteste qu'«en France, à l’heure actuelle, il est bien difficile de demeurer un esprit libre».
Une diatribe qui n'a pas laissé Sud Radio sans réaction. Contacté par l'AFP, le propriétaire de la station, Didier Maïsto, a assuré s'être «mis d’accord, en septembre 2017, avec Henri Guaino, pour qu'il intervienne tous les jours dans le cadre d'une chronique sur Sud Radio, dans la matinale». «Nous l'avons laissé entièrement libre [de ses sujets, mais] la règle du jeu était élémentaire, connue, et je m'en suis fait le garant auprès du CSA : Henri Guaino s'était engagé à ne plus faire de politique partisane», affirme Didier Maïsto.
«Or, il est allé sur un média, de sa propre initiative et sans nous avertir, s’exprimer dans une émission politique, seul invité, sans contradicteur, se présentant néanmoins comme "éditorialiste Sud Radio"», a ajouté Didier Maïsto sur Facebook. «Je ne peux cautionner ce mélange des genres [...] Homme politique ? Editorialiste ? Moitié moitié ? Henri Guaino n’a de fait toujours pas tranché, contrairement à ce qu’il nous avait assuré», a-t-il prolongé.
Sur Twitter, en réponse à une internaute, Didier Maïsto a estimé qu'«on [évoquant Henri Guaino] ne peut être à la fois éditorialiste et homme politique».
Ce n’est pas futile. On ne peut être à la fois éditorialiste et homme politique. Mais cela n’enlève rien au grand talent de M. Guaino.
— Didier Maïsto_Sud Radio (@DidierMaisto) 28 mars 2018
Henri Guaino avait entamé sa collaboration avec Sud Radio en septembre 2017. Elle n'aura duré que six mois. Selon La Lettre Pro, Henri Guaino sera remplacé par l'ancien journaliste d'I-Télé, Mickaël Darmon.